Préval aux Nations Unies: En flagrant délit de mensonge !

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Le président de la République d’Haïti, René Préval, à cette occasion a gravi la tribune de l’ONU, le jeudi 24 septembre 2009.

Comme à l’accoutumée, les assemblées générales des Nations-Unies se suivent et se répètent toujours. Cette année 2009, c’est la même rengaine pour commémorer la 64ième assemblée. De nombreux chefs d’Etat et de gouvernement se sont succédés à la tribune pour délivrer leur message à l’intention des puissants seigneurs de ce monde, alors que les damnés de la terre écoutent d’une oreille inquiétée, l’air interrogateur. Ces messages n’ont-ils pas suscité l’espoir dans un monde oú toujours les promesses sont faites, sans jamais parvenir à leur concrétisation ?

Le président de la République d’Haïti, René Préval, à cette occasion a gravi la tribune de l’ONU, le jeudi 24 septembre 2009. D’une situation d’extrême précarité, il en a fait celle d’un pays ayant réalisé de grands progrès dans les domaines de la sécurité, des droits de l’homme, du respect des droits à l’information, du développement de l’investissement et de la lutte contre la corruption. C’est ce genre de message que le président d’Haïti a lancé à la tribune des Nations-Unies ce 24 septembre. Ces étranges progrès ont franchement étonné de nombreux Haïtiens, qui chaque jour les revendiquent. Nul ne sait à quel moment et dans quelle circonstance, ces progrès ont été réalisés ! Quand et comment le dialogue et la convivialité étaient instaurés parmi les Haïtiens ?

« Ces progrès doivent être approfondis et soutenus, voilà pourquoi le soutien des Nations-Unies est nécessaire pour nous. Le secrétaire général des Nations-Unies dans son rapport au Conseil de Sécurité a demandé le prolongement d’un an du mandat de la MINUSTAH.

Cette proposition est la bienvenue et rencontre notre pleine adhésion. Nous sommes persuadés qu’un dosage optimal de ces composantes militaires, policières et administratives, mettra la MINUSTAH en meilleures conditions pour assister notre pays, plus efficacement, dans la consolidation du climat de paix, sans la rendre indifférente aux luttes que nous menons pour la reconstruction et la fin de la vulnérabilité ».

A la tribune des Nations-Unies, Préval était obligé d’inventer des progrès fictifs pour justifier la présence de la MINUSTAH comme force armée dont la mission est de maintenir la tutelle sur Haïti. Il était obligé de mentir pour légitimer un gouvernement à la solde de l’impérialisme. Un gouvernement qui dit non au peuple haïtien pour embrasser la politique néolibérale, capable de garantir les intérêts de la bourgeoisie. Le chef de l’Etat a aussi remercié le secrétaire général de l’ONU d’avoir choisi William Jefferson Clinton comme son envoyé spécial en Haïti. Il a tenu à remercier ce même Clinton, qui à son avis, est un grand ami d’Haïti. Préval a tout dit dans son discours, sauf la vérité objective, celle qu’expriment les faits sociaux. Il n’a pas dit l’extrême misère qui s’abat sur le peuple haïtien. Il a volontairement omis de dire que le dialogue dont il a fait mention, n’est autre chose que celui qui s’est instauré entre les mangeurs du gâteau national, qui se sont efforcés de taire leur querelle, quant à la nature du partage, car la majorité nationale est hors du jeu. Il n’a jamais dit que cette majorité nationale est exclue de ce « dialogue » qui ne dit pas son nom. Nul ne peut être dupe de ce comportement d’un chef d’Etat qui a perdu la mémoire, alors que son pays gît sous une occupation in-digne et monstrueuse. L’amnésie est la grande maladie de ce chef d’Etat que les masses haïtiennes ont porté au pouvoir, de haute lutte, dans des conditions d’extrême difficulté.

