Au début des années 1960, au cours d’un après- midi de soleil accablant, monsieur Martelly alors travailleur infatigable de la station Shell à Bizoton fait irruption dans sa maison située à Fort National avec un colis humain à la main. C’est un petit garçon du nom de ‘’Tijoe’’qu’il présente alors à sa femme comme étant son fils illégitime. Mais, les riverains de la zone ont prétendu que le petit Joe n’est d’autre que la progéniture d’un notable de la ville qui n’a pas voulu que sa femme soit au courant de ses liaisons. En tout cas, dès son installation au domicile de Mme De Prasdines Martelly le petit morveux comme l’enfant ‘’Zabel Bòk’’, semble avoir des tics et ne veut faire qu’à sa tête. Notamment avec dans son entourage un autre folichon du nom de Jojo Lorquet dont il partage les mauvaises manies de gondoler dans les latrines. Pendant que les autres mômes jouent aux billes, au foot, au cache-cache Lubin et au papa et à la maman.
De plus, le morceau à succès Joseph que chante en duo Gisèle Débrosse et son supposé oncle Serge Martelly pour le compte de l’ « Ensemble de Raoul Guillaume » :’’ Joseph ale mete ou ajenou/ ou te joure vwazin Françoise/ou merite yon koreksyon…’’, des paroles qui apparaissent faire allusion au gamin espiègle de la famille. Entre temps, mr Martelly qui trime honnêtement pour s’occuper de sa famille se voit subitement expulser de sa maison à Fort National ; par le macoute de la zone du nom de Jeudi. Le père du récent maire de Delmas Wilson Jeudi qui avait pignon sur rue dans cette enclave. Ce qui a obligé la famille Martelly à se relocaliser dans la zone de Bizoton à Carrefour où le père travaille comme gérant d’une pompe de gazoline. Un changement d’air qui va être bénéfique pour ‘’Tijoe’’ qui commence à se faire des amis plus sociables. Et des tours d’écoliers plus appliqués qui l’ouvrent les portes de l’Institution Saint Louis de Gonzague.
Cette école qui a le mérite d’empiler toute la mosaïque sociale du pays avec les fils des ‘’Madan Sarah’’ du Marché en Fer qui rêvent que leurs fils vont se faire des relations pour la vie. La classe moyenne favorisée qui y voit aussi un templin social. De même que ceux des nantis et de ceux au pouvoir qui y voient un passage obligé. C’est là que ‘’Tijoe’’ devenu Michel entouré par une sorte de ‘’frat brother’’. Un noyau de copains qui l’aident à passer les cadres préliminaires. En lui faisant sauter les classes comme ‘’le roi des poulets’’ ; pendant qu’il s’active à être le rigolo du groupe. Cependant, arrivé en 3e secondaire, c’est là que les examens tout préparés d’un copain ne peuvent plus aider. Ce qui va l’obliger à prendre le large dans une ancienne bonne école devenue un collège-poubelle ; lorsque ses propriétaires sont en cavale au Canada. C’était l’Institution Roger Anglade dans lequel Michel Martelly va se réfugier.
En effet, son passage dans cet établissement a fini par ternir de ce qui restait de renom à cette notable famille. Puisque la délinquance a fini par régner dans les alentours de cette école sous la prépondérance de M.M. Dont l’insouciance reste un sujet de conversation constante pour ses proches. Spécialement sa proportion des concupiscences et, comme un avide fan du « Coumbite Créole » de Rodrigue Millien dans ses enclos de Chez Maggy à Carrefour ; avec des proches comme Manno Charlemagne et Beethova Obas qui rêvent aussi des demains qui chantent. M.M est aussi sous le charme discret des collines de Pétion-Ville et fait souvent le parcours en auto-stop. Après avoir fait ‘’le mort’’ pour le trajet de Bizoton – Centre-ville (les 35 centimes étant alors pas faciles à trouver pour nombreux) ; d’oú il espère se faire repérer par ces pions de la ville. C’était l’époque des Joe Delmas, Ti Bailly… ces prédateurs et aussi d’un vaillant, R. Brisson (Pardon !) ; et même l’entourage de la présidence qui étaient toujours à l’affut de ces jeunots au cul chaud en quête de débouchées.
