Honteuse célébration du 219ème anniversaire de Vertières !

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Depuis que le pays est entré dans cette ère de bouleversements et de crise multidimensionnelle sans précédent, certaines dates historiques ne sont plus festives, voire commémoratives. Est-ce une façon de les dépouiller de leur contenu politique ou de les considérer sans doute comme un banal fait divers ?

Ainsi la célébration du 18 novembre dernier, marquant le 219e anniversaire de la victoire de la bataille révolutionnaire des esclaves à Vertières, pour la conquête de leur indépendance contre une armée française envoyée par le Premier Consul de la République française, Napoléon Bonaparte, pour rétablir l’esclavage, a été une fois de plus mitigée pour ne pas dire ratée. Aucune manifestation patriotique, en effet, voire nationaliste à la hauteur de cette épopée inoubliable, inestimable n’a eu lieu. Pas de discours non plus pour enthousiasmer la population et lui rappeler ce haut fait d’armes de la lutte finale des esclaves pour leur émancipation.

Un fait à signaler, c’est la révolte des esclaves de Saint-Domingue qui a non seulement accouché l’abolition de l’esclavage, mais aussi a mis fin à ce système barbare pour donner  naissance à la nation haïtienne.

Croire à ce fallacieux discours serait céder à une dangereuse prestidigitation venant d’un politicien aussi fourbe que traître à la patrie.

Pourtant, à l’occasion de cet énième anniversaire, que ce soit du côté des organisations liées à l’ancienne opposition qui occupe actuellement la Primature, que ce soit du côté du pouvoir Exécutif en alliance avec le PHTK, rien n’a été organisé. Idem pour l’autre branche de cette opposition qui se met en réserve de la République, avec son Président et Premier ministre du groupe de Montana, attendant son tour d’être utilisé par les nouveaux colons, il n’y a pas eu une réaction opposée même pour camoufler une quelconque divergence.

D’évidence, on voit dans cette démagogie, l’alliance de deux secteurs qui livrent chacun à sa manière, la même bataille contre les masses populaires. Montana n’a pas soufflé mot même sous prétexte de dénoncer cette commémoration au rabais du gouvernement. Aucune réflexion sur l’importance historique de cette lutte pour la décolonisation et pour la relier à la situation politique actuelle en Haïti.

Ne sommes-nous pas en présence des partis de droite qui n’ont aucune velléité de combattre les groupes économiques des classes dominantes ; si ce n’est que de collaborer avec elles ? Ils s’alignent tous deux sur les positions les plus extrêmes de l’impérialisme international  et, en fin de compte, à l’identification fallacieuse des intérêts nationaux, réduits aux intérêts d’une  mince couche de privilégiés.  Mais, peut-on aussi demander à quelqu’un de donner ce qu’il n’a pas, quand les principaux dirigeants de l’Accord de Montana ont été l’instigateur du boycottage de la commémoration de notre Bicentenaire d’indépendance en 2004 ?

Rien de bien extraordinaire, en ce 18 novembre 2022 ! Sauf une banale gerbe de fleurs du Premier ministre de facto flanqué de ses ministres qui a été déposé en l’honneur de nos ancêtres à la sépulture des personnages célèbres et historiques, en l’occurrence au Musée du Panthéon National Haïtien (MUPANAH), au Champ de mars, sous l’indifférence totale de toutes les couches de la population qui, de plus, ont montré leur rejet en bloc de ce gouvernement au service des puissances impérialistes.

Les déclarations faites en ce jour ne peuvent être mises seules sur le compte de la rhétorique protocolaire d’usage en ce genre de circonstances.

Et ce n’est sans doute pas un hasard, si le Premier ministre de facto Ariel Henry n’a causé la moindre surprise. C’est sur son compte twitter, qu’il a simplement signifié qu’une unité soit indispensable au sein de la classe politique « Le voile de la solidarité, du dialogue et du vivre-ensemble est déchiré à cause de nos querelles intestines. Unissons-nous pour rendre à notre chère Haïti sa fierté, sa gloire, tout en prônant l’idéal de changement tant préconisé par les Pères de la Patrie », disait-il.

Pour couronner son grotesque sans-gêne, il a aussi affirmé que « le temps est venu pour que les fils et filles de la Nation, à l’instar des héros de Vertières, s’accordent à penser, à dire et à agir dans l’intérêt de la Nation commune. Que ce bel exemple de nos ancêtres et leurs prouesses nous inspirent et nous aident à remonter la pente et à reconstruire notre pays ».

Croire à ce fallacieux discours serait céder à une dangereuse prestidigitation venant d’un politicien aussi fourbe que traître à la patrie. De telles déclarations ne sont-elles pas une autre manifestation de manque de respect du peuple haïtien ?

Certes, nous sommes en quête d’unité, mais pas d’une collaboration de classes entre les exploiteurs et les exploités, les classes dominantes et les classes dominées.

Ce n’est qu’en créant un vaste mouvement de masses organisé, uni et structuré, sous le leadership d’un parti révolutionnaire que nous pourrons véritablement retrouver la force et l’harmonie nécessaires pour forcer la capitulation de l’ennemi de classe que représentent les laquais au pouvoir et ceux-là qu’il tient en réserve pour accomplir ses forfaits.

Vaincre ces réactionnaires et ouvrir la voie à la transformation sociale de la société haïtienne, c’est dire que le train du renouveau haïtien a encore beaucoup de chemin à parcourir avant l’arrivée à bon port, pour enfin célébrer honorablement et glorieusement  la victoire de nos ancêtres.

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