Que sera, en somme, l’Haïti de demain?

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On n’a pas été sans remarquer le bel étalage de mensonges et de détournements de faits qui a entouré le quotidien de la politique haïtienne. Et c’est sans chercher à en savoir davantage que l’on s’en est tenu à des versions, sans doute préfabriquées, brillantes par leur imprécision et une confusion allant jusqu’à certains échanges de déclarations entre les différents acteurs de l’opposition traditionnelle notamment le leader de Pitit Desalin, Moise Jean-Charles et certains dirigeants du Secteur démocratique populaire qui s’accusent l’un l’autre.

Le film qui se déroule est comme du déjà vu, un théâtre en représentation continue : on a déjà tout entendu, tout vu de tout ce qui se déroule, alors ce n’est que polémique stérile. Ce n’est qu’une guerre froide électorale déclarée au sein de la mare aux crabes de l’opposition traditionnelle, entre des alliés d’une même ligne idéologique qui se cognent les pinces puisqu’ils ne peuvent ni se maitriser ni même dépasser leurs contradictions internes.

Au sein de ce panier de crabes, il n’y a jamais eu une analyse de classe en ce qui concerne la réalité politique haïtienne. Unis dans le pire, ils font tous semblant de faire la guerre au PHTK de Michel Martelly et de Jovenel Moise, pourtant ils ne font que se confronter les uns les autres de préférence, sans réellement combattre l’ennemi principal. Voilà pourquoi, ils ne peuvent pas marquer la politique du pays par des positions positives allant dans l’intérêt des masses défavorisées. Ils ne sont guère un stimulant ni un espoir pour le pays, car ils ne font qu’enfoncer le peuple dans un abîme social.

l’opposition commémore l’épopée de Vertières sans pouvoir tirer aucune leçon politique, tellement elle est aveuglée par les ambitions personnelles.

Ce facteur à la faveur des classes possédantes contribue grandement à tromper davantage les masses déshéritées dans leur lutte pour un lendemain meilleur. Rien dans l’approche de cette classe d’hommes et de femmes ne peut servir d’un point de départ pour tenter d’illustrer ou d’expliquer la lutte du peuple selon un aspect social.

Alors, avec de tels politiciens, il parait nettement difficile dans les circonstances actuelles de mesurer les chances de changement puisque c’est une lutte politique de sous-développés au service d’une classe dominante bien déterminée qui est en cours, pour qui cette nouvelle Haïti à laquelle le peuple haïtien aspire restera au niveau de rêves et de promesses sinon un vœu pieux.

Nous ne voyons pas ou se situerait l’avenir du pays avec des hommes et femmes de cet acabit, des crabes qui, bien que se déclarant combattants, ne peuvent se libérer à jamais d’une idéologie inadaptable, gardant le peuple dans l’obscurantisme, donc pure démagogie. Agir de la sorte serait faire tourner la roue de l’histoire du peuple en sens inverse.

Qui est le vrai ennemi de cette opposition ? Ce n’est pas tout à fait le pouvoir en place mais l’opposition elle-même. Elle commémore l’épopée de Vertières sans pouvoir tirer aucune leçon politique, tellement elle est aveuglée par les ambitions personnelles. Et ce n’est pas sans raison que cette classe est le porte-enseigne d’une politique marquée du sceau de l’ambivalence sous le label classique de l’impérialisme.

On ne doit pas continuer à accorder à cette classe le bénéfice du doute et de l’ignorance. En réalité, ce n’est pas Jovenel qui est imprenable, tout comme l’a été Martelly, c’est l’opposition qui est victime de ses propres contradictions, de ses propres handicaps. Les conditions sont actuellement réunies pour aller de l’avant, mais elle n’a pas les moyens de sa politique. Il n’existe pas au sein de cette classe une volonté réelle d’asseoir sa politique sur les aspirations populaires. Ce n’est pas un simple changement de visage ou de chapelle politique au palais national qui résoudra cette crise structurelle.

L’Haïti de demain ne pourrait se construire avec des commerçants politiques, des marchands qui de tout temps ne font que vendre tout ou partie de leur pays sous un différent emballage. Il faut bien l’avouer, avec de tels politiciens et en absence d’un véritable mouvement de libération nationale, il serait normal pour eux que le pays reste et demeure la chasse gardée des Etats-Unis.

Ce que le peuple haïtien demande, c’est une idéologie émancipatrice, révolutionnaire  pour le libérer du carcan du système capitaliste. De sorte que l’Haïti de demain ne soit plus à genoux devant les forces impérialistes. Tant que ce régime délabré vivant au sein de l’opposition et du pouvoir n’aura pas pris fin, n’aura pas été combattu et effacé de notre pays par les masses laborieuses organisées, nous ne saurions vivre en paix.

La véritable solution pour que demain nous ayons une autre Haïti réside dans une autre alternative à construire en dehors de celle suivie par les deux alliés des classes dominantes : le pouvoir bourgeois et l’opposition bourgeoise. C’est à se demander : que sera, en somme, l’Haïti de demain ?

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