Cette maladie a poussé le président haïtien à une prétendue critique du système capitaliste qui aurait bloqué le développement des pays sous-développés. Comme si la politique qu’il est en train d’appliquer en Haïti est incompatible avec le système qu’il dit condamner les masses haïtiennes à la pauvreté, à l’exclusion sociale, à la migration sauvage, bref à la mort. Dans ce discours qui dénature Haïti, en la condamnant à s’enfoncer dans l’humiliation de la mise sous tutelle, Préval a retrouvé son vrai cheval de bataille : les intempéries qui sont responsables du drame socio-économique haïtien, une sorte de fatalité contre laquelle l’homme ne peut rien. Comment un dirigeant qui accepte de sacrifier aux caprices du marché et aux intérêts capitalistes, une population aussi vulnérable que la population haïtienne, oserait-il parler de solidarité : « La globalisation du profit à tout prix, doit faire place à une globalisation de la solidarité ! », a-t-il dit. Quelle hypocrisie ! Quelle solidarité pourrait-il y avoir entre les propriétaires d’esclaves et les esclaves eux-mêmes ? Quel lien de solidarité pourrait-on espérer entre les riches et les pauvres dans une Haïti qui insulte, sacrifie et tue sa population vulnérable? Le président Préval a tout fait pour renforcer l’arrogance, l’outrecuidance de ces élites qui croient qu’ils sont au-dessus de tous, parce que plus proches de la métropole, plus proches des colonisateurs et des impérialistes. Le chef de l’Etat s’est réjoui de la venue en Haïti les premier et deux octobre prochain d’une délégation d’hommes d’affaires à la tête de laquelle, trônent l’envoyé spécial de l’ONU, Bill Clinton et le président de la Banque Inter-américaine de développement, Luis Alberto Moreno. Alors que ces gens, comme d’habitude, font leur promenade de santé en Haïti, le président Préval croit au miracle blanc, parce que les Nègres sont des bons à rien, des êtres corvéables à souhait.

Depuis le coup d’Etat du 29 février 2004, les pauvres ont été refoulés, mis à la porte. Ils ont perdu tous leurs droits, ceux qu’ils ont acquis de haute lutte dans les événements qui ont vu la dictature  duvaliériste fuir le pays et aussi dans l’inoubliable expérience du 16 décembre 1990. Cette ouverture démocratique, la mise sous tutelle du pays l’a circonscrite dans les limites de la perte de liberté, de l’identité nationale et de la dignité humaine. Autres paradoxes qu’il importe de souligner dans ce singulier discours, sont les suivants : « la condamnation » de l’embargo états-unien contre Cuba et aussi le coup d’Etat contre le président hondurien, Manuel Zelaya.

Semble-t-il que notre président s’est réveillé d’un profond sommeil, après avoir été mordu par une mouche tsé-tsé ! C’est en se réveillant, fort tard, peut-être avant de prononcer son discours à la tribune de l’ONU, qu’il a appris la mise sous embargo de Cuba. Une histoire qui remonte à une cinquantaine d’années, à l’époque de la crise des missiles. Bien sûr, plus près de nous, nul ne peut dire que le coup d’Etat contre le président hondurien, Manuel Zelaya, est tombé de la dernière pluie. C’est un événement qui a fait couler beaucoup d’encre, d’autant que le président étasunien, Barack Obama, au cours du Sommet des Amériques, à Port-of-Spain, a condamné les coups d’Etat d’où qu’ils viennent, tout en dénonçant la mauvaise habitude de son pays qui s’est spécialisé dans la déstabilisation des pays du Tiers-monde, par des coups d’Etat, la guerre, la désinformation, la corruption, ou sous une nouvelle forme inventée par « le Laboratoire ».

Si le président Préval était réellement un nationaliste doublé d’un humaniste, il aurait condamné le coup d’Etat du 29 février 2004, qui avait renversé le président constitutionnellement élu, Jean Bertrand Aristide pour instaurer la mise sous tutelle du pays, n’est-ce pas ? Il n’aurait jamais professé la philosophie de François Duvalier, selon laquelle : « la reconnaissance pour un bienfait, est une lâcheté ». Préval est condamné à mentir puisqu’il a choisi la voie fasciste pour marginaliser la majorité nationale. Partout il découvrira des ennemis prêts à assaillir les puissants et les riches dont il sert les intérêts. C’est pourquoi il aura toujours besoin des forces d’occupation pour assurer leur sécurité et celle de leurs richesses. En regardant la situation d’aujourd’hui face au mépris d’un chef d’Etat, constitutionnellement et démocratiquement élu par la majorité nationale, il y a lieu de se questionner, de se demander : de quoi demain sera-t-il fait ? Peut-on encore parler d’élections, d’élections libres, démocratiques dans ce pays ? Alors le peuple doit garder toute sa vigilance, toute sa dignité et toute son unité.

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