La complexité de la lutte pour le changement en Haïti!

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La situation politique et sociale qui prévaut en ce moment dans le pays est assez révélatrice :  la classe ouvrière, la paysannerie misérable, les forces vives endurcies par les injustices flagrantes, les frustrations causées par la misère, les douloureuses difficultés liées au chômage et les retombées de la pauvreté ont, manifestement et depuis bien longtemps, vomi le système en place. Mais on est encore bien loin du compte puisque certains représentants authentiques de ce système pourri et corrompu vivent en grand nombre au sein de ceux-là mêmes qui tirent à boulets rouges sur le gouvernement en place.

Les frontières entre ces deux éléments, l’opposition et le gouvernement, ne sont pas nécessairement claires d’autant que les deux jouent sur les mêmes tableaux. Parlant de l’opposition, nous faisons assurément référence au camp du verbalisme démagogique ; à ces candidats à la présidence, eux qui d’une manière ou d’une autre ne font qu’encourager à leur manière le maintien du statu quo, puisqu’ils militent seulement pour des changements cosmétiques. Une sorte d’attitude et de tactique circonstanciées bien rodées pour faire croire à un vrai changement.

Pour arriver à satisfaire leurs petites ambitions, ils n’ont jamais eu peur, ni n’ont jamais eu honte   d’entretenir des alliances contre nature : ainsi par exemple, tout récemment au cours des dernières élections, celles entre la Plateforme Pitit Dessalines de Moise Jean-Charles, Daly Valet et Mathias Pierre ; entre l’Organisation Fanmi Lavalas et un Claude Roumain, ancien ministre de facto issu du coup d’Etat sanglant du 30 septembre 1991, pour ne citer que celles-là. N’est-ce pas la politique du pire ?

Ce genre d’amalgame est le propre de ceux qui refusent de compter sur les forces populaires organisées, mais préfèrent s’accrocher aux sympathies, protections et soutiens des puissances étrangères. Les deux coups d’état réussis en 1991 et en 2004 ont été le résultat de ce manque de confiance dans le secteur populaire.

Ce genre d’amalgame est le propre de ceux qui refusent de compter sur les forces populaires organisées, mais préfèrent s’accrocher aux sympathies, protections et soutiens des puissances étrangères.

Il n’est pire ennemi que celui qui, au sein des masses, refuse de s’appuyer sur la lutte des masses populaires. L’expérience historique montre – ce qu’il faut bien savoir – que le changement dont il rêve n’est autre qu’un simple remplacement d’hommes ou de femmes de façon à maintenir intactes les structures socio-économiques et également à maintenir le pays dans le giron, dans la zone d’influence et de domination de la trinité impérialiste, soit la France, le Canada et leur chef de file les Etats-Unis.

Ce secteur-là se réclame certes de la légitimité populaire et peut paraitre bienveillant et anti-gouvernemental ; mais il est habité par une grande contradiction, celle de ne pas faire cadeau du boulevard de la lutte au secteur révolutionnaire.  Alors que de notre côté, ce que nous proposons aux masses populaires c’est la force organisationnelle de notre secteur à offrir une perspective d’alternative de résistance, de fermeté pour accaparer le terrain et les accompagner à la victoire. Ledit secteur n’est pas du tout disposé à perdre ses privilèges, encore moins à laisser la porte ouverte à un idéal d’espoir et d’«une autre vie possible» pour les travailleurs et la jeunesse.

Le ver est déjà présent dans le fruit  d’une complexité que nous ne pouvons pas faire semblant d’ignorer, encore moins de ne pas en tenir compte. La menace d’un pourrissement annoncé est d’autant plus réelle que la voie révolutionnaire sans aucun doute est la meilleure et la seule pour réaliser les inéluctables changements fondamentaux revendiqués par les masses défavorisées.

Le problème est assurément très complexe à résoudre. En ce sens, mobiliser les masses populaires de façon à mener une lutte organisée fait déjà pressentir les nombreux obstacles que cette classe de politiciens réformistes et électoralistes jouissant d’une relative légitimité populaire est disposée à mettre sur notre chemin. Nous aurons coûte que coûte à leur faire face d’abord avant d’entamer la lutte contre l’ennemi principal. En d’autres termes, c’est mener une lutte au sein même du mouvement populaire de façon à trier l’ivraie des charlatans prêts à servir l’ennemi du bon grain des vrais ouvriers de la révolution, du camp du changement véritable.

Ne nous étonnons pas  qu’il soit beaucoup plus redoutable de les combattre que de lutter contre le principal ennemi. A certains carrefours de la lutte, ils peuvent même s’allier à l’ennemi principal pour nous barrer la route. L’instinct de classe, la satisfaction de leurs mesquins petits intérêts personnels, c’est là l’essentiel de leurs démarches. Au risque même de renfoncer les intérêts des forces réactionnaires qui pillent et ruinent le pays. Qu’importe, puisqu’ils ne pensent qu’à  leur seul être et qu’après eux, c’est le néant.

Ce sont tous ces aspects contradictoires et complexes qui constituent aujourd’hui les éléments du puzzle de la lutte haïtienne à réarranger pour un véritable changement.

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