Il est tout à fait évident que l’impérialisme mondial ayant à sa tête les Etats-Unis d’Amérique n’a jamais désarmé ni désespéré dans sa persistance à fouler aux pieds jusqu’aux droits les plus élémentaires de notre peuple. Cependant, l’histoire des peuples en lutte démontre avec force, conviction et détermination cette vérité essentielle à savoir que l’oppression d’une force d’occupation et d’exploitation imposée par les hordes impérialistes et colonialistes peut freiner ou même retarder pour un certain temps l’évolution d’un peuple ; mais ne peut l’empêcher, en dernière instance, de réaliser ses aspirations légitimes.
Dans le cadre de pacifier le pays haïtien pour le réduire à sa plus simple expression, de nouveaux efforts sont toujours en cours ainsi que des manœuvres de manipulation dans le sens de Washington pour essayer de résoudre la crise électorale selon le vœu impérialiste de consolider la continuité du régime de Michel Martelly de sorte qu’il retienne ses assises dans le pouvoir. Cette position finira-t-elle par prévaloir suite aux résultats préliminaires du CEP selon un plan mettant Jovenel Moise en première place. Et c’est de là qu’est né le slogan de « Coup d’état électoral contre le peuple haïtien »; mais cet événement tragique ne relève pas uniquement des dernières mascarades électorales comme veulent nous le faire croire des protagonistes mêmes de ce coup.
En effet, le coup d’état électoral, qui fait la une de l’actualité, n’est pas né après le 20 novembre 2016. Ce processus était en marche depuis le 9 aout 2015, puisqu’il nous a légué un Parlement croupion avec des parlementaires champions des coups les plus tordus et qui n’ont jamais été réellement élus. Sauf que, pourtant, tous les partis qui crient maintenant « au voleur » sciemment font partie de ce Coup d’Etat qui n’est autre que trahison et même coup de poignard au dos du peuple haïtien, puisqu’ils cautionnent un Parlement fait de dangereux trafiquants, de bandits, de mercenaires, de tueurs à gages et de voleurs de grand chemin. Qui pis est, Joseph Lambert et Guy Philippe pourraient venir les rejoindre en Janvier prochain de sorte que le crime soit pleinement consommé. Et cela ne leur fait ni chaud ni froid !
Diverses offensives ont été menées pour aboutir à cette impasse et nous n’avons pas du tout entendu, même une fois, une quelconque réaction allant dans le sens contraire. Ce ne fut en somme que refuser de représenter les masses populaires ou de faire soi leurs revendications. Tout d’abord, il n’y a eu aucune contestation quand les experts du PNUD formés aux théories capitalistes de domination ont décidé catégoriquement et avec beaucoup d’arrogance que les bulletins électoraux seraient imprimés à l’extérieur du pays ; témoignant ainsi de surcroit et sans nul doute de leurs intérêts et de leur volonté d’orienter, d’influencer et de contrôler le processus. Aucun parti politique n’avait levé le petit doigt de contestation pour appuyer le directeur des presses nationales dans son initiative pour que les bulletins soient imprimés en Haïti, de façon à créer un petit boulot pour bien des gens au chômage. Quel nom donner à cette position antinationale, quand les partis politiques appelés à diriger le pays, acceptèrent tout bonnement le diktat des forces internationales au détriment des besoins du peuple haïtien qu’ils prétendent défendre ? A ce moment précis, aucun d’entre eux n’avait vu un acte d’ingérence dans les affaires intérieures du pays ; en d’autres termes ils préparaient eux-mêmes le coup d’état qu’ils dénoncent maintenant.
De nombreux autres exemples peuvent être évoqués pour illustrer la participation de nos régimes dans le malheur du pays. Ainsi tout pouvoir politique qui abandonne son peuple à la misère et à la pauvreté entretient toujours des conciliabules, des liaisons quasi chimiques avec les acteurs politiques de l’international réactionnaire ; ce que confirme le flirt de nos dirigeants avec les chancelleries étrangères. Ce comportement indécent de nos politiciens montre clairement que les affaires du pays et du peuple ne les concernent pas; sauf quand ils sont eux-mêmes menacés ; lorsqu’ils s’aperçoivent que leurs rêves, leurs ambitions peuvent se volatiliser.
Accepter, ensuite, de participer à une quelconque élection quand nous savons que le peuple sinistré, victime du cyclone Matthew n’y a aucun intérêt et pense à autre chose, est pour le moins indécent. N’est-ce pas là une autre preuve que nos dirigeants n’ont aucune confiance dans les forces populaires, ils ne croyaient pas dans leurs votes et c’est pourquoi leur rôle néfaste était inscrit en filigrane dans ce «coup» post Matthew pour les forcer à accepter n’importe quelle solution. N’est ce pas là alors, cautionner un cas de coup d’état électoral ou participer à un coup d’état contre le peuple.
Quelle suprême ironie d’entendre les uns et les autres tirer à boulets rouges sur les élections présidentielles, quand les Législatives ne semblent guère les concerner. Ils font semblant de ne pas comprendre que n’importe quel candidat choisi pour occuper le Palais national aura à se présenter au Parlement devant les «Honorables» députés et Sénateurs dont la majorité sont des délinquants patentés ; parmi eux des assassins ! N’est ce pas une autre preuve tangible que ce qui les intéresse le plus, c’est bien le pouvoir, préférant collaborer avec les pires ennemis du peuple au lieu de les combattre. En un sens, quel que soit l’«élu» qui acceptera de franchir les marches de ce Palais en ruine au Champ de mars dans des conditions aussi déshonorables, il illustrera un cas bien clair de trahison qui le ferait réussir sans le peuple, à commencer par le candidat du PHTK et sa bande de coquins.
Dans cette conjoncture où le peuple a totalement boudé les élections, n’a-t-il pas tout rejeté pour dire à tous les concernés qu’il est contre tout projet de reformer ou de réformer cet appareil d’Etat pourri et corrompu que l’impérialisme veut nous imposer de force pour continuer à diriger notre destinée.
A ce stade, une conclusion s’impose et elle est simple. Dans ce jeu brutal, inique et cynique, on ne peut rien attendre de cette classe politique qui ne respecte pas les droits sacrés de son peuple. À la lumière du comportement mesquin et malsain de ces dirigeants, il faut se convaincre finalement que le peuple haïtien n’est pas aussi dupe qu’on le pense. Ceux et celles qui sont vraiment dupes, ce sont ces hommes et femmes à mentalité toujours colonisée, qui lient leur sort aux forces du mal, pratiquant ainsi une politique mystificatrice, désacralisant la cause haïtienne.
A ce carrefour, le peuple haïtien exploité et opprimé doit coûte que coûte se réveiller pour s’engager dans un vaste mouvement de libération nationale qui viendra frapper aux portes de ces faux dirigeants et de ces réactionnaires pour leur demander des comptes sur la tragédie du pays et leur faire payer le prix de leur rançon et de leur trahison.