Un article paru dans le Washington Post en date du 20 février de cette année, répercuté par la grande presse américaine, par nos médias, et intitulé «La malnutrition tue des détenus en prison en Haïti» vient de rouvrir une plaie béante, malodorante qui fait terriblement mal à la dignité des Haïtiens, du moins ceux et celles qui réalisent le douloureux de la situation carcérale en Haïti, en général, au Pénitencier national de Port-au-Prince en particulier.
Ce n’est pas la première fois que le drame humain et pénal sévissant dans les centres carcéraux en Haïti est évoqué dans la presse internationale et locale, et dénoncé par des citoyens et institutions responsables, sans qu’aucun changement réel n’ait été apporté. Le désintérêt des autorités responsables d’un fonctionnement minimum, décent, du système carcéral est immense, incompréhensible, indigne des différentes instances de l’État, épouvantable, honteux, désastreux, humiliant, révoltant.
Tant l’Exécutif que le Judiciaire se gargarisent à l’occasion de grands discours, de tonitruantes déclarations, de formules consacrées, de décisions «nécessaires», voire urgentes, même de bienveillantes intentions parfois; mais toutes leurs intempestives déclarations, souvent à l’emporte-pièce, ne relèvent, en général que du cul de Nini. Les organismes de droits humains, religieux ou civils, ont beau tirer la sonnette d’alarme, ont beau dénoncer le laxisme, le sans-gêne, le laisser-aller, le je-m’en-foutisme, la malhonnêteté des autorités concernées, rien n’y fait, madame Nini continue de se pavaner et d’exhiber ses rondeurs.
Brièvement, je soulignerai les observations rapportées dans le journal étatsunien. Il y est dit que les prisonniers meurent de faim dans des cellules surpeuplées en attendant un procès qui peut prendre jusqu’à huit ans! Incroyable, impensable, inconcevable, inacceptable, incompréhensible, inadmissible. Les prisonniers sont entassés, pressés comme des sardines, dans des cellules tellement surpeuplées qu’ils doivent dormir dans des hamacs improvisés suspendus au plafond ou serrés à quatre sur ce qui leur sert de matelas.
Les nouveaux arrivants au Pénitencier national de Port-au-Prince– et ça ne chôme pas – se bousculent pour se trouver de la place sur des planchers sales où les détenus enfermés 22 heures par jour, sont contraints de faire leurs besoins physiologiques dans des sacs en plastique. C’est tout dire. On imagine facilement l’atmosphère de puanteur qui doit régner à l’intérieur de telles cellules. La surpopulation, la malnutrition et les maladies infectieuses qui se développent dans des geôles aussi encombrées ont entraîné une recrudescence de décès des détenus, dont 21 au Pénitencier en janvier dernier.
Certes, dans un certain nombre de pays les prisons sont des espaces bondés de prisonniers, des lieux sombres qui regorgent de détenus. Mais le système carcéral d’Haïti est de loin le plus encombré du monde, avec un taux d’occupation stupéfiant de 454 pour cent, selon le classement le plus récent réalisé par l’Institut de recherche politique criminelle de l’Université de Londres. Les Philippines viennent en deuxième place avec 316 pour cent d’occupation.
Certains détenus attendent jusqu’à huit ans avant de comparaître devant un juge. Ils essaient de garder leur santé mentale en maintenant une routine quotidienne de push-ups. D’autres jouent aux dames ou aux dominos. Paul Stenlove, un suspect de 21 ans qui a été enfermé il y a de cela onze mois affirme: « J’ai vraiment peur de ne pas voir un juge jusqu’à ce que je devienne vieux ». Il n’est pas le seul dans cette malchanceuse situation. En effet, 80% des personnes incarcérées qui n’ont été reconnues coupables d’aucun crime, sont gardées en détention prolongée dans l’attente de voir un juge, selon le reportage du Washington Post.
