Pleins Feux Sur : Rutshelle Guillaume

« La reine des variétés » | (Port-au-Prince – 1988)

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Rutshelle Guillaume

Celle- là a définitivement pris naissance avec la musique dans les veines. Puisqu’à cinq ans déjà Rutshelle fait partie de la chorale paroissiale à l’Eglise de Dieu de Boulard, comme enfant chanterelle de la balle. Ce qui devrait se poursuivre durant toute son adolescence. Lorsqu’elle a intégré le groupe « Rel »  qui est surtout composé de jeunes aspirants de l’ENARTS. Dont elle faisait aussi partie en qualité d’étudiante. S’attelant à mettre son va-tout cent fois sur le métier et l’art. Elle continue de prendre part à des cliniques vocales. Et conséquemment a travaillé sous la supervision de l’indécrottable diva Emeline Michel, de James Germain et de Stevenson Théodore  lors d’une performance à la Fokal. Dans laquelle elle a attiré l’attention de la star suprême Yole Dérose, qui faisait partie de l’auditoire. En quête de talents inconnus et fidèle à sa tradition de les promouvoir dans le cadre de son initiative :’’Haïti, Cœur de femme’’.

C’est ainsi que Rutshelle Guillaume est lancée dans le grand bain en compagnie d’autres vocalistes postulantes. Evidemment, elle a su faire montre de ses traits impromptus et sa passion d’exulter qui en ont fait l’attraction du groupe au cours de leurs diverses performances. Et duquel elle s’est détachée dans l’amorce. Subséquemment elle s’est appliquée dans des inspirations personnelles à travers la vidéo ‘’kite m kriye’’ qui fut un prélude à la sortie de son premier opus :’’ Emotions’’ qui la propulse en vedette spontanée. En faisant déjà couler tant d’encre au temple du spectacle et des variétés, avec attitude, à sa façon.  Nouvelle tête d’affiche du paysage musical ambiant ; gratifiant de son aura à un auditoire à la renverse de ses facettes étonnantes. En s’ingéniant dans’’ je suis’’ à nous emmener dans des détours parsemés de phrasés pittoresques, ‘’Rutshelle c’est moi’’ elle s’exclame.

Avec hardiesse et sans complexe, elle s’approprie de sa médaille de star de l’heure. En s’illustrant dans des tics vocaux et des bonds interprétatifs. En plus de scat déluré pour mieux articuler ses histoires. Avec à la clef des extravagances vocales, ruées osées instillées d’un pitch aux commandes dans ‘’lanmou se nou’’. Tandis que dans ‘’non !’’, elle se fait haranguer par Jan-Jan Roosevelt dans cet air de bossa-nova qui la situe en dehors des sentiers battus. Alors que ‘’w’ale’’ est auréolé d’un jive implorant ; allant au-delà de toute superficialité. ‘’An nou’’ est un remake d’un morceau de son idole Emelyne réadapté dans du ska imprégné de hip-hop. Démontrant aussi sa capacité à entretenir la chaude ambiance et à mettre sur des charbons ardents dans ce rock-steady qu’est‘’bon jan van’’. On peut encore déceler l’influence de la Michel dans ‘’renmen renmen’’. Une excursion solitaire imbibée d’explorations ardues et de notes concises. Dans laquelle la Rut a su mettre des siennes pour nous emporter dans ses rêveries, à sa manière.

La preuve, elle se veut versatile, sans repères. Comme dans ‘’pou yo’’ avec sa panoplie de rap kreyòl et hip-hop. Alors que dans ‘’kite m kriye’’, elle s’adonne dans des envolées oratoires, faites de déchirures et de plaintes inassouvies. En y mettant autant de vibrato et de falsetto dans l’instrumentalisation de sa voix. Propulsant un soul épinglé et d’autres facettes qui en ont fait une artiste naturelle. Dont les traits attractifs ont conquis le public et les doctes. Mais aussi avec ses hauts et ses bas qui démontrent sa force et sa vulnérabilité. Entre les claques et les bobards dans cet environnement aussi cynique que misogyne. Et ses droits de revendiquer qui prouvent qu’elle n’entend pas se faire délimiter. Du fait qu’entre les chemins écartelés, elle s’est faite le devoir de se munir d’une licence en Philosophie à l’Ecole Normale Supérieure (ENS). Pourtant, elle avance et brûle les étapes. Devenant la vedette des spectacles au pays, en diaspora ; tout en sillonnant d’autres frontières.

