Le lundi 3 juillet 2009, des centaines d’ouvriers ont manifesté au Parc industriel en faveur du salaire minimum de 200 gourdes et contre les abus dont ils sont victimes des patrons. C’était donc un prélude à la grande manifestation du mardi 4, qui a vu des milliers d’ouvriers partir de la Société Nationale des Parcs Industriels (SONAPI) pour aboutir au siège du Parlement haïtien au Bicentenaire oú une séance réunit, un peu plus tard, les députés sur l’objection faite par le président Préval à la loi sur le salaire minimum.
Chemin faisant, d’autres milliers de personnes ont grossi les rangs des manifestants, des victimes immédiates de l’application du néolibéralisme : travailleurs de la Téléco, du SMCRS, de l’APN etc. et aussi des étudiants de la Faculté des Sciences Humaines.
Les slogans qui rythmaient la marche, étaient : vive la salaire minimum de 200 gourdes. A bas l’esclavage, entre autres. Sur la place des Nations-Unies, les manifestants se sont adressés aux parlementaires leur demandant de rejeter l’objection faite par le président Préval à la loi prévoyant un salaire minimum de 200 gourdes. Ils exigent de ces parlementaires qu’ils accomplissent leur mission conformément à l’équité et à la justice. Dans la mouvance populaire, des drapeaux qui flottaient sur la place étaient descendus, les manifestants s’apprêtaient à les déchirer, mais l’intervention des forces de sécurité : le CIMO et des soldats des forces de l’occupation d’Haïti, la Minustah, les en ont empêché. Au gaz lacrymogène utilisé pour les disperser, ils ont riposté à coups de pierre. Il en est résulté des personnes blessées. Un reporteur du journal Haïti Liberté a avoué avoir vu un caméraman, Dario Louis, de Télémax frappé à la bouche par une pierre. Les bâtons des policiers du CIMO ont aussi fait deux blessés légers, selon ce même reporteur dans les rangs des manifestants.Voilà donc, c’est toujours les forces de sécurité qui sèment le désordre, surtout quand la population vulnérable défend ses droits légitimes. Ainsi se justifie la présence des forces de la Minustah en Haïti pour sauvegarder les intérêts des riches contre les pauvres.
Cet accrochage n’a pas découragé les manifestants, qui à chaque dispersion se sont toujours rassemblés pour pousser leurs revendications. Ils ont critiqué le chef de l’Etat haïtien, l’accusant de trahison au profit des bourgeois. Cette manifestation conduite par les ouvriers de la sous-traitance, a dévoilé le drame fait à ces hommes et femmes par des bourgeois d’ici et d’ailleurs, sup-portés par un gouvernement qui méprise les normes les plus élémentaires des droits des ouvriers.
Ces travailleurs ont dénoncé les humiliantes conditions de travail avec un salaire de la honte, incapable absolument de répondre aux exigences de leur vie. Ils ont tout dit au cours du parcours du SONAPI jusqu’au siège du Parlement au bicentenaire. Cette manifestation des ouvriers de la sous-traitance haïtienne, avec toutes les revendications qu’elle a soulevées, était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Tandis que les exploiteurs d’ici et d’ailleurs, fondaient leur propagande mensongère pour maintenir un salaire minimum de la honte, sur « l’indifférence des travailleurs ». Ces derniers, acteurs décisifs de la lutte, ont surgi pour dire leurs mots. Ces mots ont été dits de manière claire et précise au président Préval, à son gouvernement, aux bourgeois et aux puissances occupantes. « Nous ne reprendrons pas le travail, tant que le salaire minimum de 200 gourdes, n’aura pas été voté ». Contrairement aux exploiteurs qui croient que les ouvriers sont des idiots, des bêtes à manger de l’herbe, la manifestation du mardi 4 Août 2009 en mobilisant tous les ouvriers de la soustraitance, prouve qu’ils ont une conscience claire de leur situation. Les ouvriers haïtiens doivent poursuivre la lutte jusqu’à la libération du joug du néolibéralisme, ce système de malédiction et de mort des peuples. Le mouvement ouvrier du 4 Août 2009 prouve que les ouvriers sont assez mûrs pour gérer leur mouvement, pour la conduire vers une nette amélioration de leurs conditions de vie. C’est une évidence que les vieux syndicats qui ont sacrifié les revendications des masses, ne sont plus de mise.
Ce sont des fétiches morts, assassinés par la clairvoyance des ouvriers. Qu’ils gèrent enfin leur combat pour que leurs revendications triomphent ! Malheureusement les députés n’ont pas tenu leur vote antérieur de 200 gourdes, soit $5.00 US. Influencés par la bourgeoisie patripoche et leur représentant à l’exécutif, ils ont rabaissé le montant à 150 gourdes soit $3.75 US, alors qu’en République Dominicaine le salaire est actuellement de $9.00 US En ce sens, les députés ont voté le rapport de la commission des affaires sociales qui préconisait la «solution médiane» à l’objection présidentielle de 125 gourdes et à la loi de 200 gourdes. «Il s’agit d’un vote réalisé dans l’obscurité et dont les grandes victimes sont les ouvriers», s’est plaint le Député de Pétion-Ville, Steven Benoît.
Hervé Jean Michel