Mille questions et incertitudes

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Les membres du Conseil Electoral Provisoire de Léopold Berlanger. Bèbèr – le p'tit nom jwèt de Berlanger – ce dernier est-il venu mettre abcès sur le clou de Pierre-Louis Opont ?

 

Le titre de ce texte n’est pas pour me soupçonner d’alarmisme, de défaitisme, de dépressionisme, de neurasthénisme, d’adynamisme, de pessimisme, voire de catastrophisme. Bien au contraire, je me considère un optimiste. C’est plutôt la situation malouk du pays, le mal-être de la société haïtienne, l’équilibre chancelant sur le fil d’acier des rigueurs de la vie qui me pousse à mettre un peu d’eau dans le vin de mon optimisme, un bémol à mes élans d’espoir d’une évolution favorable, positive de la dynamique politique en cours en Haïti.

On ne peut que se poser mille et une questions, pourtant on n’en voit pas encore la réponse. On a beau scruter l’horizon, on n’aperçoit que de lourds nuages d’incertitude. C’est à croire que les hasards de l’existence sinon l’incurie même des responsables, politiciens  et membres de la société civile, ont jeté un madichon, un mauvais sort sur le pays. Plus on s’interroge, plus on interroge les analystes, les directeurs d’opinion, les experts en ci et en ça, plus on s’aperçoit que c’est un tohu- bohu à vous donner le vertige, à vous enlever votre «bon ange».

Pour illustrer le propos, considérons  l’insupportable cohue à l’intérieur des bureaux de vote (BV), lors des élections croupionnes de 2015: un cauchemar suffocant, une cour des miracles bondée au point où superviseurs, agents de sécurité, agents doubles, vrais mandataires des partis, faux mandataires, faux jetons, faussaires, fausses couches makak, observateurs locaux, espions, fèzè, tchòtchòwè, tchòtchòwèz, observateurs internationaux se marchaient dessus. On croirait  le CEP de Berlanger venu mettre de l’ordre dans ce bordel électoral. Hélas!

Bèbèr – le p’tit nom jwèt de Berlanger – est venu mettre abcès sur le clou de  Pierre-Louis Opont. De concert avec ses coreligionnaires CEPistes, il a ajouté plein d’autres mecs dans les BV. Il les a baptisés du joli nom d’«Observateurs communautaires» (OC). Mèsi, parenn Bèbèr. Assurément, à force d’imagination, Bèbèr nous a laissés bèbè, baba, pantois, médusés, étonnés, bouche-bée. Je soupçonne qu’il devait avoir à l’idée que plus on est de fous, plus on s’amuse. Tu parles d’une folle «innovation»! Or ce sont ces mêmes organisations participant depuis toujours à tous les processus électoraux, à différents niveaux, qui vont envoyer ces OC. La Coalition d’Organisations pour l’Observation Electorale (COE) à elle seule a déjà formé et disséminé environ 1800 observateurs à travers tout le pays pour un quadrillage observatorial des élections supposées avoir lieu le 9 octobre 2016. Ils vont s’ajouter aux mille tchòtchò, mandataires des partis et autres ouistitis en charge des urnes. On s’imagine le nombre de zouaves, de Pierrot (ces personnages de la comédie italienne), de plenkay entassés comme des sardines dans les BV. Ba yo, Bèbèr! Donne-leur, Bèb!

Toujours sous cette rubrique électorale lourde d’incertitudes, voilà que s’amène Evans Paul, alias K Plume (KP), cet acrobate patenté du cirque politichien, frère couronné et damné de Martelly, ce dernier, lui-même enfant maudit mais chéri de «crooked Hillary», Hillary la véreuse, la mal apprise, la vagabonne, la friponne, la félonne, la coquine, la malandrine, la vermine de Bill. La prise de position éculée, tapageuse, rageuse, outrancière, fracassante, provocante, gueularde, braillarde de KP en faveur de Jovenel Moïse force à se poser mille questions.