Plus grave que l’attente de comparaître devant un juge il y a l’état de délabrement physique, nutritionnel de nombreux détenus «émaciés, aux joues creuses et aux côtes saillantes» couchés silencieusement, stoïquement, héroïquement, désespérément dans ce qui leur sert d’infirmerie de la plus grande prison d’Haïti; la plupart d’entre eux trop faibles pour se tenir debout. Tableau rappelant cruellement, tristement les déportés juifs dans les prisons de Dachau, Auschwitz, ou les camps de réfugiés en Afrique ou en Asie fuyant les persécutions politiques, la faim et autres abominations engendrées par un système qui se nourrit d’elles, les perpétue, car tant de désolation humaine fait l’affaire des ONG, qui y trouvent leur beurre et des médias qui spéculent sur la «misère humaine».
Les autorités pénitentiaires disent qu’ils font de leur mieux pour répondre aux besoins des détenus, mais reçoivent souvent des fonds insuffisants de l’État pour acheter de la nourriture et du carburant de cuisine, ce qui conduit à des maladies mortelles liées à la malnutrition comme le béribéri, selon ce que rapporte le Post. Trois détenus sont morts récemment de malnutrition dans une prison de la ville des Cayes. À l’infirmerie du Pénitencier national de Port-au-Prince, le cadavre d’un détenu qui est mort misérablement de malnutrition est enveloppé sous une bâche en plastique, juste au milieu d’autres individus cachectiques en passe de trépasser. «C’est une lutte permanente pour maintenir les prisonniers haïtiens en vie», a déclaré Thomas Ess, chef du personnel du bureau de la Croix-Rouge haïtienne.
On ne peut contenir sa honte à lire le reportage du Post. Mais depuis quelque temps déjà, des individus, organisations et institutions concernés attirent l’attention des responsables de l’État sur un mal jusqu’ici apparemment incurable. Au mois de juin 2012, sur ordre de la justice, 6 détenus du commissariat de Petit-Goâve gravement malades étaient libérés et 8 autres hospitalisés en urgence. Selon ce qui avait été rapporté par le chef du commissariat, Walman Cétoute : « Ces détenus souffraient de différents maux par fautes de soins (sic). La situation est intenable dans les deux cellules du commissariat où sont entassés 157 détenus, alors que celles-ci ne peuvent accommoder plus d’une trentaine de personnes ». Apparemment aucune charge n’aurait été retenue contre les détenus qui ont pu être libérés. En décembre 2013, la commission Archidiocèse Justice et paix (JILAP) dressait un sombre bilan de la situation des prisonniers dans le pays. Elle exprimait ses préoccupations par rapport à la très jeune tranche d’âge de la population carcérale et invitait les autorités à « prendre des mesures pour améliorer le sort des détenus et les conditions socio-économiques de la population en général ».
C’était à la suite d’une enquête sur la situation des prisonniers au niveau de quatre centres carcéraux dans le département de l’Ouest: la prison de Carrefour (Omega), le Pénitencier national, la prison des mineurs à Delmas 33 et la prison pour les filles à Pétion-Ville. Les résultats de cette étude ont montré que la tranche d’âge de la population carcérale de 2012 à 2013 est de 20 à 30 ans, que les principaux chefs d’accusations sont: vol, association de malfaiteurs et détention illégale d’armes à feu. Selon la JILAP « la problématique de la prison en Haïti est le reflet d’une société mal organisée, où les richesses sont mal réparties, les programmes sociaux ne permettant pas à la population de satisfaire même ses droits les plus élémentaires ».
Dans un communiqué daté du 27 août 2013, l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) déplorait les conditions de vie accablantes des prisonniers dans les différentes prisons du pays: « Les conditions de vie qui y règnent sont abjectes, dégradantes et infrahumaines, ainsi qu’en flagrante contravention de la Constitution de 1987 et nombre de conventions internationales ratifiées par Haïti ». Lors, l’OPC avait dit « noter avec intérêt la visite récente du nouveau commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Francisco René au Pénitencier national ». Une visite restée lettre morte car René était beaucoup plus intéressé à servir vilement, complaisamment, bassement le pouvoir Martelly qu’à améliorer le sort des centaines d’individus en détention prolongée.
