Pleins Feux Sur : Shedley Abraham

« Un meneur auscultant » | (Cap-Haïtien ?)

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Shedley Abraham

Fer de lance de sa gestation musicale, Shedley s’est inspiré d’autant de variations de la musique ambiante au cours de ses vingt dernières années. Jusqu’à ses récentes prospections dans la musique cérébrale ; après avoir grandi dans un environnement infatué de cuivres faits de ‘’riffs’’ extasiés. Du fait que son père et son oncle, respectivement Norcis ‘’Laventure’’ Abraham et Raphaël ‘’Hycher’’Abraham ont fait partie de la ‘’horn-section’’du légendaire orchestre « Tropicana » du Cap-Haïtien. C’est ainsi que Shedley s’est attelé très jeune à explorer en autodidacte les contours de la trompette ; ainsi que le clavier dont il a fait son instrument de chevet. Et éventuellement s’est initié dans l’art de la mesure. En devenant fantassin du groupe musical de sa paroisse dont il percute l’arrière- plan comme aspirant ‘’gongiste. Ce qui lui a instillé très tôt le goût de l’amalgame et des syncopes.

Et le distingue déjà des jeunes pousses qui animent les célébrations estudiantines de la ville. A l’entame de la mouvance ‘’nouvelle génération’’, S.A fait partie d’une lignée d’aspirants bateleurs du Grand Nord tels : Richie, Arly, Delly parmi d’autres. De cette mutation, il s’est associé au bassiste Perrin Joseph, Nuxon, Hello, Jean Max etc, pour la formation de « Lakòl » du Cap-Haïtien. Lequel va investir le devant de la scène capoise en favori de la jeunesse nordiste. Dans une musique à laquelle Shedley a infusé son jeu élastique qu’il alimente de ‘’rim-shots’’ et d’incessants appels pour arrondir la pulsation rythmique. Ainsi que dans le contrôle, la précision et la vitesse d’exécution. Autant d’autres traits de métronome averti qui le campent en futur novateur. Evidemment, les succès au bercail ayant amené à la reconnaissance nationale, et le cas échéant aux conquêtes extérieures.

Shedley a infusé son jeu élastique qu’il alimente de ‘’rim-shots’’ et d’incessants appels pour arrondir la pulsation rythmique.

C’est dans ce contexte que Shedley et ses partenaires de « Lakòl » se sont retrouvés dans les murs de la diaspora. Et ont fini par faire leur niche à New-York d’où ils se sont dispersés. Où Shedley s’est vite établi ; devenant en peu de temps un pilier dans l’environnement de la musique ambiante. Evoluant dans un style fait d’ardentes accélérations et de chavirements qui l’autorisent à alimenter différentes allures. S’appliquant à mettre ses ouvrages à l’heure. Tout en entreprenant simultanément des officines supplémentaires qui l’ont investi d’une posture d’avant- coureur. Pour s’imposer comme le batteur le plus référentiel du konpa moderne. Et le plus en demande dans l’arène et les studios d’enregistrement du show-biz antillais. Arrivant à mettre son empreinte dans environ 1.000 œuvres afro-caribéennes.

Ce qui l’a emmené en conséquence à collaborer avec le « Tabou Combo » dont il est devenu un régulier. Avant de prendre part au projet collectif du « NY All Stars », en compagnie d’autres musiciens montants du sérail. En ayant antécédemment concocté son propre brin musical. Dans l’édification de son propre studio d’enregistrement qui est devenu un passage obligé des tenants et postulants du konpa. En lançant son initiative « Djazz la » qui consiste à revisiter des hits increvables de diverses variations et époques. Dont il imbibe de sa démarche personnelle avec sa saveur interprétative. En faisant appel à des musiciens de différents horizons ; dans la diffusion d’une musique réinventée. Une collection qui est à son 9eme volume. Des tournures qui le campent tour à tour en : producteur, arrangeur, interprète, compositeur, techno et expert de données inusitées dans le music-hall antillais.

En plus d’être le maitre de la mesure le plus réclamé dans les avenues du konpa et de ses diverses dérivées. Qui a infusé sa marque de batteur évolutif dans la musique de : « Carimi », « Zenglen », « Skah-Shah » et Cubano, « Harmonik », « Kai », « Disip » et autres ; ainsi que son alter-ego le grandiloquent Richie qui a aussi joui de sa collaboration dans ses œuvres collectives. Sans oublier les artistes solistes : Emelyne Michel, Virgal, Guanel, Alan Cavé, Rutshelle, Riva Précil etc, qui ont pris avantage de la sûreté de son tempo. Ayant entretemps engrangé autant d’atouts dans la maitrise des données percussives avec des ponctuations élaborées et d’accompagnement accentué. Toujours, dans son genre éclectique diffus d’équilibre, d’exactitude et de virtuosité.

Non sans avoir exploré les contours du maximalisme. Dans la prospection du jazz-fusion en compagnie de caïds tels : Jean Caze, Bobby Raymond, Frédérik Las Fargas, Kappa Tanabe parmi d’autres. Incontentable, il s’emploie à majorer ses vocations en collaborant avec des sommités de la trempe de : Tom Kennedy, Richie Cannata et de Ken Freeman qui est récipiendaire d’un ‘’Grammy’’. Comme s’il n’entend point se cantonner dans des classifications réductrices. En prenant constamment son art à un palier supplémentaire ; dans la réévaluation et la science des standards du tempo et de la mesure. En y injectant sa propre créativité, dans l’imposition d’une tonalité moderne aux reflets modulables. Des excursions qui ne l’ont point empêché de continuer à être au service de la confrérie qui ne se passe pas de son évaluation.

Et qui l’a habilité à devenir le patron percussif du groupe « Vyab » au sein duquel il est bien plus que ‘’porte-mailloche’’. Mais surtout, un atout considérable si l’on se réfère à sa contribution à travers l’œuvre initiale :’’Game over’’; assénant son estampille dans la composition, l’arrangement ainsi que comme ingénieur de sons. Puisque c’est dans’’Djazzla’’  son studio d’enregistrement et sous sa supervision que cette production est enregistrée, digitalisée, affinée. Preuve combien son impact est considérable autour de ses pairs. Pas étonnant que malgré le vedettariat de Mickael Guirand et le talent de Jude Leslouches combien l’inclusion de Shedley dans cette formation new-yorkaise reste l’un des facteurs leur ayant permis de s’incruster aussi rapidement dans le music-hall antillais.

En plus qu’il n’est jamais à court d’arguments ou de temps. Comme l’illustre l’une de ses plus récentes collaborations à l’instar de celle avec Guy Jules dans le morceau :’’Quel ami…’’, ou de ses incursions latines. Des randonnées certifiant de sa polyvalence, dans le sens de la balance entre hype et cool, allure de vogue ou tempos thématiques ou encore entre performance-live ou prestation de studio. En fin de compte, l’écart entre les modes et les époques qui demeure dans la qualité. Celle qui allie l’ancien et le nouveau et rallie les frontières. Telle est l’essence artistique de Shedley qui est un musicien dans l’âme et un meneur auscultant.

 

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