Voilà déjà quatre ans que le commandant Hugo Chávez a laissé orphelin tout un peuple qui avançait dignement, héroïquement, résolument, fièrement sur le chemin de sa souveraineté reconquise après des décennies d’interventionnisme politique continu, éhonté, par l’impérialisme nord-américain servi par des marionnettes défendant férocement des intérêts de domination, d’oppression, d’exploitation. Comme le dit Carlos Puebla, ce chanteur révolutionnaire cubain, en parlant de Fidel, au tout début de la révolution: «Llegó el comandante y mandó a parar». Le commandant est arrivé et est venu y mettre bon ordre (ma libre traduction).
Hugo Rafael Chávez Frías, est né le 28 juillet 1954 à Sabaneta, dans les Llanos, au sud du Venezuela. A l’âge de 17 ans, Chávez rejoint l’armée vénézuélienne. Plus tard, il s’inscrit en tant que cadet à l’Académie militaire vénézuélienne. Le 5 juillet 1975, il sort huitième de sa classe, en tant que sous-lieutenant, avec un diplôme militaire en arts et sciences. Plusieurs influences concourent à former le jeune militaire, celle du président péruvien radical de gauche Juan Velasco Alvarado, de l’historien marxiste Federico Brito Figueroa ; de Simón Bolívar, de Simón Rodríguez, le compagnon et tuteur de Bolívar ; d’Ezequiel Zamora, un leader paysan qui soutint les pauvres dans leur combat contre les latifundistes; de Jorge Eliécer Gaitán, leader populaire colombien radical de gauche, de Fidel Castro, de Salvador Allende, et de Che Guevara.
Hugo Chávez était animé d’un haut degré de conscience patriotique, nationaliste et politique de classe. Conscience patriotique dont la source remonte au rêve de la Grande Patrie du Libertador Simón Bolívar.
Homme d’action, Chávez crée au sein de l’armée, le Mouvement révolutionnaire bolivarien 200, MBR-200, d’orientation socialiste, le 24 juillet 1983, lors du 200e anniversaire de naissance du Libertador Simón Bolívar. Le 4 février 1992, le MBR-200 tente un coup d’État contre le président Carlos Andrés Pérez accusé d’avoir engagé l’armée dans une vague de répressions sanglantes. Le putsch échoue, et Chávez est emprisonné pendant deux ans. Lors de son séjour carcéral, il enregistre une vidéocassette dans laquelle il appelle à l’insurrection. Elle est diffusée vers 4 heures du matin dans la nuit du 26 au 27 novembre 1992, lors d’un deuxième coup d’État préparé par le MBR-200. La deuxième tentative avorte également. Sorti de prison au bout de deux ans, Chávez fonde un parti politique d’orientation socialiste, le Mouvement Cinquième République, grâce auquel il sera élu président du Venezuela
Élu président de la République du Venezuela le 2 février 1999, et réélu à deux reprises par la suite, Chávez aura eu un bilan de quatorze années au pouvoir proprement spectaculaire: il a refondé la nation vénézuélienne sur une base neuve, ancrée dans l’implication populaire et le changement social ; il a rendu leur dignité de citoyens à quelque cinq millions de marginalisés (dont les indigènes) dépourvus de documents d’identité ; il a repris en main la compagnie publique Petróleos de Venezuela SA (PDVSA), déprivatisé et rendu au service public la principale entreprise de télécommunication du pays ainsi que la compagnie d’électricité de Caracas.
Trois millions d’hectares de terre ont été distribués aux paysans. Des millions d’adultes et d’enfants ont été alphabétisés. Des milliers de dispensaires médicaux ont été installés dans les quartiers populaires. Des dizaines de milliers de personnes sans ressources, atteintes d’affections oculaires, ont été gratuitement opérées. Les produits alimentaires de base ont été subventionnés et proposés aux plus démunis à des prix inférieurs de 42 % à ceux du marché. La durée de travail hebdomadaire est passée de 44 heures à 36 heures. Essentiellement, Chávez a utilisé une part de la rente pétrolière et d’autres sources de richesse du pays pour l’éducation, pour la santé, pour un logement décent, pour la culture pour tous et non pour enrichir les multinationales.
Hugo Chávez était animé d’un haut degré de conscience patriotique, nationaliste et politique de classe. Conscience patriotique dont la source remonte au rêve de la Grande Patrie du Libertador Simón Bolívar. Conscience nationaliste nourrie des multiples ressentiments suscités par les appétits de l’aigle impérial. Conscience politique aiguë alliée à une conscience de classe. Sans doute Hugo Chávez n’appartenait ni à la classe ouvrière, ni à la classe paysanne pauvre, ni à la classe des laissés-pour-compte. Pourtant, intellectuellement et moralement, il s’est pleinement identifié à leurs revendications, à leur combat, à leur espoir de lendemains meilleurs à atteindre par les voies pacifiques, ou – si nécessaire – par la violence organisée, sous un leadership révolutionnaire et conséquent.
Hugo Chávez parti le 5 mars 2013 est « monté à l’assaut du ciel » et a « rallumé les étoiles » pour les peuples de l’Amérique Latine, pour les peuples du monde. Elles ne s’éteindront pas, pas plus que notre solidarité. «Chávez vit dans nos cœurs», comme le rappelait Renée Le Mignot, Co-présidente du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, lors d’un vibrant hommage au Commandant Hugo Chávez, au Cercle bolivarien de Paris, le 11 mars 2013. Nous le portons encore, vivant au creux de nos meilleurs souvenirs.
Hugo Chávez, ce flambeau de profonde conviction révolutionnaire que nous garderons allumé, et qui nous guidera sur les sentiers de lutte des peuples jusqu’à ce que naisse et s’épanouisse enfin «l’homme nouveau» dont rêvaient Che Guevara, Thomas Sankara et Frantz Fanon.