Haïti, chronique d’une crise électorale (140) Élections des Collectivités Territoriales, fin du processus électoral !

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Les membres du Conseil Electoral Provisoire en Conférence de presse

 Les élections locales du 29 janvier 2017 pour élire les pouvoirs locaux « Conseils d’Administration des Sections Communales (Casec), Administrations des Sections Communales (Asec) et Délégués de ville, marquent la fin du processus électoral de 2015-2017. En toute logique, elles sonnent aussi la fin de « Haïti, chronique d’une crise électorale » qui a duré près de trois ans. En effet de mai 2014 jusqu’à date, 1e février 2017 nous avons suivi pour vous cette saga électorale semaine après semaine. Pendant ces deux années et demie, cette chronique n’a été absente dans les colonnes du journal que deux semaines seulement. Pour certains c’est un exploit. Pour nous, c’est le respect vis-à-vis de vous, lectrices et lecteurs assidus qui aviez pris l’habitude de lire votre hebdomadaire préféré Haïti Liberté. Un grand merci à vous tous pour votre soutien et d’avoir encouragé la poursuite de cette chronique pendant si longtemps. La philosophie nous enseigne que toute chose a une fin et du néant naîtra quelque chose de nouveau. Toute l’équipe du journal va réfléchir pour vous trouver quelque chose d’encore plus accrochant toujours dans le cadre de notre combat politique pour une meilleure Haïti. C.C.

Cette saga électorale aurait été incomplète si nous devions passer sous silence le scrutin du 29 janvier 2017. Mieux, ç’aurait été une insulte vis-à-vis de ces milliers d’élus des Collectivités Territoriales (5.536). Eux aussi font partie des soubresauts ayant conduit à ce long processus électoral. Ils méritent donc que l’histoire ne les oublie pas dans ce qui était un processus à rallonge. Si en effet tout le long de cette radiographie du processus qui a enfin terminé sa course le 29 janvier 2017 on a toujours parlé des élections générales, c’est parce que le décret électoral de 2015 comptait un volet pour les élus territoriaux. Certes, la priorité avait été donnée aux scrutins présidentiel et législatif par les acteurs. Néanmoins, les Conseils d’Administration des Sections Communales (Casec), les Administrations des Sections Communales (Asec) et les Délégués de ville faisaient toujours partie de ce processus électoral initié depuis le début. Et pour cause. Cela fait plus d’une décennie qu’aucun scrutin n’avait été organisé pour renouveler ces élus locaux. La dernière fois qu’il y a eu une élection pour ces élus territoriaux avant celle du 29 janvier 2017 datait de 2006.

Le « salon des élections du 29 janvier » qui a eu lieu le dimanche 22 et mardi 24 janvier 2017 à l’hôtel Ritz Kinam II à Pétion-Ville
Le « salon des élections du 29 janvier » qui a eu lieu le dimanche 22 et mardi 24 janvier 2017 à l’hôtel Ritz Kinam II à Pétion-Ville

C’est dire que le scrutin de 2017 a toute son importance dans le cadre de revenir à la normalité institutionnelle dans ce pays. Plusieurs fois annoncées et mainte fois reportées ou annulées les élections pour les Collectivités Territoriales n’ont jamais été une priorité pour le pouvoir central, voire les Conseils Electoraux Provisoires. Ces élus sont les enfants pauvres du système politique et administratif haïtien. D’où le mépris avec lequel les gouvernements centraux de Port-au-Prince traitent ces élus de la République. Pourtant leur rôle n’en est pas moins important dans la gestion du territoire en collaboration avec les autres élus locaux, entre autres les Conseils municipaux. Enfin après bien des péripéties et des années durant, les élus territoriaux sont de retour. Pour y arriver, le Conseil Electoral Provisoire (CEP) dirigé par Léopold Berlanger avait décidé dans sa lancée de combler ce vide.

Dans le calendrier électoral de 2016, il était prévenu que les élections locales aient lieu en même temps que le second tour pour les élections législatives partielles du tiers du Sénat ; soit le 29 janvier 2017. Le CEP de Léopold Berlanger qui entendait respecter ce calendrier avait initié ce scrutin dès la proclamation des résultats de la présidentielle et  le premier tour du tiers du Sénat. Rappelons que tous les candidats pour ces élections locales avaient été inscrits dans les différents Bureaux Electoraux Départementaux (BED) et Bureaux Electoraux Communaux (BEC) du pays depuis la première tentative d’organiser les élections générales sous la présidence de Michel Martelly en 2015. Ainsi le 29 janvier 2017, 31.056 candidats de toute sorte : Délégués de ville, Asec et Casec étaient en lice pour élire : 568 Cartels d’ASEC, 570 Cartels de CASEC, et 139 Délégués de ville.

Traités en candidats de seconde zone, cette dernière partie d’élections n’avait pas fait l’objet de grande campagne de communication du CEP. Très peu de spots publicitaires du CEP à l’inverse des autres scrutins. Même les candidats, faute de moyens, n’ont pas pu vendre leur programme et donc être présents dans les médias. Les affiches et autres tracts à l’effigie des candidats étaient rares. Sinon totalement absents du paysage. Pas de grands meetings et de vastes rassemblements non plus dans les Sections communales. Les candidats s’étaient contentés de faire du porte à porte pour rencontrer les électeurs et les électrices. N’était-ce le second tour du tiers du Sénat, soit huit (8) départements pour lequel il y avait seize (16) postulants en course pas grand monde n’aurait entendu parler de cette élection pour les élus territoriaux. Pratiquement rien ou presque à la télévision. Les radios non plus n’ont pas répondu à l’appel des candidats. Alors que la campagne officielle était ouverte du 9 au 27 janvier 2017 à minuit. Le Conseil Electoral Provisoire n’avait consenti à faire quelques timides annonces que jusqu’à la fin de la campagne quand le Directeur Exécutif du CEP, Uder Antoine avait appelé les électeurs à aller voter le 29 janvier 2017.