Que sait l’animal? La malpouwontèz Hillary, bien avant sa pneumonie, lui aurait-elle désigné l’anguille jovenelle sous la roche berlangère? Une équipe mafiate franco-germano-canado-américaine se serait-elle déjà infiltrée au sein du centre de tabulation comme des araignées complotardes venues pou yo touye le processus de comptabilité des voix? Berlanger aurait-il subi une métamorphose Pierre-Louis-Opontine qui l’aurait livré pieds et poings liés aux charmes diabolo-méphistophéliques du billet vert?  La porte-parole du CEP, madame Nicole Siméon, aurait-elle envoûté ses coreligionnaires en leur faisant avaler une potion ensorcelante, bien montée à base de banane jovenelle pour diriger le vote dans un sens PHTKiste? Autant de questions tracassantes, tourmentantes, turlupinantes, vrillantes, taraudantes, vilbrequinantes, chargées d’incertitudes en ce qui a trait aux réponses.

Pour revenir à nos moutons, enfin, au sanglier KP, voilà qu’il s’est mis à grommeler: «Il [Jovenel] a mon support parce qu’il est naturellement un représentant authentique du peuple; il a été victime d’une injustice politique; il est en train d’être stigmatisé à cause de son origine paysanne. Il est aujourd’hui aux yeux de la majorité des Haïtiens une alternative fiable et viable, capable de sortir le pays de l’impasse politique dans laquelle il se trouve ». Un peu plus, le malandrin laisserait tomber un masque noiriste. Du blablabla à tout casser. Une boulshitude digne de l’homme qui a démérité d’un passé de militant victime de la satrapie avriliste.  KP le sait bien: être d’origine paysanne ne fait pas forcément de quelqu’un un  «représentant authentique du peuple» défendant les masses opprimées. Examples: Jean Baptiste Conzé, Eloïs Maître, Ti Bobo, Ti  Boule, Orcel, Justin Bertrand, Madame Max Adolphe. Par contre on peut ne pas être d’origine paysanne, on peut même être d’origine bourgeoise, et être un défenseur authentique des catégories opprimées, tels Jacques Roumain, Jacques Alexis, Anthony Lespès, Etienne Charlier, Gérald Brisson, Yanick Rigaud, Max D. Sam, Antoine Izméry. Que K. Plume aille se faire foutre!

Les Haïtiens répètent sans doute depuis les temps benmbo que les affaires des nègres ne sont pas petites, ce sont les jambes de leur pantalon qui sont étroites. Affaires au sens général du terme et aussi au sens politique. Pourtant, à voir le récent macornage entre Jude Célestin et trois autres pontes du zoo politique haïtien, Sauveur Pierre Étienne, Eric Jean-Baptiste et Steven Benoît, on serait porté à croire que Jude a ses jambes de kanson pas du tout étroites. Bien au contraire, il les a plutôt  larges au point qu’il a pu accommoder trois candidats à la présidence déçus de n’avoir pas pu grimper jusqu’au haut du mât suifé présidentiel.

Et on ne peut s’empêcher de se poser des questions. Ainsi, qu’est-ce qui fait courir ces trois mecs après Jude? Sans doute, les quatre sont des G-huitards, mais pourquoi s’être macornés avec Jude plutôt qu’avec Moïse Jean Charles? Est-ce parce que les accents «socialistes» de ce dernier auraient un effet éloignant sur les trois perdants? Comme quoi, Moïse serait un «radical». Pourquoi pas un ralliement avec Jean Henry Céant? Est-ce parce que politiquement parlant Céant ne serait pas bien en équilibre sur son séant ? Est-ce que par hasard Jude aurait été mis dans le secret des dieux je vèt? Auquel cas il aurait cligné de l’oeil à Sauveur, le politologue kalalou; à Éric avec son accoutrement à la Fidel mais qui ne peut pas tirer un pétard; finalement à Steve, le parleur, le «haut-parleur» pour le salaire minimum. Est-ce que ces trois types ne se voient pas déjà dans un cabinet ministériel, non pas judéo-chrétien, mais bien judéo-célestin? Attendons la fin des incertitudes, la fin des tenten.