Au mois de mai 2014, Haïti Press Network rapportait que: « L’unique prison civile qui existe à Jacmel est un ancien dortoir des forces armées d’Haïti (FAD’H), elle a du mal à répondre à sa nouvelle mission, L’ancien dortoir des (FAD’H) à Jacmel, construit à l’époque pour 120 personnes, transformé en prison avec 16 cellules de 2 à 3 mètres carrés chacune, héberge aujourd’hui plus de 500 détenus », selon le commissaire du gouvernement de la ville, Me Jean Féhaud Antoine. Une telle promiscuité explique que plusieurs cas de prisonniers malades ont été recensés, notamment dans les cellules des hommes, lesquelles comptaient 10 cas de VIH, 8 cas de tuberculoses ainsi que d’autres cas d’affections cutanées prurigineuses et d’anémie.
Dans un document du Réseau Sud-est de Défense des Droits Humains (RESEDH), toujours en 2014, les cellules à la prison civile étaient ainsi réparties : une pour les femmes et les filles, une pour les jeunes garçons, et 14 cellules pour les hommes. Toutefois, les femmes qui avaient été jugées et condamnées étaient logées dans la même cellule que celles qui attendaient encore de passer en jugement. Les femmes malades partageaient la même cellule avec les autres. La même situation prévalait pour la cellule des mineurs. On peut parier que la situation n’a pas changé, vu l’intérêt dépravé de beaucoup d’hommes et de femmes servant l’État pour l’argent facile, «gagné» rapidement aux dépens de la caisse publique et du contribuable.
Le coordonnateur du Réseau Sud-est de défense des droits humains, M. Pierre-Paul Jétho, plaidait pour la construction d’une nouvelle prison dans le Sud-est, de façon à lutter contre la surpopulation carcérale: « Par manque d’espace, la prison se dégrade de jour en jour. Les droits des citoyens incarcérés pour des infractions diverses sont violés », déplorait Jétho. L’«appel pressant aux autorités concernées, pour améliorer la situation dans la prison civile du Sud-est» est sans doute resté sans suite. Toutes les institutions responsables se donnent sans doute la peine de lancer ces «appels pressants», mais les hommes et les femmes supposés concernés restent sourds. En fait, ils ne sont concernés que par les élections (souvent frauduleuses) qui leur donneront plein accès, en tant que magistrats, députés, sénateurs, à la gamelle de l’État.
En décembre 2015, la Commission Episcopale Nationale Justice et Paix (JILAP) revenait à la charge, déclarant que la majorité des personnes en détention en Haïti, soit 72%, n’ont jamais eu la chance de se présenter devant leurs juges naturels. Une situation très préoccupante pour la JILAP qui dénonçait, lors, l’attitude des autorités haïtiennes qui n’ont jamais pris les mesures adéquates pour améliorer les conditions de vie des prisonniers à travers le pays, conformément à la proposition du Forum Citoyen pour la Réforme de la Justice en août 2012.
« Quand nous considérons la situation des personnes en prison et / ou en garde-à-vue en Haïti c’est comme si notre société ne les considère plus comme des humains », déplorait la Directrice nationale de la Jilap, Jocelyne Colas Noël. Celle-ci dénonçait l’Etat qui n’organise pas l’assistance juridique telle que prévu par la loi: « Il n’y a pas assez de juges pour mener les enquêtes car le CSPJ et le ministère de la Justice ne renouvellent pas à temps leur mandat ». Selon Mme Jocelyne Colas Noël, «la situation est pareille dans les prisons des mineurs. Les enfants, notamment les filles, sont placées aux mêmes endroits que les femmes adultes».
Le 29 décembre 2015, le journal Le Nouvelliste publiait les résultats d’une enquête concernant une population carcérale frôlant 5 000 détenus: « Des prisonniers, sans grand espoir d’un lendemain meilleur, vivent dans la géhenne, l’invivable. Plus de 80% ne sont pas encore passés devant leur juge naturel». C’est le même cri d’indignation et de révolte à tous les niveaux où des citoyens, des institutions se sentent concernés.
« Pour les détenus, écrit Le Nouvelliste, plus de 4000 en octobre 2015, dont 80% n’ont pas été jugés, c’est un calvaire. La prison est un monde à part. Hors du lieu et du temps. Les conditions de détention, avec moins de 2 m carrés par détenu, démentent les discours et promesses poudres aux yeux des régimes qui se sont succédé au pouvoir. Des années-lumière séparent l’État de droit claironné par l’administration Martelly et la réalité ».
