Pleins Feux Sur : Stanley «Tantann » Toussaint

(P-au-P - 5 Dec. 1968) « Voix captivante et talent probant »

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Stanley «Tantann» Toussaint

Tantann, un talent concluant qui lui aussi a commencé à se manifester à une époque charnière de la musique haïtienne que sont les années 1980. Dont les multiples sonorités d’outre-mer s’entrecroisent avec les modules du terroir. Pour aboutir à des paramètres hybrides qui vont constituer des éléments prépondérants d’une nouvelle approche musicale. Avec autant de parcelles tonales qui vont influencer l’adolescence de Stanley Toussaint. Notamment le timbre de la star planétaire Michael Jackson et, celui au bercail de son idole Joël Wïdmaier. Ce qui va lui permettre de concocter sa voix raffinée et plaintive, tapissée d’une tessiture distinguée. Chemin faisant, avec la musique dans l’âme, l’écolier du Petit Séminaire Saint Martial s’est employé à se munir d’assez d’atouts. En vue de prendre part aux prochaines bacchanales.

Spécialement dans une initiation avec le grandiloquent Boulot Valcourt qui lui a inculqué les premiers concepts de l’art vocal ; aussi bien que la guitare et les claviers. L’ayant autorisé à faire montre des premières prémisses artistiques. A travers des jam-sessions dont il fut bien friand, en compagnie de ses potes d’alors : Alan Cavé, futur « Zin », Wuydens Joseph, futur « Papash », parmi d’autres. Les milieux des années 1980 le dénichent à New-York ; complétant des études au Staten Island College. Tout en continuant de front à majorer ses différentes aptitudes ; en y ajoutant l’ingénierie en sons et d’enregistrement à ses ressources. Le vent en poupe, il s’active dans toutes les directions avec ses pairs de la nouvelle génération, qui veulent bien acquérir les services de ce baladin imprégné de multiples cordes à son arc. Dont un timbre de marque indélébile, en plus captivant qui vous met sur des charbons ardents. 

  A l’entame, il s’engage dans des ‘’gigs’’ avec le groupe « Phantoms », ainsi bien que le « Zin » au sein duquel émerge son alter-ego Alan Cavé. Et dont les portes lui sont pourtant grandement ouvertes. Car, qui n’aimerait pas se munir d’un tel atout vocal. Mais, pas question pour ‘’Tantann’’, qui fermente d’animer l’avant-garde de son propre ensemble musical. Pour cela, il chipe le bassiste et co-fondateur du « Zin » Gardy Jean Charles ; en plus de ses frères Vladimir, percussionniste et Patrick batteur parmi bien d’autres, pour le lancement de la formation « Lakol ». Lequel ne s’est pas attardé pour occuper les feux de la rampe ; et jeter le gant  à ses compétiteurs. Et dont le premier microsillon :’’Ole ole’’ a atteint tous les suffrages, avec des titres comme : toulimen, siwèl nan wèl ou, bayo, men, kabicha, ou la ou toula, ayayay, janw vle, âpreté du méga-hit : ole ole, qui a causé tant d’exploits. Notamment à travers l’impeccable vidéo-clip ; la première du milieu à être réalisée professionnellement. Et qu’on prétend avoir été projeté par MTV ?, BET ?

Le vent en poupe, il s’active dans toutes les directions avec ses pairs de la nouvelle génération

Une réussite qui a permis à Stanley et « Lakol » de partager la part du lion d’un public qui était jusque-là, la chasse gardée du « Zin » et du « Phantom ». A laquelle il est venu prendre part, au gré d’une musique accessible et légère ; émaillée de diverses tendances pop. Et d’une voix qui propulse une vibration exotique et esthétique ; auréolée de ruées et de trémolos, apte à vous pénétrer les panses. La montée de Tantann et du « Lakol » fut brusque et surprenante. Sur cette lancée, le groupe sort son deuxième microsillon : ‘’Kole m’’, doté de : dife, tou dousman, kole douvan, dous pase siwo, Marie love, men bon konpa, fenk kòmanse, Janba, rele, qui les maintiennent encore dans l’arène de la concurrence active.  Suivi d’une troisième œuvre :’’ konpa nan tyou wa yo’’, contenant : ti machannn, avanse, siw renmen mwen, se lanmou, vye zanmi, bèl epòk, take over etc. Prouvant son avidité à confectionner des tubes ; fort d’une versatilité de multi-instrumentiste, l’ayant autorisé à être un compositeur abondant.