Sur les antennes de  Radio Magik 9, Jean Henry Céant, notaire de profession, s’est piqué, vanté, flatté, prévalu, glorifié d’être «l’homme de la situation» (sic). Première question : pourquoi tant d’«humilité»? Il se veut un rassembleur. Mais que va-t-il rassembler? Des souvenirs d’un passé politique peu reluisant, sinon terne, insignifiant, inintéressant, blême, fade, moche, mochard? D’une vie passée à notarier, répertorier, inventorier, ficher, archiver, référencer, cataloguer, sans jamais «rassembler», disons par exemple des jeunes, pour les aider à sortir du pétrin de la vie?  Céant est l’«ami de tout le monde», ce qui signifie qu’il n’a pas de couleur politique. Il sème donc à tout vent. Qu’a-t-il fait de progressiste pour le pays jusqu’ici? Anyen, rien, nada, niente, nichts, anyen menm.  « Je  suis Jean Henry Céant, un Haïtien authentique», se découvre-t-il. De quelle authenticité se prévaut-il?  Duvalier se disait aussi authentique. Alors? Il y a de ces olibrius qui aiment se gargariser d’authenticité tout juste pour ne pas rester dans l’incertitude de ne pas être un Haïtien qui n’a rien fait pour le pays. Un sentiment de culpabilité ronge Céant d’avoir vécu, comme d’ailleurs les autres candidats, de ne s’être jamais porté, concrètement, au devant des besoins des masses.

Aussi, il découvre qu’il est «prêt à rassembler tout le monde»: duvaliéristes repentis, duvaliéristes sans repentance; anciens déjoyistes et fignolistes des années 50 sou baton; lavalas «authentiques», lavalas de la première heure, lavalas de la dernière heure, lavalas déçus, nouveaux lavalas; avrilistes je twèt, namphyistes tafyatè, prévalistes kokobe, martellystes culs-au-vent, panzouistes toukale toukale, opportunistes sousou, suivistes sans conscience, électoralistes pou pouvwa, bref, pwaon kraze nan bouyon.

Écoutez-moi ça : «Je suis le candidat du momentum». De grands mots pour tuer les p’tits chiens. De quel momentum s’agit-il? Du momentum bouyevide électoral? »  «Je ne suis pas sous la coupe de quelqu’un qui a déjà dirigé le pays, de quelqu’un dont on a peur ». Belle démagogie d’un mec qui a été et est encore sous la coupe de la Minustah, les vrais maîtres du pays, maîtres de la queue et du cerveau de Céant. «Je n’ai pas participé à la défaite du pays au cours de ces 30 dernières années». Mais qu’avez-vous fait, maître Céant, pour combattre à vos risques et périls l’imposture martellyste? Votre inertie, comme celle de votre monde social et politique, inertie muette, consentante, soumise, timorée, résignée, aplatie, n’a-t-elle pas contribué à conduire à la catastrophe martello-lamotho-K-Plumiste? Autant de questions chargées d’incertitudes quant à la tenue des élections en octobre prochain.

Il faut faire attention. Il faut être sur ses gardes avec ces gens qui ont leurs entrées et sorties secrètes dans les ambassades, dans certaines ambassades «amies». Yo tout, se senkant kòb ak de gouden. Leur bonjour n’est pas la vérité. Leur conduite incite à mille questions sans réponses. Voilà pourquoi nous nageons dans un océan d’incertitudes. Ni alarmisme, ni défaitisme, ni dépressionisme, ni neurasthénisme, ni pessimisme, ni mélancolisme, ni catastrophisme par rapport à leurs agissements. Ayons-les seulement à l’oeil.

 

17 septembre 2016

 

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