Pleins Feux Sur : Gracia «Tiblada» Delva

« La vocation sans le talent » | (Marchand Dessalines, 1974)

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Gracia «Tiblada» Delva

Définitivement, le prototype de l’acrobate qui sait comment se mouvoir pour atteindre le vedettariat ; nonobstant son manque de talent. C’est dans ce contexte qu’il faut évaluer la trajectoire de‘’Tiblada’’ (argot pour little brother).Un sobriquet qu’il a hérité de ses pairs, lorsqu’il évoluait au « Zenglen ». Bref, tout petit il ressentait déjà le désir de performer. C’est ainsi qu’il se servait pour micro, d’une baguette de pain que vendait sa mère ; commerçante du sérail. Dans le but d’imiter les chanteurs à la mode, pour amuser la galerie et épater les amies vendeuses de sa mère. Lesquelles prenaient du plaisir à ses démonstrations. C’est ainsi qu’en grandissant, se sont amplifiés en lui la vocation de divertir et le rêve de prendre part au show-business. C’est donc Port-au-Prince qui devient l’étape subséquente ; où l’école buissonnière s’est avéré son activité favorite. Tout en entretenant l’idée de devenir adepte d’un ensemble musical.

il sillonne déjà les petites formations ténébreuses avec l’espoir de se faire admettre

Ce qui va l’encourager à faire des apprentissages vocaux ; sachant qu’il n’a point l’étoffe d’un vocaliste attitré. Bien qu’en ces temps-ci, la baisse de qualité dans l’arène de la musique ambiante soit évidente. Dans un pays où le chômage endémique inspirait aux ratés de devenir musiciens pour survivre, Ti Gracia voyait donc la possibilité d’être bonimenteur et équilibriste. En fait, il sillonne déjà les petites formations ténébreuses avec l’espoir de se faire admettre ; jusqu’à se caser dans l’obscur « Gerostar ». Une étape qui lui a permis de s’exhiber et le cas échéant, de faire irruption au sein du « Djakout Mizik ». Encore anonyme et, qui tente de sortir des sentiers battus. A cette intersection, il est encore très mal dans sa peau d’apprentis. Et les premiers tutélaires du Club Bar de l’Air à la rue Capois au Bas Peu de Chose, l’exhortent à être plus entreprenant. Tout en s’attelant à s’accommoder d’un style qui fait feu de tout bois. Dans l’imitation des tics sonores des chanteurs vedettes tels: Cubano, Zouzoul, Cajuste et Harold Joseph qui lui ont inculqué certaines notions vocales. 

C’est ainsi que le jeune luron commence à s’accommoder de son statut de vocaliste. Tout en faisant preuve de présence scénique. Pourtant, le « Djakout Mizik » n’étant pas à ce point un groupe pilier du milieu ambiant, Gracia a donc continué à patauger dans l’anonymat. Tenant parallèlement un petit boulot à ’’Dany Kings’’ une petite boutique vendant des pistolets qui appartenait à l’insolite Dany Toussaint. Jusqu’à ce que le guitariste virtuose Claude Marcelin fut appelé à la rescousse pour remuer la torpeur. Une phase qui va coïncider avec le départ de Delva pour NY. Où jeune immigrant, il passe incognito dans la Mecque du konpa. Ayant eu juste le temps de jouer avec le « Gagòt », un groupe de sous-sol à Brooklyn. Ce qui l’a emmené à prendre le cap vers le Sud, en Floride. Dans un lieu où ses cousins des côtes du Nord d’Haïti ont fait leur campement. Et se bousculaient pour se faire une place au soleil. Entre les différents protagonistes des versions « Zenglen » et « Zenglen Plus », lequel va se muer en « D’Zine ».

S’engageant dans de multiples méfaits qui caractérisent la vie d’un paumé

Il finit par rallier de préférence le « Zenglen » du maestro Brutus, en phase de regroupement, sous l’invitation de Richie Hérard. Une décision qui va lui être très favorable. Car, c’est sous la menée de ce dernier qui est bien meilleur chanteur avec des gammes vocales variées et des pointes de falsetto. Et qui va lui tailler des notes et des textes à sa mesure ; en lui frayant finalement une voie de vocaliste. A partir de l’œuvre à succès ‘’ Easy Konpa’’, doté des titres : tels : 5 dwèt, b.s productions, flannè femèl, tempo, tipoud, dont les reflets réalistes ont atteint tous les suffrages et vont projeter ‘’Tiblada’’ le ventriloque, sous les feux de la rampe. Dans une communauté qui lui sied bien ; c’est la consécration de Gracia auprès de ses régionalistes qui font de lui l’enfant gâté du ‘’sunshine state’’. En plus, les lasers qui s’ensuivent : ‘’Let it groove’’ et ‘’Do it right’’ avec : à bon d’accord, 5 kontinan, sa bebe a di, our love is for ever, dyòl pwès, fish bòlèt, lanmou pa konn dyaspora, ewo, kontwòl, vakans etc. l’ont aidé à maintenir l’élan.

Bien que du haut de son stardom, ‘’Tiblada’’ commence à atteindre la grosse tête. Frôlant  de plus en plus la délinquance, refusant de se mettre en règle avec les lois du pays, tout en se croyant en territoire conquis. S’engageant dans de multiples méfaits qui caractérisent la vie d’un paumé. Jusqu’à faire violence sur les femmes. Ce qui va le mettre en contravention avec les autorités. Et lorsqu’il se croit malin pour voyager en dehors du pays muni d’un faux passeport. Il fut tout simplement appréhendé par les agents de l’immigration états-unienne, de retour d’une tournée en France. Refoulé vers l’hexagone par l’immigration E.U, il n’a eu d’autre choix que de retrouver sa terre natale. Où il est reçu en triomphe par la grande presse, la confrérie musicale et les milieux maffieux dont Ti Kétant. Comme lui, un ancien déporté qui lui donne une somptueuse demeure à Belvil et une jeep Humer pour vaquer. Bien qu’elles vont lui être enlevées, après l’arrestation illégale de ce dernier par des forces états-uniennes.

À suivre

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