Le journal poursuit: «Des installations insalubres, des bâtiments surpeuplés, des violences quotidiennes insupportables… La réalité dans la prison de la rue du Centre est tout simplement chaotique. Les conditions d’incarcération sont éprouvantes. L’intimité des détenus se conjugue au conditionnel, ne pouvant pas dormir simultanément, faute d’espace. Certains vont jusqu’à confectionner des hamacs de fortune, en attachant des draps ou des morceaux de toile aux barreaux des cellules, et ce, pour tenter de conjurer cette promiscuité. Dans ce centre de détention, la question d’espace et de cubage d’air ne se pose pas. À titre d’exemple, une guérite d’environ 8 m2 située tout près du centre de détention des policiers, abrite plus de 60 détenus», alors que selon les représentants des droits humains, il en faudrait 2m2 par prisonnier.
L’Exécutif s’en bat l’œil et le flanc gauche, pour ainsi dire. Car toute parole venant d’un egzekitif c’est du vent, du bluff, hâblerie, tromperie, forfanterie, blague. Ainsi, dans un entretien accordé au journal Le Nouvelliste le 19 octobre 2015, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique d’alors, Pierre Richard Casimir, avait reconnu la gravité de la situation. Écoutez-le: « On avait constaté qu’il y avait entre 4 000 et 5 000 détenus dans cette prison civile. 90% d’entre eux étaient en détention préventive prolongée. Des gens qui auraient dû déjà purger leurs peines s’ils avaient été jugés. On s’est entretenu avec toute la chaîne pénale et les organisations de défense des droits humains et nous avons décidé de mettre sur pied une opération ponctuelle baptisée ”opération coup de poing” ».
Cette initiative de boxeur ne visait pourtant pas à libérer des détenus, mais… à «les fixer sur leur sort» (sic), selon le ministre, admettant qu’il est inacceptable qu’une personne soit jetée en prison sans être fixée sur son sort (resic). Rien que du vent, du parler en pile, du blablabla. Sans vergogne, le mec, par ailleurs accusé de détournement de fonds par Jocelerme Privert, sénateur, lors, s’était arrangé avec l’ex-PM Laurent (Gagòt) Lamothe pour dévier (et le siphonner au passage) un montant de 3 000 000 de dollars américains octroyé à Haïti par l’Uruguay au bénéfice d’un jeune Haïtien sexuellement molesté par des ressortissants uruguayens de la MINUSTAH. Et depuis, la «fixation sur leur sort» n’a fait que les garder encore en taule, et le mal est resté entier. Les détenus incapables de se payer des avocats continuent de prendre leur mal en patience dans l’étroitesse de taudis carcéraux.
Depuis, les responsables des organisations traitant des droits humains sont réduits à des déclarations ponctuelles plutôt pleurnichardes: «Le pénitencier est un enfer, les gens dorment debout ou dans des bouts de tissu», renchérissait feu le professeur Jean-Claude Bajeux co-fondateur du Centre œcuménique des droits humains, en écho à des déclarations malheureusement sans effet de Marie Yolaine Gilles, porte-parole du RNDDH. «C’est effrayant ce qui se passe dans les prisons qui sont surpeuplées en Haïti, les détenus ne sont pas considérés comme des humains», regrette M. Bajeux, qui exige l’ouverture d’autres centres pour décongestionner ceux qui débordent de prisonniers. Les a-t-on eus, ces centres?
En janvier 2017, l’effectif des prisonniers écroués au Pénitencier national était évalué à 4 056 individus. Pourtant, cet espace avait été construit pour accueillir environ 800 prisonniers. C’est ce qu’a fait savoir le directeur de l’Administration pénitentiaire national (APENA), Paul Colson Hertelou. Une cellule conçue pour recevoir 30 détenus en accueille 150. Dormir n’est pas possible dans de telles conditions. Mais Heurtelou clame que «les prisonniers y arrivent quand même». C’est à dérouter les imaginations les plus fertiles, sauf celle du dirèk.
