Dans le langage populaire haïtien, toutes les maladies ne sont pas naturelles, puisque, certaines auraient été fabriquées, instrumentalisées pour punir ou faire du mal à quelqu’un, sinon à un peuple, un Etat ou une nation quelconque. Est-ce le cas de ce que nous sommes en train de vivre dans la situation actuelle du premier pays africain indépendant des Amériques ?
C’est la situation d’Haïti, un pays né d’une révolution sociopolitique, qui a détruit les rapports de domination coloniale et esclavagiste. Il s’agissait du triomphe des idéaux favorables à la liberté d’un peuple travailleur et au développement d’un nouvel Etat. Depuis cette épopée, la nation haïtienne accusée par les grandes puissances d’alors d’être la porteuse d’un dangereux virus est menacée. Pour la sauvegarde des intérêts vitaux des classes dominantes internationales, il fallait éviter que ce peuple ne contamine d’autres peuples assujettis avec son virus de libération nationale.
Effectivement, Francisco de Miranda et Simon Bolivar ont été non seulement contaminés mais ont reçu aussi ce sérum de liberté en armes et en munitions pour parvenir à l’abolition et la libération des esclaves sous domination espagnole dans la Grande Colombie qui a donné naissance à ces trois Etats : l’Equateur, la Colombie et le Venezuela.
La maladie infectieuse qui frappe Haïti a été créée par les occidentaux, ces vampires qui veulent drainer tout son sang pour détruire son système immunitaire et l’empêcher de retrouver ses qualités d’antan.
Quant à Haïti, c’est ce grand pays là, qui est tombé malade, atteint d’une pandémie destructrice de la part de ses pires ennemis. Depuis lors, il souffre d’une épidémie de mauvaise gouvernance et de corruption tous azimuts qui ont conduit l’Etat haïtien dans un total désarroi. L’occupation américaine de 1915 dans toute sa hideur a désorienté le pays devenu difficile à gouverner, de fait, impossible à anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir. Des bataillons d’incompétents, d’insouciants et de dilapidateurs de tout acabit ont toujours été imposés par les puissances extérieures pour maintenir le statu quo. Devenu un pays appauvri, pillé, la population vit dans une extrême pauvreté et a le plus grand mal à trouver le chemin du développement économique et de la paix sociale.
Le pays a vécu des pires catastrophes naturelles et politiques de son histoire ce qui en fait, est le résultat d’une pauvreté abjecte créée par pratiquement deux siècles de domination impérialiste. L’acte criminel le plus tristement visible dont il a été victime reste l’instabilité politique chronique, couronnée de nouvelles tensions socioéconomiques et sécuritaires à n’en plus finir. Ceux qui ont toujours couru à son chevet et prétendent l’aider à se remédier sont les principales têtes pensantes qui lui ont tendu un piège. Leur staff médical étranger : des médecins étatsuniens, français et canadiens ne lui ont toujours prescrit que des médicaments préparés dans leurs laboratoires qui le conduiront à coup sûr vers une fin certaine s’il n’y a pas d’antidote. La maladie infectieuse qui frappe Haïti a été créée par les occidentaux, ces vampires qui veulent drainer tout son sang pour détruire tout d’abord son système immunitaire et ensuite l’empêcher de retrouver ses énergies et ses qualités d’antan.
Ils le mettent également dans l’incapacité de faire quoi que ce soit, même d’avoir de nouvelles idées de façon à s’adapter au présent pour enfin s’engager sur la voie du développement durable et de la stabilité politico-économique.
Malgré l’aide internationale et en dépit de nombreux programmes d’assistance technique, son cas s’est plutôt aggravé. Comme une malédiction, dorénavant, la capitale et certaines villes de province haïtienne ressemblent à des champs de ruines. En état de délabrement, voilà comment les anciens esclavagistes aiment contempler la beauté d’Haïti, celle qui fut, autrefois, la Perle des Antilles. Tout cela exprime le symbolisme, le cynisme et la malfaisance de l’impérialisme à l’égard du pays.
Bien que le capitalisme ait complètement échoué en Haïti, les ennemis d’Haïti viennent de parvenir à un léger saupoudrage pour rendre acceptable aux plus naïfs la politique déstabilisatrice de l’impérialisme. Ils se préparent à mettre en selle une solution réformatrice avec un Collège présidentiel taillé sur mesure. Un procédé cosmétique qu’ils ont en mainte fois imposé, de sorte que les problèmes fondamentaux demeurent entiers, inchangés. Ces neufs individus formant le Conseil présidentiel de transition ne sont que des récidivistes qui, dans le passé, sous la coupe de Washington, n’ont pas osé transformer la société haïtienne de manière à la remettre sur le rail.
Cette nouvelle transition étasunienne à laquelle la classe politique traditionnelle, n’a été invitée que pour cautionner la mesure, n’est que le pur produit de l’impérialisme. En vérité, elle ne représente aucun espoir pour les démunis et les opprimés haïtiens face à cette épidémie forgée par plus d’un siècle d’exploitation et d’oppression.
La réalité, si le mot révolution revient à sonner dans cette conjoncture, c’est parce que beaucoup de gens commencent à comprendre que la seule voie pour sauver le pays de sa maladie demeure un changement de type révolutionnaire. A ce compte, la tache des travailleurs est de renverser tout le système capitaliste en Haïti et c’est pour contrecarrer cette idée, de sorte qu’elle n’évolue pas, que les puissances impérialistes essaient toute sorte d’acrobaties.
Le traitement prendra du temps, mais nous sortirons coûte que coûte victorieux de cette épidémie dont souffre le pays. La seule solution est de compter sur les masses défavorisées et c’est dans cette perspective que s’inscrit la lutte du journal Haïti Liberté. Nous ne cesserons jamais de nous battre contre ces laboratoires produisant toutes sortes de maladies à l’encontre du pays. Nous ne poignarderons jamais la résistance populaire comme l’ont fait certains collabos aux puissances capitalistes. Notre devoir est de résister à la trahison de cette clique d’opportunistes avec toutes les armes politiques possibles pour débarrasser notre pays du mal qui le gangrène.