C’est dans ce décor que Michel Martelly continue à végéter ; entre le cycle des PAF et des DAF (premye et dezyèm ane flannè). Pour finalement se nicher dans l’ancienne armée d’Haïti. Avec pour camarade de promotion des énergumènes comme Michel François dont on saura éventuellement la raison pour laquelle ils étaient assignés par le laboratoire pour une mission déterminée à un moment de la durée. Mais, il est apparu que même dans cette camarilla de vauriens ; dévidés de toute forme de nationalisme et de civisme. Et dont on a formés pour assassiner les civils locaux ; sans aucune notion de la défense de leur territoire. Et il est arrivé que même cet escadron sanguinaire n’a pu faire de Michel Martelly un individu adapté ; d’où son expulsion au sein de ce corps. Mais, c’est aussi un produit du milieu, d’un entourage n’ayant pas né de la dernière pluie. Et le début des années 1980 va être profondément marqué par une crise politico-sociale sans précédent.
Marquée par la répression, la disparition, les assassinats, l’exil, la faim, la peur et l’exode entamée dès les mid-seventies par une génération d’or de ‘’baby-boomers’’ (qui s’étaient créés des mécanismes d’auto-défense après les tueries gratuites des : frères/sœurs, cousins/nes, amis/es, condisciples, voisins/es). Et les plus démunis qui ont préféré se faire manger par les dents des requins que d’atterrir dans les cachots de ‘’baby doc’’. Ainsi que les profiteurs et enfants naturels du régime comme Michel Martelly, ces ‘’mariellitos ayisiens’’, qui vont aussi le cas échéant se jeter sur les côtes de la Floride, en quête de rédemption. C’est là que le jeune immigrant déraciné a pratiqué tous les boulots inimaginables ayant défini le parcours d’un minable. (Plus tard, dans l’une de ses interventions ‘’ante –présidentiable’’, l’intéressé en question a fait un récit exhaustif de ses gymnastiques d’hors la loi et de paumé increvable en Floride). De là, on peut revoir le fil d’Ariane ayant conduit au labyrinthe actuel. Dans tous les cas, il rêve aussi d’être saltimbanque. D’autant que le moment coïncide avec l’émergence de la musique électronique.
C’est l’époque où n’importe loustic veut se munir d’un clavier électronique pré programmé ; en faisant le ‘’karioke’’ pour des gens de mauvais gout. C’est tout ! L’’ordinateurisme’’ avait aussi ses moments forts avec l’émergence du groupe « Top-Vice » du trio : Freddy, Charlot, et de la star Robert Martino ; ayant permis à la Floride d’avoir son premier groupe établi. Même le « Magnum », du fait de sa musique complexe n’avait pas réussi de s’imposer à une population qui était alors bien différente. C’est donc dans l’entourage du « Vice » que Martelly s’est fait le groupie. En se faisant initier au keyboard programmé par le talentueux claviériste du groupe Charlot Raymonville. Tout en espérant se caser en régulier. Mais, le talent aussi bien que la vocation lui ayant fait grandement défaut. De plus, il n’est pas admis à faire le clown. Entre temps au pays, les militaires, les brassards rouges, les attachés et autres ramassis macoutes, violeurs et kidnappeurs se démerdent. Avec le vent en poupe, ils font le rappel des rejetons éparpillés dans la diaspora.
