
« L’erreur est humaine, la persévérance est diabolique », dit le vieil adage latin. Cela est d’autant plus vrai dans ce contexte de crise politique, économique et sociale qui dure depuis trop longtemps dans le pays.
Depuis trop longtemps, les masses populaires se sont laissées tromper par des politiciens traditionnels aux slogans creux comme programmes politiques. Les principaux partis politiques, sans exception, au lieu d’organiser les masses, préfèrent les duper. C’est une façon pour les masses opprimées de ne jamais pouvoir identifier leurs ennemis de classe. En réalité, les masses populaires ont été manipulées par ceux-là mêmes qui prétendent les guider politiquement.
Prenons comme exemple tous les partis ou plateformes politiques qui composent le Conseil présidentiel. Ils ne sont rien d’autre qu’une bande de mercenaires propulsés au pouvoir pour ternir l’image du pays. Le plus triste, c’est qu’ils continuent de bluffer le peuple sous de faux prétextes. Fanmi Lavalas, pour sa part, a publié des notes dénonçant son représentant Leslie Voltaire en prétendant se dissocier de lui. Quel mensonge éhonté, puisque le parti est plus susceptible de soutenir le gouvernement au sein duquel il détient fermement le portefeuille des Travaux publics, des Transports et des Communications. Malgré cela, il continue de se plaindre du manque de postes de directeurs généraux.

Le groupe Montana a appliqué la même formalité en ce qui concerne Fritz Alphonse Jean, tandis que la majorité des membres du mouvement s’amusent et savourent avec gourmandise le gâteau mielleux de l’État haïtien avec leur président. Le chef du Parti Pitit Desalin, Moïse Jean Charles, quant à lui, n’a jamais démontré la moindre opposition à l’encontre de son pion Emmanuel Vertilaire, mais il a manifesté son insatisfaction du fait d’avoir obtenu des postes non rémunérés. Que peut-on attendre de ces mercenaires de tous bords, sinon un échec retentissant de cette transition collégiale ? De toute évidence, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a prouvé qu’il ne peut ni rétablir la sécurité ni organiser des élections cette année, conformément à l’accord politique du 3 avril 2024.
Dans le même esprit, pour continuer à servir le patron impérialiste, d’autres opportunistes de cette classe politique font tout leur possible pour imposer une nouvelle formule, celle d’une nouvelle transition par la Cour de cassation, mais qui aboutira au même résultat : bloquer la voie vers la situation révolutionnaire et liquider la lutte des masses pour une transformation radicale. Cependant, l’autre courant au pouvoir ne sera pas en mesure de respecter l’échéance du 7 février 2026, ni même d’améliorer le climat sécuritaire dans la zone métropolitaine et dans les autres départements du pays.
Face à cette situation, la relance de la mobilisation populaire est essentielle. Cette nouvelle résistance, bien que timide, doit exiger catégoriquement le départ du Conseil présidentiel de transition décrié, terni par des tentatives de corruption.

Pour éviter toute confusion, soyons attentifs aux revendications des masses populaires qui ont privilégié la sécurité à l’amélioration de leurs conditions de vie et à l’accès aux services sociaux de base. Les organisations populaires doivent être vigilantes afin que l’impérialisme américain et ses laquais locaux ne récoltent pas les fruits de leur lutte pour le changement. La solidarité des autres villes de province est nécessaire, et l’organisation de la résistance est impérative. L’avant-garde doit préparer des cahiers de revendications pour les masses insistant sur le fait qu’elles veulent une transition de rupture, et non une transition par la Cour de cassation. Qu’elles exigent un gouvernement de sécurité publique avec ses représentants authentiques et un programme minimum pour répondre aux besoins fondamentaux.
Le pays en a assez de ces élections frauduleuses aux coûts astronomiques. Les masses n’ont pas besoin d’élections ; seule une véritable révolution peut garantir l’existence même de la nation. Les 60 millions de dollars alloués par le Conseil présidentiel de transition pour l’organisation des élections pourront être utilisés pour des programmes d’aide aux personnes déplacées dans la zone métropolitaine et les départements du Centre et de l’Artibonite. Les problèmes d’Haïti sont structurels et nécessitent des solutions structurelles, et non des demi-mesures temporaires. La richesse nationale doit être redistribuée, l’éducation doit être repensée, l’économie doit être planifiée en fonction des besoins des masses et la sécurité nationale doit être repensée en fonction de notre souveraineté et de notre indépendance nationales.
Tout doit être redistribué ; seule une révolution socialiste peut nous libérer du sous-développement chronique et de la domination politique, économique et militaire des puissances occidentales et de leurs institutions internationales. Le défi auquel sont confrontées les masses haïtiennes aujourd’hui est de mettre fin au système capitaliste. L’heure de la révolution socialiste en Haïti est venue, dans le cadre d’une lutte de libération nationale. Autrement, tout le reste n’est que démagogie.