Président Jovenel Moïse, il est temps de tirer la révérence

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Président Jovenel Moïse, votre petit air enjoleur, menteur, moqueur, trompeur, ne trompe personne. Il est temps de tirer votre révérence. “Point barre”. (Photo Credit: AP/Dieu Nalio Chery)

Monsieur le Président,

 

Á première vue, votre échec à gouverner le pays et à satisfaire les besoins les plus vitaux de la nation pourrait paraître comme l’échec de tous les Haïtiens, mais il n’en est rien. Je tiens à ce que vous le sachiez, que vous le mettiez, que vous l’incrustiez au plus profond de votre ciboulot.

Dans vos moments fous à la recherche d’un fumeux et impossible dialogue dont vous ne voulez pas du reste, vous devez vous prendre, sottement d’ailleurs, pour un grand leader. Non, vous n’en êtes pas un, n’étant pas un esprit supérieur  capable de façonner l’histoire, de lui donner forme par vos actes. Je cherche encore (et en vain) dans vos réalisations (je sais que je fantasme, mais qu’importe) ce que vous allez laisser  de concret, de positif, de durable, d’original, de national en héritage aux futures générations. Non, je n’en trouve pas.

Je ne trouve rien que des promesses foncièrement et grossièrement mensongères, des déploiements d’efforts, boiteux au départ, à faire croire que vous allez faire avancer le pays en mettant en chantier un grand bluff que vous avez audacieusement et ridiculement baptisé « Caravane du changement ». Il vous faudrait bénéficier de la vision courageuse et claire d’une administration occupée  par des hommes et femmes d’État dotés d’expertise, de savoir-faire, d’expérience, et d’honnêteté, tous rassemblés autour de vous, autour de quelque plan quinquennal progressiste, nationaliste, pour enfin mettre Haïti sur les rails d’un vrai développement par des Haïtiens et pour tous les Haïtiens. Hélas ! Vous n’avez autour de vous que des lèche-culs empressés, avides de se remplir le jabot et de garnir leurs comptes en banque.

On pense que vous êtes l’homme du parti PHTK. Il n’en est rien. Vous êtes l’homme de la satisfaction de vos ambitions, de votre sale égoïsme, de votre entêtement à gouverner (malgré une nullité patente), de votre narcissisme apparu ouvertement depuis qu’une opposition bancale et d’une nullité à nulle autre pareille vous a facilité une bouffée d’oxygène qui vous a permis de remonter au niveau d’une présence falote à la tête du pays. J’ai bien peur qu’en vous regardant dans le cours d’eau du pouvoir vous ne voyiez l’image de Louis XIV et que vous ne vous disiez, halluciné : « L’État, c’est Jovenel ».

Depuis que vous avez échappé aux vicissitudes de votre paysanneté, depuis que vous avez accédé à la dignité bourgeoise et depuis que vous portez bien fièrement votre masque d’arriviste en transfert de classe, il est manifeste que vous avez perdu la notion de bien-être collectif de vos concitoyens et l’idée de grandeur d’une nation fière d’être génitrice de Liberté. Après la gabegie martellyste agrémentée d’effluves orduriers, des simples d’esprit qui ne voient pas plus loin que les mirages du voisin oriental vous suggèrent de faire au moins comme lui de façon à donner au pays un vernis de modernité. Vous n’en êtes même pas capable, voire que vous pourriez impulser au pays un sentiment d’équitabilité sociale comme cela se passe à Cuba.

Il ne me viendrait sûrement pas à l’idée de voir en vous le fac-similé politique d’un Julius Nyerere, d’un Jacobo Arbenz, d’un Thomas Sankara, je m’en garderais bien ; mais si au moins on pouvait deviner à travers vos actes la silhouette d’un Dumarsais Estimé nationaliste, on s’en contenterait bien. Dans l’impossibilité de s’allaiter aux mamelles de madan Kolo, on se contenterait bien de téter Grann Brijit. Du train où ça va, vous risquez fort de ne même pas avoir votre photo ornant la galerie des anciens présidents d’Haïti.

Revenons à cette fac-similitude plus haut mentionnée. Ne soyons pas exigeant. À défaut d’être une copie de Dumarsais Estimé, essayez d’être le vague reflet d’un Paul Magloire (que sa carcasse repose en paix !). Vous n’avez rien du tout à votre actif (à part vos habitudes siphonnantes). Le militaire devenu président s’adonnait au whisky, aux bamboches nocturnes. Au moins il nocturnait. Faites de même. Organisez donc des « cinq-à-sept  » de dialoguante tafyatude.

Comme Magloire, prenez la tête de parades à cheval, d’autant plus que vous avez ressuscité l’Armée d’entre les morts duvaliéristes, Ça ferait grand défilé militaire, carnaval, carnaval dominical et, au pluriel, des carnavaux dominicaux, oups ! Des carnavals dominicaux. Surtout, n’oubliez pas de porter un retape. Ça ferait la fête, ça amuserait bien les crétins, les tenten, les cons, les cruchons, les couillons, les badauds, les nigauds, les sots, les bêtassots, les idiots, les bourricots, et surtout l’oppo (l’opposition). Au moins, vous aurez un palmarès bien garni.

