« J’écris, la plume trempée dans la colère. »
Aimé Césaire
Les pays dominants ne déplacent pas leur arsenal de guerre pour protéger des peuples qui ne représentent aucun intérêt dans leurs calculs économiques et financiers. Allez donc jeter un coup d’œil intelligent sur les conflits armés qu’ils ont allumés en Syrie. Les hécatombes qu’ils ont occasionnées en Irak : plus d’un million de morts. Le chaos qu’ils ont provoqué en Égypte, ce pays avec une histoire si rayonnante, tellement phosphorescente. Sans omettre le bordel qu’ils ont foutu en Afghanistan, au Nigéria, au Vénézuela, en Lybie…
Aujourd’hui, c’est le peuple ukrainien, dirigé par une marionnette écervelée, qui fait à son tour les frais des pratiques hégémoniques de destruction des pays, des vies et des biens des peuples vulnérabilisés, développées par les 7 grands vautours de l’Occident depuis des siècles. Cependant, –et nous le croyons fermement –, viendra le temps où un brave et héroïque Vercingétorix surgira des entrailles du combat des prolétaires. Il parviendra à unir les groupes, les peuples divisés, pourtant victimes des mêmes bourreaux. Et cette fois-ci, il ne sera pas contraint de déposer ses armes aux pieds de Jules César. Il les utilisera plutôt pour décapiter les forces des ténèbres baptisées ironiquement « Satan » par le révolutionnaire martyr Hugo Chavez du Venezuela.
Avec le mouvement « bwa kale », la République d’Haïti, semble-t-il, cherche à occuper une place honorable dans ce « grand combat contre le Capital [1]». Le Core Group, cette association nébuleuse, diabolique, ce gang occulte de malfaiteurs néocolonialistes, panique. C’est l’une des raisons principales de l’Organisation du « forum » stupide d’Ariel Henri, sous la direction de Mirlande Manigat, l’épouse de Leslie François Manigat, le président fantoche, humilié et ridiculisé par le général diabolique Henri Namphy, et qui était devenu, malgré lui, complice indirect de la tuerie de la ruelle Vaillant. Ni les instances sataniques de la communauté internationale, ni la primature haïtienne, ni la présidence dirigée par un violeur de femme et un escroc, ne souhaitent que l’insécurité publique découvre son vrai visage. Elle doit toujours porter le masque de Fantômas. Et pourtant, nous savons tous que le personnage qui se cache derrière les malversations criminelles n’est autre que Jérôme Fandor dans la peau de Jean Marais.
Les bourgeois exploitent même les cadavres des pauvres.
Demain viendra le temps de la « pluie et des orages » de Mark Twain. Une « Révolution mondiale » renversera toutes les barrières frontalières du monde. Et disparaîtra, pour toujours, cette nuit-là, la notion de race humaine. Partout dans l’univers, il n’y aura que des camarades unis, solidaires les uns des autres dans la justice sociale, l’équité économique, la paix mutuelle, l’émancipation culturelle et l’assainissement environnemental. Enfin, c’est notre vœu le plus cher. Car depuis la naissance, nous, les laissés-pour-compte, vivons dans « Le Musée de l’inhumanité » de l’écrivain atypique William Gass. Et je reprends ici les mots du philosophe états-unien pour exprimer ma propre situation : « Si j’écris, c’est parce que j’ai la haine; j’écris pour accuser l’humanité. »
Si la morale démocratique était le fondement de la politique externe, il n’y aurait pas de « diplomatie ». L’État a des intérêts qui dépassent ses frontières. Les méthodes et les pratiques politiques observés dans la phénoménologie de la perception de l’extraterritorialité qui relève elle-même du droit international montrent assez clairement que les actions des puissances dominantes ne sont pas guidées par des motivations humanitaires et des considérations philanthropiques. Lorsque George W. Bush a planifié l’intervention des militaires états-uniens en Irak, ce n’était pas seulement pour une question de contrôle des puits pétroliers. Cette opération désastreuse, camouflée sous une propagande farfelue, indigeste, tendant à faire croire que le régime de Saddam Hussein était sur le point de maîtriser les techniques de l’enrichissement de l’uranium, cachait une autre réalité : faciliter l’ouverture d’un couloir aérien qui aurait éventuellement permis à Israël de bombarder l’Iran. Saddam Hussein n’était pas favorable à cette idée.