Tout en l’installant parmi les musiciens les plus doués de sa génération. Conséquemment, c’est la sortie de :’’ Vin n danse’’, comprenant, Tatiana, anmwe, ola, lanmou a 2, manman cheri, dimension etc. qui les retrouve en manque de carburant. Puis de : ‘’Something special’’ avec : yo kenbew, se vre, chak fwa, lage lanmou, Gina, in love, kòman nou ye, senfoni fini ! Un titre spécialement ironique, à une étape qui trouve le groupe en lambeaux. Et un maestro en perpétuelle quête à rafistoler les bouts, avec les désertions à n’en plus finir. Empêchant la bande à Tantann de performer dans la stabilité. Avec un leader inamovible qui doit se munir de sa seule voix emblématique ; gérer l’existence chaotique d’un « Lakol » qui a fini par être à bout de souffle. Et, pour compliquer les données, Tantann devait coup sur coup faire face à deux affreuses tragédies qui l’ont atteint en pleine déconvenue.

Le décès de son frère ainé Pato, qui était le batteur du groupe ; tombé sous le coup d’une maladie impardonnable. Et le meurtre de sa mère, victime d’un cambriolage dans sa maison à Port-au-Prince. Une période bien pénible pour Stanley qui n’a eu que la musique comme refuge pour se ressourcer. Et se faire éventuellement d’autres raisons de survie. En lui  donnant des perspectives pour rebondir. Notamment dans sa nouvelle résidence à Wellington en Floride, où il a érigé son studio d’enregistrement. Pour refaire surface dans une initiative soliste à travers le cd : ‘’Pam Pam Pam’’ ; qui lui a donné un nouvelle poussée avec des morceaux tels : rekonsilye, goudou gaga, mwen gen lanmou, just like that, should be me, kloutoup kloutap, sorry, my girl, back it up…, karese boubout ou, come-back. Et d’autres, tout à fait dans le coup ; lui ayant permis de retrouver son public. Et inévitablement, le chemin des tournées qui l’ont emmené dans d’autres parties du monde. Ainsi que la diaspora et Haïti, où il a continué à mettre ses fans à la renverse. 

Et d’une voix qui propulse une vibration exotique et esthétique ; auréolée de ruées et de trémolos, apte à vous pénétrer les panses.

En 2012, il tente un nouveau regroupement de « Lakol »,  dans l’œuvre :’’ The boss’’, qui n’a pas eu l’effet auquel aspirait l’artiste. Malgré une tendance musicale agrémentée de hip-hop, pour accommoder une nouvelle audience. Puis, entre un passage à vide qui l’a obligé à retrouver le chemin du studio, installé dans sa maison. Et qui l’a possiblement mis en perpétuel matraquage conjugal. D’où sa contravention avec la loi floridienne ; après qu’il ait été appréhendé pour accusation d’agressivité maritale. Une nouvelle surprenante pour plus d’un, connaissant la bonhomie légendaire de cet artiste délicat. Un épisode sans conséquence pour Tantann, qui a tout de suite après repris l’enceinte du studio. Afin d’échafauder les magies auxquelles il nous a tant accoutumés ; entre les prestations sporadiques pour se maintenir dans les péripéties compétitives. Alors qu’il s’apprêtait à un rebondissement planifié, lorsque le covid-19 est venu tout remettre en question. Attendant que la crise soit neutralisée, pour pouvoir refaire surface.

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