La flambée de soulèvements populaires avec chants, slogans, grandes banderoles, danses et marches à répétition quasi-quotidiennes auxquelles a participé une marée humaine formée de toutes les catégories sociales de la classe laborieuse, démontre que les masses opprimées du pays ne sont pas dupes et sont déterminées à lutter sans ambigüité contre la pauvreté, la misère, la violence de l’État et l’accroissement incessant des inégalités sociales.
Par ces immenses manifestations, le peuple s’adonne à dénoncer l’exploitation de l’homme par l’homme, la haine et le mépris des nantis envers les masses laborieuses, et par-dessus le marché à exiger la démission de celui qui symbolise tous ses maux, en l’occurrence l’actuel président Jovenel Moise du PHTK.
C’est pour la première fois qu’on a vu autant de barricades érigées non seulement dans la capitale mais dans les différentes villes sans exception aucune. La vérité est que les masses populaires en ont marre de vivre sans les moyens élémentaires de se nourrir, de se loger, de se vêtir, de s’instruire et même de se soigner ; alors que d’autres se la coulent dans le luxe.
Cette mobilisation est la riposte de la classe ouvrière, des sans-logis, des sans-travail, des crève-la-faim, soit la majorité de la population vivant dans le chômage à outrance. C’est du même coup souligner l’implication tragique et directe des Etats-Unis dans nos malheurs. Ils poursuivent inlassablement et à dessein leur tache de déstabilisation, sinon de destruction du pays. Et pour tout remède, le gouvernement n’a trouvé d’autres pilules à nous administrer que le bâton de la violence alternant avec la carotte dialogue. Malheureusement, cette thérapie n’est pas signe de force d’un régime en putréfaction mais aveu de faiblesse. C’est la preuve que le gouvernement ne peut résoudre aucun des problèmes que confrontent le pays en général, les masses laborieuses en particulier.
Au demeurant, c’est l’échec total du système d’exploitation, du capitalisme dont sont victimes les ouvriers, les paysans, les étudiants, les syndicalistes, les professionnels et même les policiers qui ont eux-mêmes manifesté dimanche dernier pour revendiquer non seulement le droit de se syndiquer mais d’améliorer leurs conditions de vie.
L’évidence éclate aux yeux de tous. C’est l’échec palpable de la domination centenaire de l’impérialisme américain qui a terriblement terrorisé la population, ajouté à l’occupation impériale en cours sous couverture des Nations-Unies par ses désastreuses missions. Toute la politique de ces missions n’a été que pour jeter le pays dans une impasse d’ignorances, de peur, de maladies et de fléaux pour affaiblir jusqu’à briser les forces de résistance populaires.
A ce stade de développement aigu de la lutte tous azimuts des masses déshéritées, lutte engendrée par la cruauté du pouvoir, et compte tenu de la formidable et légitime offensive de mécontentement du mois de Juillet 2018, confirmée par l’irréductible mouvement populaire en cours, nous pouvons avoir bel espoir de freiner les forces obscurantistes au service de l’impérialisme et tenter de jeter les bases d’une nouvelle société grâce à la force des « mains magiciennes » du peuple guidé par une avant-garde politique éclairée, progressiste, armée d’un programme d’orientation socialiste.
Cependant, on doit être sur ses gardes, puisqu’un bon nombre de rats vivants dans des châteaux de luxe aux dépens du peuple sont en train de se métamorphoser en progressiste pour tromper la vigilance du peuple en lutte. Ainsi, un Reginald Boulos, l’homme de l’ombre, celui qui depuis bien longtemps tire dans les coulisses les ficelles d’un système corrompu et pourri, cet architecte de toutes les menées malveillantes contre les masses.
Trop, c’en est trop ! Mais ce n’est pas uniquement l’échec d’un Jovenel Moise, qui a suscité les masses à passer à l’offensive, mais bien celui de toute la politique politicienne néolibérale imposée par les puissances impérialistes qui nous ont dépouillés de tout et nous ont conduits dans une impasse où nous nous trouvons face au chaos et à toutes les incertitudes.
A ce compte, la démission de Jovenel Moise ne sera pas suffisante, elle n’aboutira à rien. Cela ne suffira pas pour nous assurer un changement véritable, vérifiable, atteignable, ou une chance durable de nous sortir de la domination néocoloniale. Seule une rupture définitive, irréversible, catégorique avec le statu quo, de façon à consolider le camp du changement rêvé par le peuple, à démasquer les desseins sinistres et les conspirations, pourra nous garantir un quelconque affranchissement du carcan politique et économique imposé au peuple.
Voilà pourquoi, le mouvement populaire a désespérément besoin d’une direction révolutionnaire, indispensable pour la poursuite de la lutte de sorte que nous n’ayons pas à compter sur des sénateurs, des opportunistes du même acabit politique de Jovenel Moise.
Le voyage à Washington de Dieusel Simon Desras, de Nènèl Cassy, d’Evalière Beauplan et de Rony Colin pour trouver un terrain d’entente avec l’administration de Trump et ne pas léser les intérêts impérialistes est très significatif. Ces complicités implicites avec notre bourreau ne sont que des coups de poignard dans le dos du peuple. Ces messieurs poursuivent des objectifs qui ne sont guère ceux des masses en lutte, un point et c’est tout.
La lutte sera longue mais rien ne pourra briser un peuple qui prend conscience de sa force et de la méchanceté de classe de ses ennemis. Pour sortir du tunnel, on n’aura encore rien fait si l’offensive des exploités ne finit pas par balayer ou écraser, à nos portes-mêmes, l’impérialisme et ses vassaux locaux.