Premier Mai : Manifestation ouvrière !

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Les ouvriers de la sous-traitance exigent du patronat et du gouvernement un salaire minimum journalier de 1000.00 Gourde

Le ministère de l’agriculture a lancé depuis le 29 avril une foire traditionnelle de produits agricoles et artisanaux de trois jours à l’occasion du Premier mai 2018.  Le gouvernement haïtien comme d’habitude chaque année organise cette foire démagogique au Champ de Mars. Pourtant plusieurs organisations syndicales, malgré leurs faiblesses politiques ont fait montre de caractère en manifestant convenablement dans la capitale pour commémorer la journée internationale des travailleurs.

La manifestation a débuté au Parc industriel, au nord de Port-au-Prince jusqu’au champ de mars. Cependant, aucun des Partis politiques traditionnels de la soi-disant opposition n’a apporté son soutien à la cause des travailleurs. Ils n’ont pas été dans les rues et c’est un acte significatif que les revendications des masses défavorisées ne les concernent point. Sauf qu’ils attendent  la saison électorale pour voir ces candidats à la présidence qui ne diffèrent vraiment pas de Jovenel Moise, puisqu’ils défendent les mêmes intérêts de classe.

Grande marche ouvrière à Port-au-Prince

A l’occasion  du 1er Mai, la Coordination nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha) et la Confédération des travailleurs haïtiens (Cth)  en ont profité pour revenir sur la question du salaire minimum des ouvriers de la sous-traitance en exigeant du patronat et au gouvernement un salaire minimum journalier de 1000.00 Gourde (US$15.36) au lieu des 350.00 Gourdes (US$5.38) actuelles et l’amélioration des conditions de travail.

Par ailleurs, pour l’édification de nos lecteurs, nous publions ci-dessous une pétition de la Centrale nationale des ouvriers haïtiens (CNOHA) appelant à la solidarité contre la répression syndicale en Haïti.

Haïti : Appel à la solidarité contre les actes de répression et de persécution des ouvrières et ouvriers syndiqué(e)s par l’Etat haïtien et la multinationale sud-coréenne The Willbes Haïtian SA.

La Centrale Nationale des Ouvriers Haïtiens (CNOHA) et le Respect des Ouvriers Haïtiens de la Manufacture (ROHAM) informent tous ses partenaires et organisations nationales et internationales que la liberté syndicale connait des jours très difficiles en Haïti. Le Droit d’association du prolétariat, pour défendre ses intérêts et exiger de meilleures conditions de travail, est bafoué par la multinationale sud-coréenne The Wilbes Haitians S.A. qui évolue dans le secteur de la sous-traitance. Du 29 mars 2018 jusqu’aujourd’hui, environ 145 ouvrières et ouvriers sont révoqué(e)s arbitrairement en dehors des dispositions des lois de la constitution haïtienne et des conventions internationales. Cette vague de révocation arbitraire viole les droits fondamentaux de la classe ouvrière, consacrés par les dispositions de l’article 225 du code du travail, de l’article 35-3 de la Constitution haïtienne, et par les conventions internationales 87 et 98, signées et ratifiées par l’Etat haïtien.

Depuis le mois d’octobre 2017, les syndicalistes du secteur de la sous-traitance sont en pourparlers avec les représentants de The Wilbes en Haïti et de l’Etat haïtien afin de trouver un accord:

– premièrement sur le nombre de pièces exigées qui est compris entre 800 et 8000 par jour, sous la responsabilité d’un groupe de 18 à 23 travailleuses et travailleurs, ce qui équivaut entre 39 et 390 pièces par jour en moyenne par travailleur (une pièce peut être un maillot par exemple), avec une charge horaire de 10 heures de temps de travail.

– Deuxièmement, les syndicalistes requièrent l’application des dispositions concernant les assurances sociales en Haïti. La compagnie sud-coréenne n’applique pas les dispositions de l’article 200-d du code du travail qui l’oblige au paiement de 6% du salaire nominal au profit des travailleurs à l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA). Actuellement, The Wilbes ne respecte pas ce principe.

– Troisièmement, les femmes sont victimes d’harcèlement sexuel et d’intimidation. L’Etat haïtien à travers le Ministère des Affaires sociales et du Travail (MAST) n’agit pas pour protéger les travailleuses et les travailleurs comme le veut l’article 225 du Code du Travail haïtien leur reconnaissant le droit de se regrouper pour défendre leurs intérêts. Au contraire, les Représentants du MAST les réprimandent systématiquement.

– Quatrièmement, les ouvrières et ouvriers ont un salaire mensuel de moins de 110 dollars USD, soit 7050 gourdes (monnaie haïtienne) par mois. Les syndicalistes exigent un salaire de 1000 gourdes par jour, soit environ 15 dollars USD, ce qui leur permettra au moins de reproduire leur force de travail.

Dominique St-Eloi, coordonnateur général de la Cnoha

Le 5 avril 2018, en signe de solidarité avec leurs collègues révoqués arbitrairement et contre des actes d’attouchement et d’harcèlement sexuels sur les ouvrières, ils ont décidé de faire entendre leur voix pacifiquement au moment de leur unique 30 minutes de pause journalière. Les représentants de The Wilbes ont entrepris des actions de représailles contre eux. Les enquêtes menées par la CNOHA révèlent que les protestataires ont seulement scandé des chansons revendicatives, ce qui ne constitue pas un délit selon les lois haïtiennes.

Les 145 ouvrières et ouvriers révoqué(e)s arbitrairement sont membres du syndicat ROHAM et de la Centrale CNOHA.

– Nous exigeons leur réintégration sans délai et la satisfaction de leurs revendications et nous sollicitons de façon particulière le soutien des organisations de Droits Humains et de Droits des femmes, en Haïti et à l’étranger, pour que justice soit rendue en faveur des femmes agressées et violées sexuellement.

– Nous lançons un appel de solidarité aux organisations partenaires et autres organisations nationales et internationales afin de faire cesser la répression et la persécution des syndicalistes en Haïti.

– Nous adressons un appel aux citoyennes et citoyens du monde entier et spécialement aux membres des organisations nationales et internationales pour faire pression sur les multinationales UNDER ARMOUR, CHAMPION et OLD NAVY pour qu’elles cessent de commander les produits fabriqués par The Wilbes en Haïti en attendant que les revendications de ces travailleuses et travailleurs soient satisfaites, les actes de persécution, de répression et d’harcèlement étant exécutés et/ou tolérés par la Direction de The Wilbes, le Ministère des Affaires Sociales et du Travail, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique et le mécanisme de médiation mis en place pour surveiller sur la bonne marche de l’Accord HELP en Haïti.

La liberté syndicale est un Droit fondamental des peuples. Vive le droit d’association. Vive la lutte des travailleuses et travailleurs du monde entier.

Dominique ST ELOI
Coordonnateur du CNOHA

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