Les temps sont durs. Survivre est devenu un mât de cocagne pour les peuples de la « Périphérie ». Également pour les marginalisés du « Centre ». Les petites gens abasourdis déploient des efforts surhumains pour ne pas être emportés par les vagues houleuses de la paupérisation. Et sombrer, comme un navire en détresse, dans cette tempête de misère qui souffle avec rage, méchanceté et désespoir.
Les multinationales suppriment de temps en temps des millions d’emplois et poussent expressément le salariat au banc du chômage. Sans aucun ou avec un mince filet de protection sociale. Au mépris de la Loi, quand elle existe sur papier. Ou en l’absence d’une Loi compensatrice. L’État bourgeois a mis en place un système bancaire qui s’est érigé en un réseau légal de « gangstérisme » de l’économie et de la finance. D’ailleurs, les banques, dans le système monétaire moderne, sont incontournables. Elles dictent leurs lois. S’enrichissent de façon éhontée sur le dos des ouvriers, journaliers, employés, petits fonctionnaires…
Les citoyennes et les citoyens n’ont pas de vie intime. Les meneurs de l’impérialisme accèdent facilement à leurs dossiers les plus secrets. Si quelqu’un a déjà volé un bonbon à l’âge de cinq ans, séjourné en prison pour s’être battu en pleine rue avec un ami taquin, a été interné dans un centre psychiatrique, le patronat détient le pouvoir de vérifier toutes les informations sérieuses ou anodines concernant cet individu avant de lui refuser ou accorder l’emploi.
Partout, l’État bourgeois utilise la violence répressive pour casser les mouvements revendicatifs et disperser les manifestations pacifiques organisées par les membres de la société civile pour appuyer et accompagner les franges importantes de la population locale qui subissent le contrecoup de l’humiliation socioéconomique. Les gouvernements d’abord colonialistes, puis capitalistes, ensuite impérialistes jouent aujourd’hui cyniquement leur rôle de défenseurs et de protecteurs inconditionnels du « néolibéralisme », ce quatrième géniteur impassible de l’aliénation et de l’exploitation des masses, un phénomène qui s’est accéléré dans un climat de métamorphose depuis l’arrivée de l’ère industrielle.
Pour tenter de survivre, les infortunés de la politique oppressive des États du G7 sont parfois obligés de recourir à la pratique douloureuse de la marchandisation des organes corporels, y compris les leurs. Les bourgeois exploitent même les cadavres des pauvres. Comment expliquer une telle situation de misère dans un monde où un seul individu appelé Elon Musk, cofondateur et président-directeur général de la société astronautique SpaceX et directeur général de la société automobile Tesla, gaspille une fortune personnelle estimée à 192 milliards de dollars américains?
Et pourtant, la majorité des individus ne se révoltent pas. Baissent la tête. Tendent l’échine et les bras à leurs détracteurs. Comme Cicéron, en lançant à ses bourreaux : « Mourons dans une patrie que nous avons souvent sauvée… » Alors que ses fidèles serviteurs étaient prêts à le défendre courageusement…!
