Le seul avenir possible

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La visite cynique du premier président noir des Etats-Unis, Barack Obama au pays de José Marti et de Fidel Castro Ruz montre vraiment qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de la démocratie impériale. D’évidence, le système a tenu à se racheter. Une telle visite du bourreau chez sa victime après 57 ans de blocus, de forfaits et de barbarie ne relève t- elle pas en réalité d’un calcul conscient, et même tendancieux ? Si elle n’est pas synonyme de charlatanisme à l’américaine, elle illustre à n’en pas douter ce fameux vers de Jean Racine dans Britannicus : «j’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer ».

Cette visite d’Obama à Cuba, la première d’un président en exercice aux Etats-unis depuis 88 ans – et il faut bien le dire –  se voulait  un geste symbolique fort, de nature à redorer son blason avant la fin de son mandat, de façon à essayer de  sauver, en d’autres termes, l’image d’une présidence décevante à bien des égards. Mais, il l’a bel et bien manqué du fait de n’avoir pas, par un vain orgueil, rendu visite au grand révolutionnaire cubain, l’homme de ce siècle, Fidel Castro.

De toute façon c’est une victoire éclatante pour la révolution cubaine. Il s’agit maintenant de savoir gérer avec prudence l’ennemi converti en ami. Et il faut bien signaler que le fils de colon n’a fait aucune génuflexion, ni n’a demandé pardon pour les agresseurs impérialistes qui ont atrocement foulé aux pieds le droit élémentaire du peuple cubain à l’existence. Il n’a pas demandé pardon non plus pour les nombreuses pertes en vie humaine que lui et ses prédécesseurs  ont causées au peuple cubain. Ce sot orgueil en dit long !

Malgré une certaine arrogance affichée par Obama dans son discours au Grand Théâtre de la Havane, l’impérialisme ne peut venir se balader sur la terre des Pères de la patrie : José Martí, Antonio Maceo et Carlos Manuel de Céspedes y del Castillo. C’est un signe d’honneur et de satisfaction quand même  pour ceux qui respectent les principes révolutionnaires et font de la résistance leur principal arme de combat.  C’est un signe de pleine satisfaction que la révolution cubaine ait rendu à la dignité et à la vie un peuple qu’avant la révolution l’impérialisme avait tenu exploité, démuni, abandonné à la misère et à l’ignorance ; un peuple sans écoles, sans moyens de transports, sans hôpitaux, sans l’alimentation de base nécessaire à la stricte survie. Obama a rencontré un peuple héroïque et fier !

Quelle leçon devrions-nous tirer de cette visite du représentant authentique de l’impérialisme au peuple frère de Cuba, nous autres, Haïtiens, peuples opprimés luttant pour notre liberté totale, pour la paix et le bonheur universels ! Cette visite ne devrait-elle pas frapper notre orgueil, contribuer à faire sonner l’alarme de  lutte. Ne devrait-elle pas être un appel à la résistance contre l’exploitation de nos richesses ?  De sorte que nous combattions tous ceux-là qui rêvent d’entraver notre liberté, notre souveraineté en nous empêchant d’être un peuple libre. Ne devrait-elle pas servir d’alarme pour nous inviter à nous empresser de nous débarrasser de nos politiciens fantômes, comiques, des valets pareils au dictateur Batista que Washington avait mis en place à Cuba avant la révolution.

Quand Obama parle de droits de l’homme à Cuba, qu’ont donc fait  les États-Unis en Haïti, sinon qu’appuyer des dictatures civiles et militaires, et éventuellement,  imposer au peuple haïtien le régime rétrograde de Duvalier, Martelly, eux tous des gouvernements qui ont supprimé nos droits les plus élémentaires ? Les États-Unis ne sont-ils pas très largement responsables que la majorité des Haïtiens ne puissent  exploiter au maximum toutes leurs potentialités ? Qu’ont-ils mis en œuvre pour favoriser notre émancipation économique ? La célébration du bicentenaire de notre indépendance n’a-t-elle pas été la cible des manœuvres déstabilisatrices de l’Oncle Sam celles culminées à l’imposition d’une force d’occupation : la Minustah !

Obama n’a pas même songé qu’à quelques kilomètres de Cuba, existe encore la première république indépendante de nègres libres qui a mis fin à l’esclavage, alors que dans son pays les nègres étaient encore esclaves. Il n’a pas même pensé à la glorieuse histoire d’Haïti dont les prouesses de guerre sont à l’origine d’une contribution inestimable à l’humanité, la liberté ; ce qui a permis à Obama d’être aujourd’hui le premier président nègre des Etats-Unis après 233 ans.

Le seul avenir possible pour Haïti est de faire comme Cuba : compter sur ses propres forces,  ne pas rester les bras croisés attendant que le Core groupe, l’OEA ou le Conseil de sécurité des Nations-unies nous dictent notre destinée.  Cela veut dire qu’il faut en finir avec cette classe politique haïtienne moribonde, parasitaire, pour injecter dans la vie quotidienne du pays le sang neuf d’autres hommes, d’autres femmes doués d’une mentalité neuve, d’une conscience nouvelle, de vrais patriotes, de  vrais révolutionnaires. Car la révolution, ce combat de tous les jours, de toute la société, tant sur le plan individuel, familial, civique que professionnel,  doit être la seule voie  qui mène à un autre monde, possible, pour la survie digne des peuples en lutte tant en Haïti qu’ailleurs.

Si à l’heure actuelle même faire une simple élection nous prend une éternité,  c’est dire que nous ne pouvons qu’aller de mal en pis tant que l’occupation et la domination impériales américaine persisteront. Devant un tel constat, nous n’irons pas de l’avant, nous reculerons !

Obama a été obligé de visiter Cuba, et s’il n’y est pas arrivé en pays conquis, c’est du fait que la révolution a inculqué un esprit de Bois-Caiman, de Vertières, de la Crète à Pierrot au peuple cubain créant ainsi une cohérence  entre les paroles et les actions ; entre l’action du gouvernement et celle du peuple ; bref une cohérence unitaire entre toutes les forces vives de la nation tendues vers un même but, un même idéal : réaliser une société heureuse sous la direction des masses populaires.

L’histoire de l’humanité montre que les masses populaires opprimées comme au temps de la colonie de Saint-Domingue triomphent immanquablement de leurs oppresseurs dans leur juste lutte  contre l’exploitation et l’oppression, pour la liberté et leur libération.

Berthony Dupont  Volume: 9 • No. 37 Du 23 au 29 Mars 2016

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