Cher Leslie Péan,
Merci de mieux éclairer mes yeux sur vos immenses connaissances historiques, tactiques et stratégiques. Je suis franchement bluffé. Cependant, je regrette que vous n’ayez pas eu l’éthique et la probité intellectuelle de débattre sur les raisons de mes doutes sur votre évangile à 11 versets. A date, vous avez réussi à faire de moi un allié objectif d’Ariel Henry, parce que je dis qu’on ne peut pas remplacer l’illégitime par l’illégitime. Vous avez établi avec force certitude que tous ceux et toutes celles qui sont contre ces alliances nauséabondes, que nous avons pratiqué par marronnage depuis 220 ans, sont des réactionnaires, des vendus et autres emmerdeurs professionnels. C’est cette même alliance que d’autres ayant votre renommée nous avaient vendue en 2004. Ne pas faire cette évaluation avant de venir nous la renouveler a quelque chose de profondément insignifiant.
Grâce à vous, je comprends mieux pourquoi Aimé Césaire avait affirmé “dans ses entretiens avec Françoise Vergès : « J’ai rencontré des intellectuels haïtiens, souvent très brillants, mais c’étaient de vrais salopards” (cité par Jean Jonassaint, Césaire et Haïti, des apports à évaluer, 2013). Moi je ne vous ferai pas cette insulte. Je ne contre argumenterai pas, car il y a trop de failles béantes dans votre analyse et trop d’absence de probité envers mon argumentation sur votre rhétorique pleine de sophismes. Je croyais que vous saviez que même en mettant bout à bout 10 vérités qui ne soutiennent pas les prémices de votre argumentation, il n’y a pas de cohérence qui tienne. Vous avez demandé de faire confiance à Guy Philippe pour faire la révolution, je vous ai dit, donnez-nous une seule preuve qui rattache Guy Philippe à un passé d’engagement révolutionnaire et qui autorise à lui faire confiance, au-delà de son appel à se joindre à lui, et vous m’avez sorti vos innombrables connaissances de l’histoire, et la tactique et de la stratégie. Je m’attendais même à ce que vous ajoutiez que vous descendiez d’un arrière grand parent qui avait fait la bataille de la ravine à couleuvres. Néanmoins, J’applaudis, je suis charmé. Mais, ce que vous venez de faire s’appelle du sophisme: un raisonnement faux sous des parures de vérité.
Pourtant, comme j’ai du respect pour vous et ne doute pas, malgré nos divergences sur ce point, de votre engagement pour le pays, je vais vous prouver ma bonne foi, en constatant n’ayant moins que vous n’avez pas fourni dans vos deux articles un seul fait qui mérite qu’on fasse confiance à Guy Philippe pour transformer le pays. C’est l’absence de preuve de cette confiance qui fait de vos mille arguments historiques valables (voyez je suis plus honnête que d’autres) pour renverser Ariel un évangile reposant sur la bonne parole de Guy Philippe : Vous êtes mes brebis, je suis votre pasteur, suivez-moi. Mais malgré cette absence de preuve, je me rallie à votre évangile, pour prouver ma bonne foi. Mais à une seule condition: Puisque j’ai confiance en vous, puisque vous avez étalé de si grandes compétences tactiques dans vos deux articles, puisque je ne fais pas confiance à Guy Philippe et à ses troupes, pour leur passé, venez les rejoindre sur le terrain pour prouver que vous croyez en ce que vous dites, venez prendre le co-leadership de ce mouvement, quittez votre confort à l’étranger, venez affronter l’enfer et les précarités du quotidien, afin de mieux nous convaincre de la vérité de votre évangile. Et seulement là, je vous prendrai au mot.
Erno Renoncourt, votre ardent et zélé fidèle,
Amen.
PS: Je vous laisse le soin éthique de transmettre à vos amis de Alter Presse cette brève réponse pour la diffuser aussi.
Erno Renoncourt
Citoyen Haïtien Indigné, Insoumis, Insolent