Haïti : Intervention, occupation, domination, le piège de Washington !

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Le 28 juillet 1915, 330 marines Yankees envahirent Haïti avec l’argument de protéger les intérêts économiques américains contre les bandes armées et l’instabilité sociopolitique. Par la force d’une occupation militaire violente, on a vu la mainmise complète de l’Administration américaine sur les services du pays qui a duré dix-neuf ans. Ainsi, a commencé le premier chapitre d’un projet américain pour le premier pays indépendant et souverain de l’Amérique latine.

Le prétexte de maintien de l’ordre trouva une société haïtienne en état de choc et de troubles. L’alliance entre les élites politiques et les commerçants étrangers qui finançaient leurs aventures mesquines ont facilité la dégradation générale du pays. Près de quinze ans plus tôt, des troubles politiques avaient empêché le général Nord Alexis, Président d’Haïti, de célébrer convenablement le centenaire de l’indépendance en 1904, et ce fut pour mettre fin, soi-disant, à ce chaos que les Etats-Unis initiaient leur envahissement du pays. Pourtant, leur présence militaire allait leur permettre plutôt de contrôler non seulement la politique mais aussi l’économie, jusqu’à l’exploitation des masses paysannes pauvres et au pillage systématique de nos ressources naturelles.

Tout comme en 1904, un siècle plus tard, des troubles sociopolitiques intenses, périodes d’instabilité politique chronique, des crises à n’en plus finir servant de catalyseur pour la décomposition des institutions étatiques ont également empêché en 2004 la célébration de l’anniversaire du Bicentenaire comme il se devait.

En fait, le projet a bien réussi à nous amener là où les forces obscures le voulaient de façon à nous traiter en Etat paria. Il s’agissait de transmettre le pouvoir Exécutif aux ennemis du pays, c’est-à-dire remettre l’avenir de la nation aux mains d’une classe d’hommes et de femmes qui ont pour mission d’appauvrir le peuple et le pays tout au long de son histoire au profit de l’impérialisme américain.

Ce n’est pas un accident de l’histoire ; tout a été mis en place par Washington, afin de réussir cette toile de fond. La Gendarmerie d’Haïti ou l’armée d’occupation, l’ancienne FADH, qu’il nous a léguée avec l’appui de l’ambassade américaine à Port-au-Prince institue une multitude de coups d’Etat militaire et de changements de régimes.

au cours de cette domination, tout gouvernement populaire, sinon nationaliste, qui refusait leur diktat est déstabilisé et finit par être renversé par un coup d’Etat.

Ce ne fut qu’une succession ininterrompue de gouvernements imposés par cette puissance tutrice pour arriver à nous façonner à leur goût. Tous ces Présidents téléguidés avaient ou presque les mêmes caractéristiques comme s’ils avaient été éduqués à la même Faculté pour refuser d’accorder la moindre liberté au peuple tout en favorisant les intérêts d’une petite oligarchie mulâtre au service des puissances impérialistes.

Tout au cours de cette domination, tout gouvernement populaire, sinon nationaliste, qui refusait leur diktat est déstabilisé et finit par être renversé par un coup d’Etat. Cette ingérence permanente pour mieux nous gérer a pris toutes les couleurs possibles allant même dans le domaine de la promotion de la démocratie et des droits de l’homme. Cette rhétorique n’est qu’une couverture de l’impérialisme américain de sorte qu’il poursuit sans aucune résistance sa politique agressive et criminelle.

Le plus comique de tout, c’est le rôle de l’opposition à tout gouvernement non-aimé ou propulsé par les Etats-Unis. Elle est toujours fabriquée de toutes pièces par Washington pour  attiser ou créer le désordre et le chaos.

Le scenario du discours de l’opposition n’a jamais changé toujours les mêmes refrains tels que :  la recherche d’un compromis pour le partage des pouvoirs, l’organisation de nouvelles élections et bien souvent pour envenimer la crise, les vautours internationaux poussent le courant opposé à une certaine intransigeance refusant tout compromis avec le pouvoir en place.  Haïti est l’exemple de cette manipulation cynique, de destruction programmée d’un petit pays  appauvri par les Etats-Unis d’Amérique et victime de plus d’un siècle de crimes commis par l’impérialisme américain.

La domination américaine est la conséquence de l’effondrement de l’État haïtien. Aucune confiance ne peut être faite à ceux dont le programme se résume à améliorer ou à remplacer leur « mauvais » système capitaliste pour mieux nous assujettir. La situation évolue désormais comme elle le voulait ; et tout a été construit, orchestré pour faciliter la politique interventionniste des États-Unis.

Les événements auxquels nous assistons aujourd’hui sont les échos de notre passé douloureux sous la dépendance du colon américain. Tout comme en 1915, la classe politique haïtienne dans sa majorité se rallie toujours à la politique américaine. Un consensus avait été trouvé en 2004 autour de l’occupation américaine sous les ombrelles des Nations-Unies qui a duré 14 ans avec les forces militaires de la Minustah. C’est le degré de connivence entre les élites socio-économiques et politiques haïtiennes et les américains qui tiennent le pays dans cette crise permanente.

Les impérialistes n’ont été, ne sont et ne seront jamais un espoir pour le peuple haïtien. Il est impossible à l’Occident dominant qui  a toujours pour mission en Haïti de détruire, de tuer et de créer un environnement de sentiment d’infériorité et de défaite chez le dominé. Selon leur agenda : toute solution haïtienne doit passer par eux.

La crise multidimensionnelle que nous vivons actuellement est un autre chapitre que l’impérialisme et ses agents locaux se préparent à écrire avec leur intervention militaire annoncée et programmée pour tenir intact le statu quo pour des années à venir. L’urgence est de se débarrasser de cette domination des puissances impérialistes, car c’est la seule condition pour assurer le salut du peuple haïtien.

Nous ne pouvons laisser à ceux qui nous ont enfoncés dans l’abîme de venir à notre rescousse. Il faut que nous nous organisions afin de pouvoir combattre ce nouveau plan de guerre sans doute encore plus machiavélique de l’impérialisme américain.  C’est un piège qui nous est tendu. L’urgence est de combattre ce projet qui n’est autre : qu’une nouvelle forme classique de restructurer leur domination. Le peuple haïtien est le seul à pouvoir construire ou reconstruire sa Nation, son pays, rétablir son indépendance politique et sa souveraineté pas aux barbares impérialistes et leurs institutions au service exclusif de l’exploitation capitaliste.

En cette occasion du 108ème anniversaire du débarquement de la honte du 28 juillet 1915 qui engendra d’abord l’occupation et ensuite la domination d’Haïti, nous à Haïti Liberté, nous disons Non, mille fois Non au nouveau projet d’intervention criminelle de Washington !

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