Quelle macabre comédie !

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À l’heure qu’il est en Haïti, au seuil d’une révolution dont les conditions objectives sont tout à fait bien prêtes, avec tous ces êtres humains qui souffrent de l’exploitation, de la faim, de la haine, du mépris et du génocide, des flambeaux de libération nationale devraient partout, longtemps déjà s’allumer dans tous les coins et recoins du pays pour combattre et vaincre l’imposture. Pourtant, les conditions subjectives nous forcent encore à trainer les pieds.

Heureusement, la politique politicienne a fait son temps ;  elle croit encore gaspiller le courage du peuple, sauf qu’« On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps».

Trop, c’est trop ! Si vraiment nous voulons sortir de ce carcan, de cette humiliante emprise exercée par les classes dominantes faite de délire carnavalesque sans carnaval, de manifestations humoristiques qui ne rendent aucun service à la population déprimée, réprimée et défavorisée, nous devons nous y mettre. Nous ne faisons que pactiser avec les forces réactionnaires. En lieu et place de revendications sérieuses, on se jette plutôt dans des comédies politiques. Autant d’hypocrisie, de mises en scènes et de balivernes qui ne rendent service qu’à la volonté de domination des puissances étrangères mafieuses qui nous gouvernent à travers leurs suppôts locaux.

Ces ennemis du peuple qui continuent à le frapper davantage,  puisqu’ils savent que le peuple n’est pas organisé pour se défendre, mais se tient plutôt prêt à soutenir d’autres causes qui ne sont pas les siennes.

Deux faits importants éclairent l’évolution de la situation. Tout d’abord, on n’a entendu aucune organisation dénoncer la tuerie des paysans des Gonaïves, littéralement assassinés la semaine dernière.  Ces victimes hélas, ces sans-voix  n’ont pas créé, de leur propre volonté, cet événement catastrophique qui a fauché leur vie. Au contraire, elles ont été tout bonnement attaquées par un autobus d’une certaine compagnie privée ; elles ont été ensuite inhumées, sans bruit, ni compte, sans dédommagement offert aux familles éplorées, puisqu’elles sont les enfants du peuple, du pays en dehors ; dès lors, elles n’ont point de droit. Point barre ! Aurait dit Jovenel Moise !

Puis, l’incendie criminel de la Croix des Bossales. Cet acte à dessein bien programmé, bien orchestré, à caractère de classe se répète trop souvent sans trouver aucun écho chez les politiciens du pays. Ces comédiens n’engagent jamais le peuple à descendre dans les rues pour dénoncer ses ennemis de classe qui l’empêchent de vivre. Assez souvent, ce pauvre peuple est dans les rues défendant la cause des autres ; alors que lorsqu’il s’agit de sa propre cause, il  reste abandonné, en parent pauvre !

Jamais, ces dirigeants qui ne font que construire leur propre petite image ne se solidarisent avec les victimes de ces marchés incendiés, souvent brûlés à ras le sol qui réclament Justice. Ils font la sourde oreille aux cris et larmes des marchands qui ne hantent même pas le sommeil des potentats de la ville. Cette attitude ne peut avoir que deux explications.  Ou bien c’est la peur d’une grande révolte populaire qui pourrait détruire tous les intérêts de ces grands et  petits patrons. Ou bien, il est fait en sorte que cette révolte ne serve pas de leçons, d’exemples pour dessiller les yeux et permettre de démasquer tous les faux prophètes ; surtout ceux qui ne faisaient toujours que désamorcer la bombe populaire, en se rendant davantage un service personnel lié à un quelconque culte de la personnalité au lieu que d’engager les masses dans une lutte collective. En d’autres termes, une barbarie dépassant l’imagination, une sorte de masturbation politique allant jusqu’à l’épuisement total.

Les cris des victimes sont devenus nuls, sans valeur, sans importance, sans réponse car ils semblent ne rien dénoncer. Au contraire, ils sont presque devenus complices mêmes des criminels. Ces ennemis du peuple qui continuent à le frapper davantage,  puisqu’ils savent que le peuple n’est pas organisé pour se défendre, mais se tient plutôt prêt à soutenir d’autres causes qui ne sont pas les siennes.

Le peuple haïtien doit se dresser pour combattre toute mystification de sa lutte. Il se doit de  balayer tous les fantoches qui ne font que confisquer sa marche pour barrer la route menant à la révolution. Il faut les démasquer afin de les écarter de la marche revendicatrice du peuple ; car du reste, ils sont la cause de l’inefficacité de l’unité haïtienne. « … gardez-vous des faux prophètes, ils viennent à vous en vêtements de brebis ; mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous ne les reconnaîtrez qu’à leurs fruits … » Le peuple se doit de  briser le mur du silence soigneusement entretenu contre la cause populaire et sur la situation dégradante et dégradée du pays.

Nous devons tous lutter pour nos droits à la vie, nos droits au travail, à la santé,  pour le progrès et le développement. Nos droits à bâtir une société nouvelle contre le colonialisme, le néo-colonialisme et l’impérialisme. Finissons-en donc, avec ces comédies macabres de sorte que nous développions nous-mêmes à nos dépens et dès maintenant le courage ferme de dire Non aux perturbateurs ! Non aux individualistes qui riment la lutte du peuple à leur petite personne. C’est notre seul gage de garantie, pour le triomphe et la dimension politique, toujours avec persistance, détermination, entêtement et jusqu’à la victoire finale du peuple haïtien qui est certaine.

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