Une situation que dénonce Antonal Mortimé, le secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations de défense des droits humains (POHDH). Il croit que « La vie et la dignité humaine doivent être respectées en toute circonstance et en tout lieu ». Qui n’est pas d’accord avec cela, s’il est sain d’esprit et pourvu d’un peu d’humanité? Mortimé a certainement raison, sauf que le système le condamne à des pleurnicharderies ponctuelles, rien de plus. Pour Marie Yolaine Gilles du Réseau national de défense des droits humains, ce scénario peut se révéler très fatal pour la sécurité et l’intégrité physique de ces personnes privées de liberté. En effet, on sait ce qui les guette: la faim, la malnutrition, les maladies contagieuses, le dépérissement, la cachexie et, au bout du rouleau, la mort.
Quand on va au fond des choses, quand on va fouiller les zo dans les kalalou du système carcéral et judiciaire haïtien, on n’est pas du tout surpris d’apprendre que «Le surpeuplement des prisons est en partie dû à la corruption rampante, alors que des juges, des procureurs et des avocats s’entendent pour créer un environnement favorable aux pots de vin». C’est ce que, en substance, a déclaré Brian Concannon, directeur de l’Institut pour la Justice et la Démocratie en Haïti, un organisme à but non lucratif.
Des étrangers qui ont une bonne connaissance du «système» sont exaspérés par un manque de volonté politique – et le mot est lâché – pour résoudre les problèmes de corruption, d’une justice léthargique et des conditions de détention. «Il est inadmissible que, malgré des centaines de millions de dollars d’aide internationale, la situation soit encore pire aujourd’hui, [que] les détenus souffrent de malnutrition sévère et meurent de maladies que l’on peut prévenir», a eu à se plaindre le sénateur américain Patrick Leahy, suite à une visite du Pénitencier national en 2012.
Mais Leahy, pou kont pa l, n’a pas à s’étouffer d’indignation pour l’inadmissibilité de la situation «encore pire aujourd’hui», puisque depuis des lustres ses pairs n’ont fait qu’encourager la médiocrité et la corruption. N’ont-ils pas accouché du monstrueux duvaliérisme mis au monde pour eux par le général-obstétricien Antonio (Thompson) Kébreau? N’est-ce pas Hillary Clinton la génitrice politique de l’affreux Martelly? Et n’est-ce pas son mari, Bill «le détourneur de fonds», le grand manitou de la gestion corrompue des millions recueillis pour la «reconstruction» d’un pays partiellement détruit par le tremblement de terre de janvier 2010? On comprend bien l’inquiétude de Leahy, mais alors qu’il nous donne du vent pour aller à la Gonâve.
En définitive, nous voilà encore montrés du doigt par l’étranger parce que nos dirigeants sont dépourvus d’un minimum de respect pour les traités internationaux qu’ils ont signés ou dont ils connaissent l’existence, d’un minimum d’humanité même à l’endroit d’individus en contravention avec la loi. Loin de quiconque la pensée de libérer des criminels, mais faut-il pour autant forcer des humains à vivre comme des bêtes? Doit-on garder en détention prolongée des individus coupables de délit mineur, ou même innocents, sans les faire comparaître devant leurs juges naturels?
Le commissaire Danton Léger assure «prendre des dispositions pour libérer certains prisonniers enfermés pour des délits mineurs afin de dégorger la prison». On espère que ce sera fait. Pour sa part, le président de la commission Justice, Droits humains et Sécurité publique à la Chambre basse, le député Claudy Robas, après avoir dénoncé la situation des prisons a annoncé l’ouverture d’une ”enquête” en vue de déterminer les causes du décès des prisonniers, même quand les causes favorisantes sont évidentes: surpopulation carcérale, absence d’hygiène, manque récurrent de nourriture, malnutrition, conduisant à des maladies graves, à la cachexie et à la mort. S’agira-t-il d’enquêtes du type bien connu qui ”se poursuit”? Allez-y, député. Enquêtez, il en restera sûrement quelque chose. Peut-être qu’il n’en restera rien…
L’initiative du commissaire Danton Léger à avoir pris les dispositions nécessaires pour assurer un enterrement digne à la vingtaine de détenus morts le mois dernier est assurément louable, mais il faudra bien que l’État, ce fameux leta, irresponsable et vag comme on le sait, prenne sérieusement en main les mesures appropriées pour que nous ne soyons plus accusés de comportement honteux, désastreux, humiliant, révoltant, quant à la façon horrible, inhumaine, bestiale dont les responsables traitent les prisonniers. J’espère n’avoir pas écrit cette rubrique pour rien.
26 février 2017