Le lundi 6 janvier 2020 est arrivé en Haïti le secrétaire général de l’Organisation des États américains, l’Uruguayen Luis Leonardo Almagro Lemes pour une visite de 24 heures. Il a été accueilli à l’aéroport international Toussaint L’ouverture par le ministre des Affaires étrangères Edmond Bocchit.
Signalons que depuis le début de la crise entamé au mois de Juillet 2018 où l’opposition arrive jusqu’à exiger la démission du président inculpé, c’est la première visite officielle d’un dirigeant de l’OEA après celle d’une délégation fictive au mois de juin 2019 dernier.
Almagro est un complice authentique de Jovenel Moise. Le jour de son arrivée, un diner a été organisé en son honneur au Palais national et dans la soirée, il a partagé sur son compte Twitter « J’ai rencontré à Port-au-Prince des membres du Core Group pour discuter des défis urgents auxquels est confrontée la démocratie haïtienne aujourd’hui. J’ai souligné l’importance de fournir un soutien pour maintenir la stabilité du système politique »
Il a également souligné sa rencontre avec l’ambassadrice américaine en Haïti « J’ai eu une conversation fructueuse avec l’Ambassadeur Sison au sujet de la situation politique en Haïti et de l’importance de la collaboration entre l’OEA et les États-Unis dans la mise en œuvre de projets visant à renforcer la démocratie et les droits de l’homme dans le pays. »
Pourquoi cette visite à quelques jours de la fin de la 50ème législature, et de l’amputation du sénat de certains de ses membres. Le timing de cette visite est essentiel, il est clair que l’OEA vient pour apporter un certain appui si ce n’est un appui certain à Jovenel comme l’avaient fait l’ambassadrice étasunienne à l’ONU Kelly Craft et l’ambassadeur étasunien David Hale.
Au cours d’un point de presse, le mardi 7 janvier entre Jovenel Moise et Almagro, ce dernier n’a souligné la question du dialogue national. Est-ce un dernier message, qu’il envoie à l’opposition? Il est allé lui-même tout droit au but en parlant justement de la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Le diplomate réactionnaire a souligné clairement la position de l’OEA d’accompagner les acteurs Haïtiens dans leur quête d’un accord politique inclusif pour former un gouvernement d’union nationale ; pour poursuivre le programme de renforcement des institutions nationales de lutte contre la corruption. Et poursuivre la coopération agissante en appui à la politique nationale de développement, qui demeure indispensable pour attirer des investissements directs, créer la richesse et des emplois, et favoriser la stabilité et la paix sociale. Ce grand hypocrite n’a osé souffler mot de la question de démission que réclame la majorité du peuple haïtien.
Ce grand hypocrite n’a osé souffler mot de la question de démission que réclame la majorité du peuple haïtien.
Le Secrétaire Général n’a fait que reprendre les idées de Jovenel Moise à savoir la nécessité d’une réforme constitutionnelle qui prend en compte la culture politique haïtienne en vue de trouver une solution adaptée aux problèmes politiques du pays. Des réformes dans le système politique afin de développer des structures politiques plus fortes pouvant apporter de meilleures solutions à la population.
Confiant qu’il restera aux commandes de l’Etat, Jovenel en a profité pour souligner au Secrétaire général Almagro son souhait que la présidence Haïtienne du Conseil permanent de l’OEA, du 1er avril au 30 juin, se concentre sur les trois thèmes suivants :
1) Renforcer le dialogue politique entre les pays membres ;
2) Améliorer l’approche régionale d’adaptation, de mitigation et de résilience aux changements climatiques ; et, dans le même ordre d’idées,
3) Dans le même ordre idée, promouvoir davantage la coopération régionale dans le domaine connexe de l’accès aux sources d’énergie propres.
Au passage, on aura noté l’incongruité de l’usage de l’anglais par Almagro, un hispanophone, pour s’adresser au public haïtien, officiellement créolophone et francophone. Une preuve de plus, s’il le fallait, pour bien faire ressortir la honteuse vassalité des compères Almagro et Jovenel amarrés fermement au char (même linguistique) de l’impérialisme anglophone.