Que faut-il donc penser du « Coup d’Etat Electoral » ?

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Chaque jour pour ne pas dire chaque heure apporte en Haïti, une panoplie d’événements, les uns plus humiliants que les autres tout en ne cessant de montrer combien se détériore notre situation politique et cela à une vitesse éclair. La déliquescence de tous les secteurs d’activité du pays a atteint un point culminant dont le malaise aux  élections de 2015  n’était qu’une simple, quoique significative illustration. Mais le constat n’était-il pas prévisible en 2016, quand certaines formations politiques par pur opportunisme avaient pourtant accepté inconditionnellement d’animer le scrutin du début jusqu’à la fin !

Les élections ont été  maintenues dans un odieux climat de terreur et ont sombré dans les manœuvres les plus grossières, allant jusqu’à pousser les dirigeants de Fanmi Lavalas qui ne pouvaient faire moins que déplorer les irrégularités à anticiper sur le verdict de ces urnes contrôlées par les hommes et femmes liges des forces réactionnaires et à crier dans la soirée du  20 novembre même au « Coup d’Etat Electoral » ; réaction qui a été finalement suivie, à la rigueur même timidement par Pitit Desalin et Lapeh.

Au-delà de toute spéculation, émotive et partisane, quelles sont les vraies raisons qui ont justifié la relégation au second plan de la stratégie à combattre ce coup ? Serait-ce en quelque sorte à cause d’une sorte d’abandon de la voie combattante et combative tant attendue de leurs partisans, de façon à opter pour une politique de caméléons, avec «deux bougies en main» ?

Jamais le pays n’a été témoin d’un contraste aussi frappant, aussi révoltant  à travers les positions de ces partis contestataires particulièrement Fanmi Lavalas et Pitit Desalin. On est sidéré de voir comment ces deux organisations politiques toujours en tête des protestations dénonçant le Conseil Électoral Provisoire se sont arrangées volontairement ou involontairement, par une attitude défaitiste et complice, pour dédouaner le Cep de sa double hypothèque de crédibilité et d’honnêteté,  malgré la perspective inévitable de sélectionner les principaux élus. Avouons que cela n’est guère sérieux. Ces dernières élections, du fait qu’elles aient eu lieu, auront toute leur signification : donner l’impression qu’une quelconque façade démocratique est en train de naitre dans le pays ; alors que l’enjeu apparaît,  symboliquement, beaucoup plus trompeur que réel.

Dès lors, que faut-il donc penser du slogan « Coup d’Etat Electoral » qu’agitaient ces deux secteurs-là?  N’était-ce pas pure démagogie ? De quoi placer dans l’embarras même leurs partisans ;  une insulte même à la population particulièrement ces citoyens et citoyennes qui régulièrement manifestaient toujours et encore dans les rues, dénonçant ces élections-sélections ! Pourtant ces partis, par la filière de leurs candidats au Sénat, aux Collectivités Territoriales, aux postes de CASEC et d’ASEC, continuent tout bonnement à être des acteurs importants du processus électoral, légitimant par là ceux-là mêmes qu’ils sont en train de dénoncer.

Voilà qu’ils accusaient le CEP, alors que pourtant ils ont contribué également à le dédouaner,  puisque le gouvernement de Privert/Jean-Charles, le Président du Cep Léopold Berlanger et son entourage de conseillers non seulement se sont évertués à clôturer le processus électoral en triomphe, le 29 janvier, mais également ils se sont décernés un certificat de satisfaction pour travail bien accompli avec le sceau des applaudissements du Core group.

Cet aboutissement mesquin du processus électoral révèle une fois de plus « qu’il ne faut jamais juger l’homme à travers ce qu’il dit, mais à travers ce qu’il fait ». Rien n’a été fait par les soi-disant   contestataires et leur entourage pour contrecarrer  la poursuite des élections. Pas même une note de protestation, voire une quelconque désobéissance civile qui eût pu être programmée. Tout s’est déroulé donc, dans l’atmosphère la plus calme. Il y a même plus grave encore –  ce qui sonne leur glas  –  c’est la part active qu’y prenaient leurs candidats. En vérité, c’est donc sur ces preuves et ces pratiques tangibles que le peuple doit juger de la sincérité de ces politiciens.

La seule constatation de cette situation de fourre-tout, de trahison et de capitulation confirme que le pays est gorgé de trop de chiens de garde de l’impérialisme. Ce dernier en a trouvé, il en trouve et il en trouvera encore ceux-là qui cherchent toujours à faire primer leurs petits intérêts, leurs ambitions personnelles sur les aspirations du peuple haïtien.

Toutes leurs acrobaties sont des signes d’un réel désarroi politique qui ne vise en fait qu’à contribuer à affaiblir la lutte des masses populaires au lieu de la renforcer pour le combat décisif  de la libération nationale et du changement social.

Il n’y a rien de plus criminel qu’à prétendre combattre l’ennemi, alors qu’en fait on joue sur deux tableaux à la fois, se plaisant à nager en eau trouble.  Aussi, le slogan de « coup d’état électoral » bien qu’il fût valable ne fut en fait qu’un fallacieux prétexte, juste pour camoufler leurs échecs électoraux et  ainsi jeter de la poudre aux yeux de  leurs partisans ; vu que pour eux, dès qu’il s’agit de tromper le peuple, de le désorienter, tous les moyens sont bons, même les plus perfides. Mais, ils ne doivent nullement oublier que toutes les manœuvres ne sont pas forcément efficaces pour désamorcer le combat de libération nationale en cours.

 

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