Un piège se referme sur le pays suite, à l’incapacité de ce nouveau régime à délivrer quoi que ce soit aux masses populaires. Il ne peut même pas tenir ses promesses électorales. Sans aucune direction le pays se précipite dans une tension sociale et un malaise général qui ne peuvent favoriser qu’une dégradation des conditions de vie des populations. Ces considérations seraient incomplètes sans y associer la visite de deux jours au pays du secrétaire général adjoint de l’Organisation des Etats Américains, Albert Ramdin, lui qui avait profité de son court séjour pour saluer la désignation de Conille et dire espérer que ce choix soit ratifié, afin que le pays puisse avoir un nouveau gouvernement.
Depuis l’avènement de Martelly, la situation sur tous les plans ne fait que se détériorer avec une effrayante constance. La déliquescence de tous les secteurs d’activité a atteint son point culminant dont le malaise scolaire n’est qu’une illustration maintenue jusque là par un odieux climat de terreur entretenu par la tristement célèbre force sanguinaire d’occupation de la Minustah. Et c’est un vaste mouvement de refus qu’annoncent les récents événements qui agitent un peu partout le pays. Le régime est aux abois et il est évident que chaque jour qui passe hypothèque un peu plus ses chances de survie.
Le choix de Garry Conille viendrait entacher davantage l’image du pays ; un choix qui ne ferait que consolider les intérêts des multinationales pour l’établissement du protectorat d’Haiti par les Etats-Unis sous couvert des Nations-Unies, et assurer la continuité de la politique commencée par les valets de Préval, l’équipe de faucons de la Plateforme Inité au Parlement. Un des chefs de file de ce mouvement, le sénateur Lambert a estimé nécessaire que le pays soit doté d’un gouvernement dans les prochaines semaines. Une déclaration qui semble t-il est le fruit de la rencontre, la semaine dernière, de l’ambassadeur des États-Unis, Kenneth Merten, avec le Groupe des parlementaires pour le renouveau (GPR). Ce n’est pas sans raison également que l’ancien président américain Bill Clinton a battu les sentiers du parlement pavant la voie à son poulain en s’entretenant avec le président et le vice-président de l’Assemblée Nationale haïtienne, ainsi que des parlementaires. En fait, c’est Clinton qui a négocié comme exécutif haïtien le choix du Premier ministre pour seulement laisser simplement à Martelly le soin de l’annoncer publiquement. Un rôle subalterne de toute évidence.
En toute honnêteté, si Garry Conille passe le cap, ça va être un exemple flagrant de violation grave de la Constitution de 1987 par Martelly et les parlementaires au service des multinationales.
En fait, au delà de toute spéculation émotive et partisane, l’équation Conille Martelly, si elle ne peut pas se balancer, ce n’est pas du fait que Martelly et Conille soient sur des positions différentes, loin de là. Martelly possède les atouts du secteur macoute, tout comme Conille s’y complaît. Leur seule différence va être, qui d’entre les deux sera plus apte à servir les intérêts de l’impérialisme, surtout dans le cadre de la commission Intérimaire de Reconstruction d’Haiti (CIRH) ? Le peu d’intelligence qui reste à Martelly, devrait lui faire éprouver de l’indignation à voir que malgré tout ce qu’il a offert à Clinton, il n’est pas arrivé à le convaincre de lui laisser les mains libres pour choisir son propre subalterne de Premier ministre. Avec pour résultat que ce sera lui qui jouera le rôle de restavèk à la place de Conille.
Comme maints dirigeants haïtiens, les locataires du Palais national pensent pouvoir toujours faire du marronnage et jouer avec les forces impériales ou, le cas échéant, leur porter un mauvais coup à titre de revanche. Alors pour se donner bonne conscience d’avoir fait quelque chose, les conseillers de Martelly le poussent à utiliser le viol du jeune haïtien par les soldats uruguayens pour intensifier un nébuleux retrait des forces de la Minustah, quand l’une des personnes en ligne de front de ce projet est le sénateur Youri Latortue, opposé lui-même à l’option Conille et qui s’est illustré dans des déclarations démagogiques lors d’une manifestation à Port Salut contre la Minustah.
Martelly dans cette optique semble catégoriquement opter pour la réduction des forces de la Minustah, afin de faciliter la tache de mettre sur pied une autre force armée macouto-militaire pour satisfaire sa clientèle macoute. Les pirouettes oratoires de Martelly ne sont pas réellement pour le renvoi définitif des forces occupantes mais pour en arriver à mettre sur pied une armée répressive à l’instar des volontaires de la Sécurité nationale de Papa Doc et des Léopards de Baby Doc contre les masses populaires. Façon de faire du chantage auprès de la bourgeoisie et de dire à l’impérialisme : nous pouvons faire le travail de répression pour vous. N’a-t-il pas déjà si bien signalé que sa détermination à former une force armée est en vue de renforcer le climat sécuritaire ? Et que son rôle sera crucial dans le cadre des efforts, visant à attirer les investisseurs étrangers. Pour l’histoire rappelons que le pillage systématique et la braderie éhontée du pays n’ont été possibles que grâce à une répression barbare et multiforme.
Ainsi, pour amadouer la Communauté Internationale, Martelly met en exergue que le budget de la nouvelle force publique avoisinera les 25 millions de dollars annuellement, une somme dérisoire comparée à celle de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (Minustah) qui dispose d’un budget de 864 millions de dollars par an.
Nous sommes tout à fait clairs, ces réactionnaires au pouvoir peuvent bien militer pour la réduction des forces de la Minustah, mais nous autres du secteur progressiste et les organisations populaires qui aurons à prendre les rues, nous luttons pour la désoccupation totale et complète du pays que n’encouragent guère ni Martelly à la présidence ni sans doute Garry Conille à la Primature.
Non aux forces occupantes ! Non à l’armée macoute de Martelly !