C’est dans cette veine que M.M a regagné ses pénates locaux en plein délire soldatesque : Namphy, Régala, Paul, Abhram, Romain, Avril et autres. Ces vaillants bouchers psychopathes laissés par le laboratoire pour planifier cette merveilleuse démocratie qui s’annonçait. Avec ses gris-gris, ses hommes de paille, ses artistes et ses rêvasseries, ses zones d’ombre et ses kaléidoscopes. C’est là qu’intervient la mission de Michel Martelly dont un certain milieu va façonner pour les raisons de sa cause. Dans l’intervalle, l’aspirant bateleur se démène dans tous les sens pour se trouver des ‘’stints’’. Mais, personne n’en veut. Finalement, il pense se faire une place au sein du « Djakout Mizik » avec l’appui de Shabba. Mais, là encore il est demandé de vider des lieux. Indésirable partout, il arrive quand même à se trouver des samaritains pour le rendre sociable. Pour en faire un one man show pour la délectation des mordus de forte sensation.
Flanqué de son orgue de barbarie, ces boites à musique qui ont réduit au niveau de microprocesseur les quintaux de l’échelle diatonique. Et le support du duo Fabrice Rouzier et Ralph Boncy qui lui ont fait des morceaux à l’eau de rose pour son introduction : konpa forè des pins et ou la la. Lui ayant donné feu vert pour se propulser dans le show-business. C’est ainsi que Michel est intronisé dans la musique comme on rentre en religion. Avec 95% d’énergie sordide et 5% d’imagination teintée de plagiat ; il prit d’emblée les sombres couloirs de la musique ambiante et la ruée sur une nuée de dépravés. Heureusement, qu’il y avait ceux qui ont l’odorat infaillible et, ont su détecter de loin l’odeur scatologique de cet imposteur. Auquel un secteur bien déterminé lui a donné mandat d’abêtir le milieu du spectacle. Et même d’aller à la limite de l’indécence ; en voulant enculer une jeune dame (qui n’en était pas une) ; à même le sol d’une toilette masculine à l’église Sacré-Cœur de Queens lors d’une soirée avec le groupe « Zin », qui a été instrumentaire dans son émergence en diaspora.
Un tel comportement poussait à se renseigner sur le comportement bizarre de cet individu. Pour apprendre sans étonnement que le charlatan a eu dès l’enfance le psychique ébranlé. Aussi la mort dans des conditions terribles de son père l’avait complètement défeuillé. Notamment, avec cette insatiabilité à se déboutonner pour offrir son cul à qui mieux mieux. Jusqu’à aller ‘’au 2e’’, sur le podium lors d’une kermesse dans un établissement des bonnes sœurs de la ville. Ce qu’il va réitérer lors d’une soirée commémorative de l’Association des Médecins Haïtiens de la Diaspora (qui l’ont dument mérité) ; pour avoir fait preuve de légèreté et de désinvolture. En invitant un tel malandrin à animer une soirée d’une telle envergure en compagnie de leurs familles. Lorsque en pleine célébration, ils ont vu l’énergumène tout à poil, avec son habit de ver de terre se balader sur scène. Tout en proférant des invectives à leur endroit. Voici ce qui peut arriver lorsqu’on jette son dévolu sur un médicastre dénué de talent.
