Haïti Top 10 Héritiers/ères Musicaux Modernes Numéro 7: Ex-aequo : Marc Mathelier, Edy Brisseaux, Daniel Beaubrun

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1994

Marc Mathelier (Liberia, 1961)

« Un héritier authentique »

Ce guitariste classique de souche haitienne a pourtant vu le jour dans l’Afrique natale, plus précisément au Libéria où ses parents élirent domicile dans les années soixante. Malgré tout, il a grandi dans l’ambiance de la musique de ses origines, d’où naquit sa passion et, de ce fait a connu les joies de la guitare dès l’âge de onze ans. Ainsi, tout en apprenant son sujet qui devient de plus en plus l’objet de sa créativité, afin de s’acquitter en digne héritier de la musique haïtienne. Entre temps, Marc vient s’installer aux USA où il s’impose comme la coqueluche de la diaspora. Gratifiant une habilité qui fait montre de tant de possibilités durant ses performances. Son premier album ‘Aprèmidi Anbatonèl’’, reçoit l’adhésion des mélomanes qui sont épris des exquises de ;’’Marabout de mon cœur’’,Fèy’’,’’ Kouzen’’ etc; ainsi que ses compositions: Aprèmidi anbatonèl, Souvni Pómago etc,bien concoctées, mettant à nu une estampille s’apparentant à une excursion singulière au gré d’un doigté pétillant, tout en s’acquittant d’une bonne marge de progression.

En 1987, il fit la rencontre du légendaire guitariste haitien et pionnier de la guitare universelle Frantz Casséus dont les directives royales vont permettre à Marc de peaufiner ses données et trouver la voie princière de la guitare classique. Eventuellement, il devint très proche de Casséus qui devint son idole de prédilection, jusqu’à la mort de celui-ci. Et pour perpétuer la mémoire de cet illustre devancier, il publia en 1996:’’Essai bibliographique sur la vie de Frantz Casséus’’. Subséquemment, il fit l’offrande d’autres productions musicales dont:’’Sounds of Legends’’dans un contexte d’esthéticité que reflètent: Isit an Ayiti,(Lumane Casimir), Nous te voulons chère patrie(D. Baptiste), Trois bébés (G. Durosier), Romance (F. Casséus), Choucoune (M.Monton). Toutes marquées par une profonde fidélité à l’interprétation, sans excursion incongrue au gré d’une sonorité exquise imprégnée de dosages sonores, en faisant ressortir davantage une empreinte à la fois conventionnelle et ricoco.

D’autres ouvrages ont éventuellement mis au paroxysme un guitariste consommé, auréolé d’un lyrisme affreté de musicalité, avec une précision technique infuse d’une sonorité foissonante; projetant un tissage tout à fait pluriel. Autant que dans :Souvni’’ en collaboration avec la soprano Michèle Sorel, faisant luire davantage sa complémentarité grâce à une vélocité distillant des fugues percussives et autant de traits qui le campent en héritier authentique. Diffusant un répertoire varié, alternant entre le baroque, fusion-alternative, jazz -standard, et musique populaire affretés de classicisme. Dans des prestations d’envergure, toujours en missionnaire de la cause, pour la consolidation de l’art majeur, il parcourt les salles de spectacles, les grands temples musicaux à implémenter le dodécaphonisme. Avec une renommée qui s’élargit de plus en plus dans les milieux classiques.

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Daniel ‘’Dadi’’ Beaubrun (Port-au-Prince?)

« Un musicien tout-terrain »

Malgré une carrière mitigée, ‘’Dadi’’ s’est manifesté comme l’une des étoiles marquantes de la mouvance rasin. Pour avoir a priori expérimenté différents paramètres musicaux qui lui ont conféré un statut d’instrumentiste divers et d’un musicien outrecuidant, en plus éclectique. Après une formation musicale à New-York, il revient ultérieurement au bercail pour prendre part aux élaborations et fusions des multiples rythmes traditionnels du terroir dans la deuxième moitié des années 1970. Notamment, comme pilier du groupe «  Boukman Eksperyans », au sein duquel il a cumulé les fonctions de vocaliste, guitariste, bassiste certifié; et aussi leader, compositeur et arrangeur. C’est ainsi que grâce à sa maestria, le « Boukman » prit le devant de la scène musicale et du movement rasin-fusion. Moyennant ses édifications et une forte dose de feeling qu’il retransmet dans un soul nuancé en plus d’un jeu audacieux.

De plus, les réitérations de ses thèmes tout en synchronisation, et sa marque inventive l’ont installé en artiste sacré. Spécialement en bassiste inspiré, avec une touche composite et une habilité à faire jaillir une sonorité infectieuse. Tout en alliant diverses techniques à la faveur de ses connaissances de: jazz, rock blues, reggaie, bossa-nova, pop etc. en plus de ses capacités d’improvisateur. Autant d’auras ayant permis au « Boukman Eksperyans » de tenir le coup, jusqu’au début de ce millénaire, avant qu’il ne s’esquive à l’anglaise. Abandonnant son frère “’Lóló-Barnabé’’ à ses magouilles habituelles. Et un groupe privé de directives, voire de ses compositions et de ses arrangements; lequel tomba en lambeaux après son départ. Il est allé par la suite se terrer en Floride où il s’est appliqué ingénieusement à majorer d’autres oeuvres collectives; incluant le cd: ‘’Kilti-chók, Culture-choc, Culture-shock’’ réalisé au Japon en compagnie du guitariste Jimmy Jn. Félix, des tambourineurs ‘’Bonga’’ et S. Décius et de la pianiste japonaise Michiko Tatsumo. A travers laquelle il a fait preuve de sa science musicale et de son don du tempo.