Monsieur le Président, il m’est pénible de vous le dire, mais vous êtes à dix mille lieues d’appréhender ce que sont vos responsabilités, voire que vous pourriez les exercer. Vous pataugez dans vos erreurs et vous éclaboussez la morale, la loi, l’État et la bonne marche du pays. Pire, vous éclaboussez l’Histoire et vos conseillers vous laissent faire, d’autant qu’ils passent leur temps à vous aider à remplir vos poches sans oublier de remplir les leurs.

Depuis votre campagne électorale, vous n’avez nullement grandi. Même, vous êtes devenu de plus en plus chétif, débile, malingre, anémique, rachitique, tant biologiquement que moralement. Vous avez l’air d’un syphilitique en phase terminale. Votre malingrerie, votre amoralerie a atteint un point tel que vous avez poignardé dans le dos un peuple et un pays qui sont nos vrais amis ; vous avez gaspillé une manne tombée d’un ciel pétrolier, vous en avez abusé, vous et les vôtres, au point où partout c’est un même cri de rage et de honte : kote lajan PetroCaribe a ?                                                                                                                                   Quelle sorte d’État dirigez-vous ? Aucune institution ne fonctionne. L’INSÉCURITÉ, en lettres majuscules, s’est abattue sur le pays, avec violence, tel un ouragan tandis que la Police Nationale semble s’en être lavé les mains. Or, les mauvaises langues (ou les bonnes) disent que vous êtes bien au courant que le banditisme homicide trouve ses racines de tolérance sinon d’encouragement dans les jardins mêmes (de ce qui reste) du Palais national. Du Parlement, nous n’avons plus qu’un vague souvenir. La Justice existe seulement de nom. Dieu ! Quel État dirigez-vous ?

Monsieur le Président, vous méritez de vous faire voir par deux spécialistes : un otorhinolaryngologue et un psy. Le premier, parce que votre assourdissante surdité choque toute une population dont vous avez trop longtemps ignoré les cris incessants de rage, de douleur, et de désespoir parce que les gens ont faim, les gens se meurent, les gens meurent sous les balles des assassins lâchés, dit-on, par le pouvoir. Le second, parce que vous semblez souffrir de schizophrénie précoce.

Cette maladie, vous ne le savez peut-être pas, est caractérisée par une grave dissociation de l’esprit au niveau des émotions et de la pensée. Les troubles de la personnalité qui en résultent conduisent à une perte de contact avec la réalité. Or, M. Le Président, c’est bien le cas pour vous qui avez misérablement échoué à bien mener la barque du pays qui menace de couler. N’entendez-vous pas les cris de vos concitoyens affolés à l’idée de périr dans les flots de votre misérable nullité à gouverner ? Oui, la réalité vous échappe complètement.

Les hôpitaux du pays ne fonctionnent pas, les infrastructures ont volé en éclats, la corruption gangrène le pays à tous les niveaux administratifs, y compris le judiciaire, les assassinats font bon ménage avec les kidnappings, la jeunesse fout le camp ; en plein jour il faut une lampe pour chercher et trouver une personne honnête, l’immoralité est en chute libre depuis Martelly et a atteint des records sous votre gouvernement, car même votre épouse est soupçonnée sinon accusée d’être éclaboussée par un scandale, « l’affaire Dermalog », qu’elle a gérée on ne sait à quel titre pour une valeur totale de 27 millions 700 mille dollars US…

Mr. le président, il vous faudrait voir aussi un ophtalmologue, car aveuglé par le pouvoir, votre vision de l’humain est réduite à si peu que même la violence meurtrière de psychopathes, de gangs armés, ne vous émeut même pas. Vous n’avez cure que chaque citoyen en Haïti circule, comme nous aimons le dire, avec son cercueil sous le bras.

Alors, M. le président, comment vous parler de famille haïtienne, de rassembler les fils et filles du pays sur une base minimum de décence,  d’éradication des dépenses inutiles de l’État, de prise en main de la justice, de rendre la vie possible, bref d’être à la hauteur de votre mission d’autant que vous l’avez usurpée.

Président Jovenel Moïse, en aucune façon vous ne  pouvez changer le cours de l’histoire de ce pays, être le président de toute la famille haïtienne, ranimer l’espoir pour les jeunes, ramener la moralité dans l’administration de l’État à un niveau décent, donner aux couches démunies l’opportunité de ne plus avoir faim 24 sur 24, faire en sorte que les riches cessent d’étaler leur opulence, éradiquer la violence criminelle, homicide qui endeuille les familles. Bref, rendre Haïti un pays vivable.

Pour terminer, Monsieur le Président, et c’est le plus grave de votre échec au pouvoir, vous n’avez aucune volonté de faire juger les dilapidateurs des 3.9 milliards de dollars de PetroCaribe, puisque vous seriez vous-même au banc des accusés, en première loge avec toutes les chances d’être condamné. Vous avez misérablement failli à votre mission sacrée de mener le pays à bon port.

Alors, il est grand temps de tirer votre révérence et, du même coup, de vous rendre à la justice. Vous rendriez un immense service à la nation. Je vous prie, Monsieur le Président, de croire en l’expression de mon mépris le plus ardent et le plus entier sitôt après avoir lu la présente, car vous et les vôtres vous faites honte à la patrie de Jean-Jacques Dessalines, de Charlemagne Péralte et de Jacques Stéphen Alexis.

 

Frantz Latour

Rédacteur à Haïti Liberté

8 février 2020

 

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