L’essentiel, c’est de ne pas voir dans cet escroc un fait isolé. Produit authentique d’une culture en chute libre depuis les années 1970, M.M a fait partie de cette horde de délinquants sans aucune faculté manuelle et intellectuelle pour faire face à la vie. Pas étonnant qu’il ait été servi de ballon d’essai par le laboratoire dans différents secteurs de la vie locale. Incluant un passage dans la défroque armée d’Haïti ; laquelle il n’était même pas apte de servir visiblement. Mais, toujours gardé en réserve pour les basses besognes. C’est donc dans le show-business qu’on lui a trouvé une espace. Où un idiot de son envergure peut se faire aduler par de plus gros idiots. Cette constatation du docteur Leslie Péan ne pouvait être plus significative :’’…le Jean Claudisme des années 1970, les tontons macoutes se sont investis dans les boites de nuit, pour faire d’Haïti un gigantesque lupanar. Un peu comme le dictateur Batista avait voulu faire de Cuba. Depuis, Haïti est devenue une grande discothèque, avec des fêtards à toutes les heures. Au point que l’un d’entre eux deviendra président de la république…’’
Entre ces entre-faits, il faut encore revisiter le fil de conducteur qui tire et guide les agissements d’une girouette. Car en fait de métier et de qualité, c’était le flop total ; puisqu’il s’est réduit à faire du strip-tease. Et ses opus successifs, un ramassis de copiage et, sont réduits à être distribués à des partisans qui l’aident à gérer les creux de la vague ; au cours de ses prestations saugrenues. Les plus avisés ont ignoré ce guignol qui avec sa gueule de bois, sans registre et musicalité et son orgue de barbarie pré programmé qu’il fait semblant de jouer. Tout en débitant des balivernes. Faisant flèche de tout bois, il s’est hasardé d’interpréter le répertoire du légendaire Achilles Paris dans une production à travers laquelle il atteint le fond du gouffre. Résultat ! Personne n’a acheté ce disque qui était un assassinat de la mémoire de ‘’Ti Paris’’. Ce qui l’a mis dans une telle frustration ; jusqu’à agresser le producteur de l’opus à Flatbush, Brooklyn pour une somme de $200 dollars. Lorsque ce dernier a décidé d’enlever le stock de ses étagères.
Eventuellement, Michel est retourné bredouille dans son campement. Pour renouer avec son cercle et ses commanditaires. Et se raviser de la prochaine posture à adopter. Puisque se montrer le cul n’avait pas fait recette. A l’entame, c’est l’euphorie du mouvement Lavalas qui change le chauve -souris en oiseau de mauvais augure. Et emmène sa directive à lui concocter le morceau : kokoriko pour être à la traine et en bénéficier des retombées de cette progression. Mais, le coup d’état sanguinaire de Septembre 1991 qui a tiré le tapis du changement sous les pas d’une génération éprise de démocratie, est venu pour exposer M.M dans sa vraie dimension de guignol du laboratoire. Et c’est à ce moment précis qu’il fut couronné « Sweet Micky » par le détenteur du nom, le massacreur Michel François. Digne héritier des : Rochambeau, Charles Oscar Etienne, Carpenton, Hanneken, Beach, Butler, Raphaël Leonidas Trujillo, Kébreau, François Duvalier et son armée de tortionnaires. Cette collection d’assassins si on ajoute les : Cédras, Toto Constant, Chambelain, Tatoune, Guy Philippe et tant d’autres qui se sont gorgés du sang des Haïtiens.
C’est dans cette veine qu’il devient le ‘’cheerleader’’, le symbole du putsch qui a causé la mort à plusieurs milliers de paisibles citoyens. Avec des militaires qui s’en donnaient à cœur joie à la chasse, au pillage, aux viols, au saccage, aux vols et la ruine de tout ce qui ne leur ressemblait pas. De plus, Haïti renforce son statut de carrefour de la drogue ; entamé depuis sous ‘’Baby doc’’ (son beau-frère ayant été écroué à cet effet). Ce qui va mettre un interdit de voyage à tout l’entourage des putschistes. Incluant M.M qui s’auto proclame aussi ‘’papa-kaka’’ (Monsieur Merde), il n’a pas froid aux yeux. Il fait aussi partie de ces escadrons de la mort dénommés les ‘’Ninjas’’ des Bigio. Qui s’en allaient chaque nuit terroriser la ville avec des rafales de : uzi, galil et m16 ; aux cris de :’’pas de ti morris’’. Une référence qu’ils faisaient au président en exil J.B. Aristide. Dont on n’a pas le droit de mentionner le nom. En fait, même les afficionados des gageures étaient passibles de crimes s’ils étaient retrouvés avec un coq en main (le symbole du mouvement Lavalas). Qu’ils appelaient de préférence ‘’papa poul’’.
A suivre…