Par la suite il a gratifié d’un solo retentissant: ‘’Lataye’’, lequel a certifié de sa rayonnance dans la musique rasin. Et dans lequel, il prouva dans 15 pièces hautement avisées son énorme talent. En effet, si vous y acquiescez au soft autant qu’en hard rasin que propulsent: Alegba papa pyè, Tou manbre, Edike, M viv avè yo, Djakout sa a, Bazou, Kay Inan, Bonzanmi, Marinèt, Sa w fè pou yo, Sayila, Rekomanse, Fafou, Viv lavi w, M pwale, à travers lesquels Dadi s’est montré en Samba transcendental, un peu visionaire, dans ses textes édifiants, épurant son âme pour s’exposer au comble d’une sonorité allégorique, et en faire des instantanés de la vie.. Des morceaux qui sont des références en termes de créativité. Surtout, avec leurs pas furtifs, percussions imagées, chœurs exaltés, cordes pénétrantes et texture envoûtante. Autant dans les thématiques que dans le fond. Une collection qui aurait dû crever le plafond, si elle n’avait pas apparu à une époque où le rasin s’était déja engagé sur une pente descendante.

Bien qu’il ait su se transitioner de temps en temps, entre une reconnection opportuniste avec Lóló dans le cadre du mouvement Grennnanbounda. Se singularisant, tout en soupoudrant allègrement de sa touche de bassiste impeccable, la musique de : Peter Gabriel, Yossouf N’ Dour, la star sénégalaise, Ismael Lo, Jimmy Cliff, Mary J. Blidges, Wycleff , entre autres. Et s’acquitter même à sa façon discrète, d’initiatives personnelles telles” Limyè’’ pour le premier anniversaire du tremblement de terre de 2010; ainsi que: Vwayaj Mizikal,;;; présenté au temps récent au Kiosque Occide Jeanty au Champs de Mars à Port-au-Prince. C’est dire qu’il s’active encore à se porter garant pour le triomphe de la culture, tout en évitant les appâts du mercenariat qui ne mène point à la postérité.

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Edy Brisseaux (Cap-Haitien, 1964)

« Un souffleur syncrétique et avisé »

Edy s’est emmené au comble d’une longue traversée et d’affinage, de son initiation musicale à la Fanfare du Lycée Pétion de Port-au-Prince dans laquelle, il fait déjà montre de sa singularité. Dans sa trajectoire hâtive, il fait la ronde des groupes obscurs dont le « Cosmos » du Bel-Air, pour des débuts convaincants avec « Les frères Déjean », engrangeant des données sous les directives du grandiloquent André Déjean. A ce tournant, il fait étalage de trompettiste au jeu spécifique, au contrôle de la mesure, phrasé accommodant, style diversifié. A l’étape de « Dixie band », il devient la convoitise des groupes rivaux et finit par claironner pour le « Bossa Combo ». Puis atteignant une autre dimension, il rejoint le « Carribean Sextet » en se faisant des perspectives sous l’impulsion du Français Jacques Fattier. Pour traverser divers courants ressourcés aux musiques urbaines, entre le droit à la distraction et le don de la vocation.

Souffleur en plus syncrétique au phrasé précis. La forme esthétique et rythmique de son registre, impulse une beauté sonore et hiératique, qu’anime un trompettiste épatant, lequel a su imprimer son intelligence harmonique, sa sobriété, sa créativité conceptuelle, sa sonorité acide. En plus de ses envolées tout en finesse qui l’ont alors placé à l’avant-garde de sa génération. Laquelle revendique les sonorités des élaborations périphériques avec le « Zèklê » et des tendances rasin, fusion, world beat .La deuxième moitié des années quatre vingt l’a situé à New-York, oú il collabore avec entre autres le « Skah-Shah » et, d’autres associations, pour ensuite faire l’offrande de son premier cd en solo :’’ Move’’, avec son ensemble « Bazilik » marqué d’escapades référentielles. Au faîte de ses modulations jazzées, de solos voluptueux et nuancés, marqués d’une sonorité exquise comme si chaque syllabe propulse sa propre gamme d’expression.

D’autres productions, dont des litanies de Gospel,  de Noël et « Hommage aux mamans », n’ont pu pourtant le sauver d’une prolixe gloutonne, entachée d’une apparence inachevée qu’à un exercice de créativité.  A travers lesquelles, il a aussi navigué dans des subtilités vocales OFF Tempo. Des tentatives tout de même audacieuses qui rappellent que ce n’est pas de son domaine. Malgré tout, on ne peut qu’être révérentiel .Notamment pour son orientation exploratrice, l’autorisant à chaque fois, à tester ses limites et ses capacités. Laissant respirer ses lignes mélodiques pour faire luire sa richesse et sa force lyriques; irriguant les sentiers jalonnés, qu’il a nimbés de sa marque distinguée. Entre temps, quand l’art peut s’avérer un pis-aller; il s’est mué en concessionnaire ambulant de c’d’s et gadgets pour nourrir son homme. Quant à l’âme toute en flair de ce musicien prodigieux, il l’a dédié aux escapades conceptuelles, spécialement dans ses initiatives osées avec son raklasikobop’s. Dans un milieu oú les adeptes se font tant discrets. Puisque Edy persévère pour trouver la faille, avec toujours dans la tête mille et un projets louables. Malgré sa trajectoire altérée, il suffit seulement de pointer sa valeur qualitative pour l’intégrer parmi les divulgateurs modernes de marque.

 

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