Claude Montreuil pour sa part s’est installé en pianiste convenu, après avoir émergé d’une lignée de claviéristes innés. Dominé par le patriarche Roland Montreuil, lui-même formé à l’école de cette grande tradition pianistique haïtienne. Et qui s’est fait le devoir d’inculquer à ses progénitures les dessous du clavier ; qu’ils se nomment : Edouard, Rolande, Nathan, Gérald, Guy, Charles. Et parmi lesquels, Claude qui reste le plus remarquable. Du fait d’un toucher tout à fait élaboré lui ayant permis de s’élever au- dessus du lot. Ce qui lui a autorisé de se faire remarquer par le milieu ambiant qui réclame déjà son expertise. Entre les collaborations éphémères dans des groupes obscurs ; pour finalement faire sa grande rentrée au sein du groupe « Zotobre » au beau milieu des années soixante-dix.
En compagnie de sommités musicales telles que : le légendaire Wébert Sicot, l’excellent batteur Almando ; sous l’initiative du fameux guitariste Serge Rosenthal, dans sa tentative de moderniser la meringue traditionnelle haïtienne, tombée en désuétude depuis la fin de cycle du kadans ranpa, à la dominance de la génération mini. En mettant en évidence son doigté de claviériste surprenant au swing allégorique ; fort d’un toucher ponctué de dessins mélodiques et de nuances combinées qui l’ont imposée comme une valeur sure de la filiation des seventies. Cependant, l’itinéraire de cet orchestre emblématique étant de courte durée, du fait qu’il n’y avait vraiment pas assez de promotion pour son épanouissement. De plus, l’initiateur Sergo avait lui-même d’autres chats à fouetter, pour en faire une priorité.
De ce fait, l’étape précédente retrouve Claude en pleine réactivation dans l’élaboration de la germination post-mini ; comme membre fondateur du groupe « Scorpio ». A la sortie de l’œuvre introductive : « Ansanm Ansanm », fleurie d’une pléiade de titres comme : tacumbe, men sigaw, pwisans pam, tande, konfesyon, pa kole (meringue carnavalesque). Lesquels il a illuminé de ses effets schématiques, combinant à la fois l’orgue, le piano et le synthétiseur ; au gré de nouvelles données qui allaient systématiser les sonorités en vogue de la deuxième moitié de cette décade. Et une ascendance naturelle qui l’a mis dans le collimateur des gens du show-business ; qui de New-York sont venus l’engager pour une autre aventure annoncée à coups de publicités et de sensationnalisme.
Donc, après seulement le temps d’un album avec le « Scorpio », Claude Montreuil s’est retrouvé soudainement à New-York au sein du nouvellement formé : « Astros » de New-York, géré alors par l’homme d’affaire influent George Francis. Et dont le protégé, talentueux et turbulent Arsène Appolon, à peine bouté du « Skah-Shah », est au commande; promettant de faire des vagues. Pourtant, malgré la présence de « Timanno », l’apothéose s’est transformée en eau de boudin. Et Arsène qui s’en est allé se faire « rebouter » avec le « Skah-Shah ». Malgré tout, Claude en profite pour faire des siens dans les hits: Manouchka, Bingo, Up to date ; scellés de ses subtilités harmoniques et son approche syncrétique. C’est ainsi qu’après l’effritement du groupe « Astros », il rallie le « Wanga Nègès » du maestro Assade Francoeur.
Dans une nouvelle association qui l’astreint à réorienter son style dans un genre au reflet bucolique. Avec la cadence koupe qu’explorait cet ensemble qui n’a pas pourtant fait du chemin. Du fait que Assali ait décidé soudainement de rentrer au bercail ; retrouver l’ « Ensemble Select », pour un second stint. A ce carrefour, Claude est allé bosser pour un « Accolade de N.Y », en mutation, tout en montrant encore des pulsions créatrices. A la prochaine étape, il est à la tête de son « Konpamania », qui n’a existé que l’espace d’un cillement. Sans omettre une initiative ‘’en solo’’ avec l’œuvre : ‘’Verite sou tanbou’’, dans des morceaux comme : delivrans, malgre tou sa, voyaj fòse, elt. En prospectant une approche toute en gémination avec des katas enflammés sous l’entrain du maskawon et un lyrisme engagé. Laquelle fut son ultime baroud ; entre quelques collaborations fortuites, avant d’entrer dans un long sabbatique.