L’objectif de l’opposition apparait donc clairement et n’a surpris personne ! Il s’agit pour cette opposition de prendre ses désirs pour les aspirations populaires ; voilà pourquoi elle continue à brandir le même miroir aux alouettes à savoir essayer de convoquer les masses à manifester sous couvert de certaines dates historiques. Bas les pattes, messieurs et dames !
Au cours d’une conférence de presse, le mardi 9 avril, Rony Timothée et Byron Odigé de Vive Haïti invitaient les masses à manifester le 1er Mai, Jour International des travailleurs et le 18 mai anniversaire de la naissance du bicolore haïtien. Pourquoi tout ce temps mort, est-ce pour panser les plaies du faux pas du 29 mars dernier? Assurément, non ! Ce n’est là qu’une preuve de plus démontrant que l’opposition prend ses aises et laisse le temps au temps, juste le temps pour que le régime tente (désespérément) de se faire une sorte de virginité politique et essaye d’améliorer son image.
De ce fait, Jovenel Moise et sa bande de mercenaires sont parvenus à comprendre qu’avec une telle opposition sans principes en plein dans toutes sortes de zizanies, sans un lien organique avec les masses populaires, ils n’ont rien à craindre d’elle. C’est si vrai que l’inculpé a même osé les inviter au Palais National pour le choix du Premier ministre et nombreux ont été assez pusillanimes pour se montrer au rendez-vous.
En réalité, et en fait, l’opposition et le pouvoir ne diffèrent que de noms puisque leurs objectifs sont les mêmes : maintenir en place des régimes corrompus et perpétuer la domination capitaliste. Leurs actes n’ont pas tardé à les trahir tous ensembles. Ainsi, on comprend dès lors le courroux de cette opposition qui ne se rend pas compte à quel point la majorité de la population, particulièrement les masses défavorisées, rejette Jovenel et tout ce qu’il incarne et représente. L’opposition ne se rend pas compte non plus que le capitalisme a totalement échoué dans le pays et c’est dans cette optique, qu’elle parle le même langage que le pouvoir et se donne pour tâche, à travers le dialogue, de prôner un quelconque changement de système dans un pays grandement ouvert aux capitalistes étrangers.
Laisser faire une telle comédie, c’est rendre un fier et grand service au capitalisme qui, au bout de son tunnel, ne peut plus se renouveler, se maquiller ou se faire rapiécer. Tout le problème reste la question de temps et d’organisation des masses puisque, quoi qu’il fasse, ce système ne pourra jamais échapper à son destin : la disparition totale !
L’opposition et la population ne mènent pas le même combat. Alors que le peuple se dispose à lutter pour combattre les forces obscures pour un lendemain meilleur, l’opposition elle-même se repose sur ses lauriers. La population vise un changement fondamental, elle se cherche et se dessine, chaque jour, sur le terrain de la lutte de classe pour sortir de son impasse. Pourtant, l’opposition elle-même par le biais de sa conférence nationale entend faire un compromis avec les classes dominantes pour perpétuer le statu quo.
Il faut que les ponts soient désormais rompus entre les masses exploitées, maintenues dans l’étau de la misère, et l’opposition bourgeoisie sans programmes, sans objectifs autre que la quête de la charité en guise de politique gouvernementale. Ainsi, elle se soumet aux diktats des puissances tutrices principalement les Etats-Unis, la France et le Canada qui ont par leur soutien multiforme et constant largement aidé les réactionnaires de tout acabit à dilapider les caisses de l’État et à déstabiliser le pays.
Il faut que les ponts soient désormais rompus pour qu’on puisse instituer dans le pays un nouveau projet de société progressiste allant dans le sens de la transformation de l’appareil d’Etat anti-peuple de façon à mettre en question l’occupation et la domination néocoloniale. Une telle prise de conscience ne semble pas être du goût de Moise Jean-Charles et de ses collègues, aussi bien de l’avocat du système André Michel. Ce monde n’a comme revendication essentielle et prioritaire que le départ de Jovenel Moise, la conférence nationale et le procès Petrocaribe !
Un simple changement d’individus n’est guère un changement de système et la racine de nos malheurs n’est pas ailleurs. Dans la perspective d’une lutte de libération nationale, le rôle d’une vision combattante au sein du camp populaire est de nettoyer le pays de tous les fantoches stériles, agents de l’impérialisme pour apporter enfin un élément de réponse concrète à savoir : une alternative de classe à la politique d’exclusion et d’assassinats des masses populaires.
Que le peuple haïtien sache que cette opposition est un instrument de dissuasion pour décourager ou empêcher tout revirement inattendu des masses susceptible d’attaquer les intérêts vitaux du système capitaliste.