Subséquemment, c’est la sortie de son 2e opus solo :’’ Rebelle’’, certifiant qu’elle n’entendait pas se reposer sur ses lauriers. S’extasiant ‘’victorious’’ tout en faisant part en clair-obscur de ces blessures qui ne veulent pas guérir. Mais, tout aussi déterminée à se défaire de ses démons et de ses péchés mignons. Puis, se fait porte-étendard du mouvement ‘’me too’’ et veut  être l’éponge d’un monde disloqué, martyrisé, abusé. Belle perspective! Musicalement, tout s’entremêle au gré de fluctuations harmoniques et d’octaves en dissonance. En plus d’un afflux polyglotte : ayisyen, français, anglais, swahili etc ; attestant qu’elle tient à être écoutée et à se faire entendre. Avec ‘’j’aime les gentlemen’’, on est au stade du minimalisme, dans une démarche stagnante qu’elle prend soin d’innover de son phrasé singulier. Tout en gratifiant d’une facture vocale sensorielle pour un ‘’dènye won’’.

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Et de ces schémas prospectifs dans : ‘’pour des siècles’’, avec sa saveur rétro ; permettant à Mrs. Guillaume de se faire des sensations. Dans un timbre ruant dans les espaces acoustiques ; tout en bravado ! Un peu de notre merveilleux rythme urbain et national, le konpa qui ne doit pas être dédaigné. Pourvoyant de la même rengaine lyrique dans ‘’ i am not for sale’’. Et revisite le ragga, ce paramètre qu’elle veut être sa chasse gardée dans ‘’sekrè’’. Et se déchaine dans ‘’dechennen’’ et, lorsque Fabrice s’emmêle c’est du anbatonèl toute en ribambelle. Avec des revirements thématiques pour une transition dans un rap pictural. En semant le vent de l’allégresse dans ‘’pi prè mwen’’. Et qu’entre les alternances surgit un rabòday avec sa faveur atavique dans lequel elle est rejointe en duo par James Germain ;  fait de high pitch’’ intrigants dans ‘’fèmen je w’’. Et c’est sur fond de riffs d’une guitare rock que s’enchaine ‘’mwen sonje Ayiti’’ pour improviser simultanément du maskawon au konpa.

Avec la Rut qui donne la mesure de son avidité dans des excentricités vocales et des envolées félines inusitées. Tandis qu’avec son allure de paso doble aux ramifications globales ’’ rendez-vous au sommet’’ renferme les ingrédients pour faire la fête. Bien qu’elle doive se garder de se précipiter dans le mimétisme vocal. Avec de surcroit une grande marge progression, Rutshelle a continué à mettre ses ouvrages à l’épreuve. Entre les crocs en jambe et les malaises personnels, elle ne fléchit pas. Consciente de sa mission et de son destin de star ; de sa posture d’émissaire accréditée d’une filiation qui a peu de figures pour s’y référer. Toujours d’attaque, elle est en perpétuelle demande pour nimber les œuvres d’autrui de son timbre assaisonnant : Bic, Fantom, Barikad Crew, Phylissia Ross, Kai etc. En plus de sillonner le monde : l’Afrique du Sud, le Congo, la Barbade, E.U, Canada, la Belgique, la République Dominicaine et d’autres contrées du monde qui se sont délectées de sa rayonnance.

Ce qui devait la rendre imbue de son rôle de solitaire. Qui n’est pas à l’abri des flux et reflux d’un environnement qui ne fait pas de cadeaux. Lorsque la voie la plus fiable c’est de demeurer authentique. Même quand la trajectoire se fait en dents de scie ; en plus des commérages et accrochages qui constituent les diurnes. Il suffit que le résultat soit positif. Ce qu’elle tient à démontrer, en s’engageant dans le social dans sa collaboration avec ‘’Vwalye’’. Une organisation qui a pour but de promouvoir les talents inconnus. Autant de pain sur la planche pour La Rut qui s’est fait un sacerdoce pour rester au top. En plus du lancement depuis peu de son 3e cd : ‘’QQA’’ (Quoi Qu’il Advienne) qui la consolide dans tous ses états avec 13 titres de choix : Guantanamo, nou fini, mpap mouri, poze, lost without you, sa k rive nou, m pa la ankò, fou, all on me, quoi qu’il advienne, made by God, ou se yon maladi, rete la elat…

Se rangeant du hip-hop aux ballades simultanées et slow, en passant par des rythmes cadencés comme le konpa, le zouk et d’autres approches. Toute une gamme qui la caractérise comme la reine des variétés. Continuant à cultiver un répertoire qui lui sied bien. Même si les thèmes explorés sont parfois mitoyens. Selon l’audience qu’elle entend atteindre. Mais, en prenant de plus en plus de la bouteille dans le contrôle de son registre et de la maturité de son art en général, avec une parfaite aisance scénique. Et une orientation qui se veut globale dans ce vaste village sonore planétaire. D’ailleurs, elle est nominée dans deux catégories de l’édition « African Talents Awards 2021 », comme : Meilleure Artiste Féminine’’ et ‘’Meilleure Artiste de la Diaspora’’. Devant se dérouler le 19 Décembre 2021 en Adbijan en Côte d’Ivoire. Le vent en poupe, le ciel ne semble pas avoir de limites pour elle. Alors, vole Rut, vole…

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