Que prépare Washington en Haïti ?

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Depuis plus de 200 ans, les dirigeants des États-Unis – l’État le plus grand et le plus riche de l’hémisphère occidental – se soucient intensément de contrôler les affaires intérieures d’Haïti, l’État le plus exploité de cet hémisphère, au profit des intérêts de la classe dirigeante américaine.

Le principal obstacle au contrôle américain a été la résistance déterminée des masses révolutionnaires haïtiennes.

Depuis l’assassinat du président élu d’Haïti Jovenel Moïse en juillet 2021, les masses haïtiennes sont descendues dans la rue et ont concentré leurs protestations contre le Premier ministre par intérim Ariel Henry. Washington avait choisi et soutenu Henry, tout comme ses partenaires juniors, le Canada et la France – tous dirigeants du Core Group – mais le peuple haïtien ne l’a certainement pas élu.

Début 2024, l’opposition à Henry a commencé à se regrouper en groupes, dont certains étaient armés. Ces groupes ont rejoint une coalition large et assez lâche exigeant qu’Henry démissionne et se retire, et que le Core Group cesse de s’ingérer.

Au début du mois de mars, le Premier ministre par intérim Henry était à l’extérieur du pays pour organiser l’envoi d’un contingent de policiers kenyans pour effectuer la première répression contre le peuple haïtien, appelée « maintien de la paix » dans les communiqués de presse des États-Unis et de l’ONU. Cette coalition lâche a ensuite tenté de s’emparer de l’aéroport de Port-au-Prince, en tirant sur le terminal principal.

Incapable d’atterrir en Haïti, l’avion d’Henry s’est retrouvé à Porto Rico. Là, le FBI l’interrogerait, selon certaines informations, sur son rôle dans l’assassinat de Moïse. Henry a annoncé sa démission le 11 mars, qui entrera en vigueur lorsqu’un conseil présidentiel sera établi. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a mis en place le Conseil présidentiel.

Washington cherche à dominer Haïti

Ce Conseil présidentiel sera autorisé à choisir le prochain Premier ministre d’Haïti, qui ne sera pas membre du Parlement car les mandats de tous les parlementaires ont expiré et il n’y a pas eu d’élections parlementaires depuis 2016. Le nouveau Premier ministre, sous la supervision américaine bien sûr, sélectionnera les ministres pour créer un gouvernement.

Funérailles symboliques de la domination

Les politiciens haïtiens traditionnels, représentant différentes factions de la bourgeoisie haïtienne, ont été attirés par ce Conseil présidentiel, un dispositif que les États-Unis ont déjà imposé. Washington l’a fait après le renversement de Jean-Claude Duvalier en 1986 et après le coup d’État organisé par les États-Unis en 2004 contre Jean-Bertrand Aristide, président haïtien démocratiquement élu.

Déjà, deux membres ont quitté le Conseil, qui est devenu comme des « crabes dans un panier », se mordant et grimpant les uns sur les autres, trouvant plus facile de se déchirer que de se mettre d’accord sur une question qui concerne la nation, selon Berthony Dupont à Haïti-Liberté (27 mars).

Même s’il y avait une certaine unité parmi les groupes disparates opposés à l’administration d’Henry pour le faire sortir, il reste encore de très graves problèmes de sécurité qui ont un impact néfaste sur l’éducation, les transports, les importations alimentaires et l’emploi, en particulier à Port-au-Prince. Des centaines de milliers de familles haïtiennes sont déplacées à l’intérieur du pays en raison d’activités criminelles. L’insécurité alimentaire, proche de la famine, touche environ la moitié de la population haïtienne.

La réponse américaine à ces problèmes comporte deux volets. La première consiste à mettre en place un blocus naval inopiné. Son existence a été évoquée le 24 mars lorsque le marin haïtien Jean-Robert Cinéus a tenté de rejoindre La Gonâve, une assez grande île proche de Port-au-Prince, mais a été refoulé par des marines américains à bord d’un bateau Zodiac d’un navire de la marine américaine stationné dans la baie de Port-au-Prince.

Une recherche sur Google révèle des milliers d’articles et de reportages télévisés sur la manière dont le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, les douanes et la protection des frontières, la patrouille frontalière, les garde-côtes et le gouvernement américain en général se préparent à faire face à un grand nombre d’Haïtiens en fuite.

La seconde concerne un article d’opinion dans le Washington Post publié le 25 mars par l’ancien ambassadeur des États-Unis en Haïti, James B. Foley, intitulé « Les États-Unis devront intervenir en Haïti ». Foley était ambassadeur en 2004 lorsque le coup d’État contre Aristide a été organisé. Foley fournit souvent des commentaires américains faisant autorité et quasi officiels pour les reportages télévisés et autres médias sur la situation en Haïti.

Quel que soit le scénario, les forces anti-impérialistes doivent être prêtes à s’opposer à l’intervention américaine en Haïti.

Workers World
4 Avril 2024

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