S’ériger en face du compacteur de la globalisation qui aplatit les pauvres exige sacrifice, bravoure, conviction et détermination. Pierre Rabhi était un philosophe, romancier, poète algérien qui vivait en France. À l’instar d’autres intellectuels avant-gardistes, il parlait de « pillage organisé » pour dénoncer la mainmise des États du G7 et des puissantes multinationales sur les richesses de la terre. L’auteur établit clairement la différence entre les « besoins vitaux » de l’individu et la recherche du « superflu » qui caractérise la nature insatiable de l’être humain. Le comble du bonheur se limiterait donc, selon l’essayiste, conférencier et cinéaste, à l’assouvissement de ces quatre nécessités dites essentielles :
- Manger à sa faim;
- Accéder à l’éducation;
- Bénéficier des soins de santé;
- Avoir un logement décent;
Au risque de décevoir les politiciens bornés à la langue fourchue, les universitaires incohérents et baveux, les intellectuels progressistes doivent avoir le courage d’endosser leur responsabilité historique et d’expliquer aux masses populaires que les joutes électorales, de la façon dont elles sont conçues, organisées et imposées par les États capitalistes, ne pourront jamais venir à bout du phénomène de la « pauvreté extrême » sur la planète.
Dans de nombreux cas, l’opération de l’urne participe d’un vil complot contre les masses populaires, concocté par le cerveau génial du système national ou international de la « tromperie consciente », au profit de la classe possédante. Les prolétaires doivent s’organiser pour renverser l’État bourgeois, prendre le pouvoir et ériger à la place du capitalisme « pauvrivore » un système de gouvernance qui soit capable de mettre les richesses de la terre au profit de toutes les populations marginalisées.
Pour la survie des éléments constitutifs de la « capitalosphère », à savoir la mondialisation politique, la globalisation économique, le cyclope néolibéral n’hésite pas à avaler les velléités qualifiées de séditieuses qui, pourtant, prônent l’émergence d’un monde meilleur. Quels que soient les moyens de lutte privilégiés.
Les Religions importées, déployée sur les territoires des pays pauvres, remplissent une fonction de « déroute de la conscience », au sens marxien. D’ailleurs, – il ne faut jamais oublier –, c’est par l’idéologie religieuse du Vatican que le scandale de la colonisation esclavagiste est arrivé en Amérique. Et c’est encore par elle que le « néocolonialisme » se maintient en place. Progresse. Dépossède. Corrompt. Aliène. Insécurise. Pollue. Vole. Viole. Prostitue. Déshumanise. Torture. Assassine. Cholérise… Les congrégations vaticanes, luthériennes et les autres dénominations sont associées à toutes les malversations criminelles : trafic de drogue, commerce illicite d’armes à feu, proxénétisme, kidnapping, viol d’enfants, crimes économiques et politiques, etc.
L’église épiscopale d’Haïti est actuellement enfoncée jusqu’au coup dans la mare d’un mouvement de trafic d’armes de guerre et de munitions. La République est caractérisée par une absence d’étique politique et de morale socioreligieuse. Toutes les institutions se putréfient. Dans cette marche épuisante du peuple dans le désert brûlant de la lutte contre l’impérialisme, les prolétaires aguerris devraient en profiter pour engloutir tous les félons, – les actuels Conzé et Garat –, qui se révèlent indignes de fouler le sol du Canaan révolutionnaire. Dans le film de Jürgen Roland, le chef des Indiens déclare: « Quand un fruit tombe de l’arbre, il n’y remonte jamais. » La reprise de cette citation fait allusion directement aux politicards lépreux qui sont allés s’offrir du bon temps en Jamaïque avec les maigres ressources financières de l’État haïtien.
Les agissements sauvages et criminels de la « pègre » étrangère et locale, sous couvert de la « philanthropie internationale » et de la valise diplomatique, consistent à assécher toutes les sources d’économie et de finance des régions du Sud où l’impérialisme a déployé ses tentacules comme les pieuvres de l’océan. La mafia occidentale est parvenue à endommager les circuits de productivité de la République d’Haïti. Elle a dégraissé et dérentabilisé les rares entreprises qui assuraient la survie d’une production nationale déjà maigrelette. La ville de Port-au-Prince est assiégée par des gangs armés constitués de voyous et de va-nu-pieds, qui opèrent avec la connivence du gouvernement illégitime et des puissances occidentales qui ont mutilé Patrice Lumumba, pendu Saddam Hussein, exécuté Mouammar Kadhafi, empoisonné Yasser Arafat, assassiné Hugo Chavez, crucifié Charlemagne Péralte… Au pays d’Ariel Henry, les croque-morts font la fête en plein soleil de midi. Les loups-garous n’attendent plus la nuit pour circuler dans les rues désertes de la capitale peureuse, enterrée sous des tonnes de fatras.
