Les sanctions internationales imposées à Haïti, souvent sans preuves concrètes et sous des prétextes politiques, visaient à répondre aux attentes de certains acteurs haïtiens. Elles étaient censées encourager un consensus pour sortir le pays de sa crise perpétuelle.
Pourtant, il est clair que bon nombre des accusations portées contre les personnes sanctionnées sont infondées. Bien que leur manque de discernement, leur faiblesse face à certaines situations, et une gestion peu transparente soient critiquables, les accuser de la situation actuelle d’Haïti, y compris le financement ou le soutien aux gangs, relève d’une lâcheté manifeste. Mauvaise gouvernance ne rime pas forcément avec criminalité organisée.
Nous avons trouvé nos boucs émissaires, mais en réalité, les problèmes d’Haïti sont bien plus profonds. Depuis plus de 30 ans, nous observons les mêmes acteurs de la classe politique orchestrer des mouvements populaires et des campagnes de diffamation pour s’accaparer le pouvoir. L’existence des gangs, un phénomène persistant depuis la dissolution de l’armée haïtienne, n’a pas été endiguée par ces sanctions. Le fait que des pays comme le Canada exigent désormais des preuves pour maintenir ces sanctions illustre le paradoxe de la situation.
Nous avons trouvé nos boucs émissaires, mais en réalité, les problèmes d’Haïti sont bien plus profonds.
L’acceptation aveugle de ces sanctions sans preuves solides a entraîné des conséquences graves. Aujourd’hui, des juges haïtiens émettent des mandats d’arrêt contre d’anciens hauts fonctionnaires sans suivre de processus légal. Cela soulève une question alarmante : si l’international peut agir sans preuves, pourquoi pas nous ? Ces actions risquent d’être utilisées par la communauté internationale pour justifier rétroactivement leurs décisions.
Je n’alerterai pas sur les dangers de cette justice instrumentalisée pour des intérêts personnels, ni sur le risque que n’importe quelle personnalité sociale puisse être la prochaine cible de cette justice sans preuves. Notre soif de revanche, notre mépris pour certaines classes sociales, et notre opportunisme qui nous fait fermer les yeux sur les injustices pour nos propres gains, voilà ce qui nous a menés à cette situation. Nous ne reconnaissons jamais ces faits, car cela impliquerait d’accepter une part de responsabilité, de reconnaître nos erreurs. Il semble que cela reste hors de question.
Continuons donc sur cette voie destructrice, jusqu’au jour où nous serons à notre tour les victimes de ces injustices.
Cordialement,
Pascale Lamarre
Activiste
HaitiWatch