Conditionnée, manipulée ou aux ordres, la classe politique haïtienne de droite, d’extrême droite et d’une certaine gauche continue d’hypothéquer lourdement toute possibilité réelle de changement concret dans le pays. L’impasse dans laquelle elle se trouve nous donne l’image qu’elle est en train non seulement de se repositionner mais de courir aussi à sa propre perte.
Chiens de garde d’un système capitaliste inhumain qu’ils adorent et réprouvent à la fois, ils s’y engagent pourtant par calcul et par crainte de perdre certains avantages acquis ou hypothétiques. La présente situation résulte de la politique menée par les gouvernements de toutes couleurs politiques qui se sont succédés depuis les trente-six dernières années.
L’hémorragie du pays se poursuit et prend les dimensions d’un effondrement. Le désarroi total a pris place dans un chaos où tout est incertain pour les appareils politiques. Il est un dénominateur commun qui les unit tous : ils ne font qu’exécuter les diktats des Etats-Unis et soutenir le renforcement d’un système hostile à la grande majorité de la population, qu’il s’agisse des politiciens de droite ou ceux de « gauche », pour dire vrai.
La classe politique haïtienne a tourné le dos à la population, et la majorité des dirigeants politiques de ce pays sont corrompus. Malgré sa décadente agonie, son échec patent, elle veut maintenant légitimer sa mainmise sur l’appareil gouvernemental par l’accouchement de multiples accords politiques qui ne sont, en réalité, que des liaisons incestueuses, des mariages déraisonnés sans aucun fondement pour tenter d’atteindre un consensus de réconciliation patriotique pouvant lui permettre de se régénérer. Une tentative pour bafouer les masses populaires et masquer la faillite totale de ses divers courants. C’est mettre une fois de plus, le peuple dos au mur, devant un fait accompli pour ne lui apporter aucun secours concret, effectif et efficace auquel il a droit, et l’abandonner à son douloureux sort.
On n’est nullement surpris que nos politiciens continuent de poursuivre leurs tortueuses machinations, leur dessein sinistre qui les met à nu puisqu’ils démontrent au moins leur capacité à collaborer les uns avec les autres malgré leurs contradictions, leurs conflictualités irrésolues manifestées sous les faux semblants d’une démocratie de façade, de dynamique illusoire de changement et de creuses promesses de lendemains meilleurs.
Cette course effrénée au repositionnement ou à la recomposition politique qui se déroule sous nos yeux n’est autre qu’une décomposition de la classe politique et celle du système capitaliste déchu qui la soutient. Ce ne sont que des compromis fallacieux qui renforcent le système et n’offre aucune possibilité de changement pour l’avènement d’un nouvel ordre national majoritairement en faveur des masses déshéritées.
Soyons clairs : ni Ariel Henry, ni Joseph Lambert, ni Youri Latortue, ni Fritz Alphonse Jean, ni Magalie Comeau n’avancent aucun programme de rupture avec la classe sociale aux ordres du système capitaliste encore moins avec la philosophie et, surtout, les criminels méfaits dudit système. Tous ces larrons en foire, dans une logique de prise de pouvoir, sont conduits à peaufiner ou cadrer leur discours pour tenter de capter l’aspiration au changement radical qui grandit au sein des masses populaires. A entendre Ariel Henry et Joseph Lambert le 7 février, il s’agit bien de discours de politiciens aux abois qui sentent se dérober sous leurs pieds le sable de la vraie lutte populaire. Où est donc la rupture avec le passé, quand les deux discours ont été une répétition des mêmes lieux communs frelatés d’autrefois ?
Ainsi, le peuple ne doit pas se laisser berner par de vaines illusions de changement, d’accord de rupture, de la part de cette classe politique faite de menteurs, de flagorneurs, d’imposteurs et de criminels qui s’alignent convenablement avec les autres secteurs des classes dominantes pour la continuité de la tragédie haïtienne.
Il est un fait certain, ces individus avec leurs logiques politiciennes paralysent aujourd’hui notre capacité d’aller de l’avant. Car le système et ses institutions en place depuis 1806 ne peuvent être réformés, étant érigés au seul service de la classe des exploiteurs pour exclure les masses de la scène politique.
Maintenant c’est au tour de chaque ouvrier, de chaque étudiant et de chaque paysan de guider les destinées de son pays dans le sens que lui dictent l’honneur, un patriotisme dessalinien et péraltiste, enfin de compte son appartenance de classe. C’est le moment de rompre, dans l’unité, avec ce passé néocolonial de façon à traduire et à cristalliser dans l’action concrète les espoirs et les aspirations des masses exploitées, opprimées et dominées.
Pour établir la vraie rupture, celle rêvée par les masses laborieuses, nous devons combattre tout d’abord l’ennemi principal et extérieur, l’impérialisme ; et ensuite, l’ennemi intérieur, soit la classe de politiciens véreux, fourbes, opportunistes, arrivistes, transfuges, reptiles aux « genoux ployés devant le dieu-papier à l’effigie de Washington » qui encombrent les sentiers de lutte du peuple haïtien.