Alors que la pandémie de Covid-19 est en pleine course dans le pays, occasionnant à nos jours le décès de 80 personnes, et le nombre quotidiennement est en train de s’augmenter, le Premier ministre de facto Joseph Jouthe s’entête et a montré une grande impatience pour la réouverture du pays.
C’est dans cet esprit qu’il s’est rendu le vendredi 12 juin, à l’aéroport Toussaint Louverture pour une quelconque étude de faisabilité afin de vérifier l’avancée des travaux effectués dans le cadre des préparatifs liés à une éventuelle reprise des activités aériennes.
Au cours de cette visite, le Premier Ministre Jouthe était accompagné entre autres de Nader Joaséus, Ministre des Travaux Public et d’Irving Méhu le Directeur Général de l’Autorité Aéroportuaire Nationale (AAN).
Selon toute vraisemblance, il était venu travailler sur la question d’une ouverture imminente du trafic aérien. « Je ne vois pas les choses de la même façon que les scientifiques ». a-t-il laissé entendre pour ajouter ensuite « Ils n’ont encore prévu aucune date exacte pour la fin de la pandémie » Alors, « l’Aéroport fermé depuis le 19 mars dernier, ne peut pas rester fermé indéfiniment. Les vols doivent reprendre puisque la diaspora doit pouvoir rentrer au pays pour les fêtes champêtres et patronales » a-t-il fait savoir.
« Les vols doivent reprendre en Haïti » c’est le plaidoyer du Premier ministre.
Les adeptes du capitalisme, comme l’a analysé Marx, sont toujours soumis à leurs propres contradictions. Voilà Joseph Jouthe qui s’en fichait tout récemment de ses compatriotes empêchés de voyager à cause de la fermeture des vols aériens à l’étranger, et qui n’a pas levé le petit doigt pour les aider ; même nos étudiants ont été abandonnés à eux-mêmes. C’est lui maintenant qui annonce : « ensemble nous allons travailler pour permettre une interaction physique entre les gens de la diaspora et ceux d’Haïti, notamment à l’approche des fêtes patronales ». Quelle incohérence !
Pour corroborer son plaidoyer, Jouthe précise que « la fermeture du pays a des conséquences économiques désastreuses. Lorsqu’un avion arrive avec 200 passagers chacun d’entre eux dépense de l’argent en Haïti et c’est très bon pour la santé de l’économie ».
le premier ministre a poursuivi : « Voyez comment est vide l’aéroport, c’est pareil aux caisses du pays »
Plus préoccupé de la santé de l’économie que celle de la population, le premier ministre a poursuivi : « Voyez comment est vide l’aéroport, c’est pareil aux caisses du pays »[…]
Comment allons-nous donc arriver à endiguer la propagation du coronavirus quand le pays sera ouvert au trafic de toute sorte ? Sans aucune crainte de nouvelles flambées de la pandémie, le Premier ministre s’en fiche et déclare : « Personne ne peut me dire à quand la fin de la pandémie et ça c’est un problème. Donc je ne peux pas tenir un pays de cette façon et attendre la fin de la covid-19. Nous devons apprendre à vivre avec la maladie comme le font les autres pays dont les États-Unis où l’on ne parle plus de chiffres. Ils se sont adaptés. Nous devons, nous aussi, nous adapter ». En fait, Jouthe tout comme Trump ou Macron ne pensent qu’à l’économie. Il s’agit de préparer les esprits à un Etat d’urgence économique pour sauvegarder les profits et rendre les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres.
Pour couronner le tout, il affirme même avoir une date en tête, sauf qu’il dit attendre l’adhésion des autres membres de son gouvernement et celle du président. Comme il a déjà discuté avec des responsables de lignes aériennes et le Groupe de travail composé de l’Office de l’Aviation Civile, de l’AAN et de la PNH autour du renforcement des mesures sécuritaires et sanitaires, la décision peut intervenir à n’importe quel moment. Il ne lui reste qu’à contacter les représentants de l’Association Touristique d’Haïti (ATH) et d’autres secteurs concernés à la réouverture de l’aéroport International.