Le sang des pauvres continue de couler sur le territoire de la République d’Haïti. Les manifestations de rue s’amplifient. Il ne se passe plus un jour sans qu’il y ait des cadavres et des blessés par balles ou armes blanches dans les villes du pays, notamment à Port-au-Prince. Comme dans les péplums, des quartiers sont incendiés en plein jour et les habitants égorgés impitoyablement. De toutes parts, les gens fuient. Abandonnés à leurs malheurs, ils n’ont pour se plaindre que les micros de certains médias parlés et télévisés qui font, – il faut le souligner –, un travail de militance appréciable.
Le sang des pauvres continue de couler sur le territoire de la République d’Haïti.
Le domaine de la politique n’est pas réservé à l’incompétence et à l’incapabilité. Il existe des principes, des méthodes, des règles qu’il faut appréhender. Les grands hommes politiques demeurent des lecteurs impénitents. Ils meurent avec des ouvrages philosophiques importants sur leur table de chevet. Peut-être, vous l’ignoriez : François Duvalier fut un grand dévoreur de livres philosophiques et scientifiques. Celui-ci forçait les membres de son cabinet particulier, ses ministres à lire des ouvrages appropriés, avant qu’il prît moult décisions, adoptât certaines mesures sociales, politiques et économiques. Le duvaliériste Ulrick St-Louis, – que nous avons interrogé dans le cadre de l’émission « Ces mots qui dérangent » quelques mois avant sa mort–, nous avait fait publiquement cette confidence.
Le pays des Haïtiens, – qui est maintenu sous la férule des États-Unis, du Canada et de la France –, est méconnaissable. Au niveau de tous les départements géographiques, les rues des communes, souvent surplombées de lourdes barricades, décrivent une atmosphère inquiétante de prélude à la fin du monde. La République d’Haïti est en guerre contre elle-même. À Cité Soleil, à Martissant et dans d’autres endroits, des bandes rivales s’affrontent avec des armes de guerre distribuées par des cellules d’une mafia invisible. Des couches importantes de la population sont tenaillées par la faim. Les marchés publics fonctionnent au ralenti. Les vendeurs téméraires s’exposent aux démons de l’insécurité galopante. Les quelques vivres alimentaires disponibles dans les jardins déjà pauvres pourrissent sur place. L’impraticabilité des voies de pénétration empêche les agriculteurs d’alimenter les principaux points de distribution. Jamais Haïti n’aurait vécu des moments sociopolitiques et économiques pareils! Les compatriotes de la diaspora sont eux-mêmes bouleversés par les images et les nouvelles choquantes qui leur arrivent tous les jours par WhatsApp.
Nous le disons en toute confiance : « Justice sera rendue aux camarades exploités, le jour où le drapeau de la Révolution mondiale flottera sur les villes et les campagnes de la République d’Haïti. » Car nous avons la force, la détermination, le pouvoir de ressusciter la patrie de Jean-Jacques Dessalines, d’Alexandre Pétion, d’Henri Christophe, de Sanite Belair et de tous les autres héros de la guerre de l’indépendance qui se sont réunis le 1er janvier 1804 sur la place d’armes des Gonaïves en vue de proclamer leurs Droits, d’admettre leurs Devoirs et d’imposer leurs Libertés à la face du monde esclavagiste.
Référence
[1] Robert Lodimus, Le Grand Combat contre le Capital, essai, 347 pages.