Le pays a eu aussi droit à un long et ennuyeux message du Président du CEP, Léopold Berlanger durant la semaine  qui a précédé les scrutins  dans lequel il implorait les électeurs à se rendre aux urnes. Pourtant le Trésor Public avait débloqué tout de même trente (30) millions de dollars américains pour ce dernier round du processus électoral, ce qui porte à cinquante cinq (55) millions de dollars américains l’ensemble des sommes dépensées pour les élections sous la présidence provisoire de Jocelerme Privert. En effet, elles comprennent les onze (11) millions de dollars du PNUD plus les vingt-cinq (25) millions qui avaient été dépensés pour l’organisation du premier tour de la présidentielle et le deuxième tour des législatives partielles et le premier tour du tiers du Sénat et enfin les sept cent vingt trois (723) millions de gourdes pour divers autres organismes, dont la police nationale, qui avaient contribué à parachever le processus. Comme pour les autres scrutins, les élections locales du 29 janvier 2017 n’en étaient pas moins surveillées et sécurisées par les organisateurs qui avaient mis en place un dispositif sécuritaire presque semblable à celui des scrutins du 20 novembre 2016. Toujours sous la houlette de l’Inspecteur général Jean Saint-Fleur de la PNH qui avait déjà coordonné la sécurité de l’édition de novembre, une armée de policiers et autres Agents de sécurité du CEP (Gardes électoraux) avaient été à pied d’œuvre ce 29 janvier afin que les électeurs puissent remplir dans la paix et la sérénité leur devoir civique.

Trois milles policiers supplémentaires étaient rajoutés aux dispositifs stationnés dans les départements et même des drones équipés de caméras avaient été déployés surtout dans les Sections communales difficiles d’accès. Ces drones, selon l’Inspecteur général Jean-Saint-Fleur, étaient très dissuasifs lors de ces joutes électorales. La MINUSTAH, l’UNPOL (Police des Nations Unies), FPU (Forces de police spécialisée) et la PNH (Police Nationale Haïtienne) avaient mené des patrouilles conjointes sur l’ensemble du territoire national dans le cadre de la journée électorale. Comme pour le 20 novembre 2016, le permis de port d’arme à feu avait été révoqué dès le samedi 28 janvier 2017 sur l’ensemble du territoire  et les manifestations publiques, elles aussi, avaient été prohibées du vendredi 27 au lundi 30 janvier 2017 afin de faciliter la tâche de la police nationale à sécuriser le déroulement de ces élections locales.

Entre 19 et 21 janvier 2017, le CEP avait reçu plusieurs tonnes de matériels dits sensibles et non sensibles. Ces cargaisons comprenaient entre autres, des kits de formation, règlements, aide-mémoires, guide de procédure, Cartes d’identification des mandataires, des observateurs, des superviseurs et gardes électoraux. C’est la firme de Doubaï, Al Ghurair Printing and Publishing dans les Emirats Arabes Unis qui avait eu la charge d’imprimer et d’expédier  les bulletins de vote pour tout le processus électoral. Sitôt arrivés à l’aéroport international Toussaint Louverture, tous les matériels (173 palettes), d’après le responsable de la Communication du CEP, Richardson Dumesle,  avaient été acheminés à travers  tout le pays ce qui a permis à tous les Bureaux Electoraux Départementaux (BED) et les Bureaux Electoraux Communaux (BEC) de recevoir à temps les documents nécessaires. Comme avait été le cas pour les élections législatives, les électeurs avaient la possibilité d’appeler ou d’envoyer un SMS à ces numéros : 8828 et 8829 pour Natcom ou 8830 et 8831 pour la Digicel afin de savoir où ils pouvaient voter. Huit jours avant le scrutin, le CEP avait organisé le samedi 21 janvier 2017 une journée de formation pour les membres des Bureaux de vote. Ils étaient environ 35779  membres titulaires et 5114 membres complémentaires pour cette élection comprenant le tiers du Sénat, les Asec, les Casec et les Délégués de ville. Toujours dans l’idée de permettre à chacun de bien saisir le sens des élections pour les élus territoriaux, une sorte de journées de sensibilisation de la population avaient été organisées entre dimanche 22 et mardi 24 janvier 2017 inclus à l’hôtel Ritz Kinam II à Pétion-Ville. Le but étant de faire découvrir aux citoyens l’importance des élections pour les Collectivités Territoriales. Le thème était « Élections locales, développement local » plusieurs personnalités étaient venues expliquer le rôle et l’importance de ces Collectivités au sein de la République. Ces séances de sensibilisation sur les élections territoriales avaient été organisées aussi dans des églises, écoles et autres lieux publics en collaboration avec le Conseil Electoral Provisoire. Les observateurs électoraux aussi étaient de la partie.

Ils étaient aussi nombreux le dimanche 29 janvier 2017 que pour les scrutins de novembre 2016. Selon le Conseil Electoral il y avait un total de six cent (600) observateurs électoraux internationaux déployés dans le pays pour observer le déroulement de ces élections locales. Ils n’étaient pas seuls sur le terrain, et loin de là. Toujours selon le CEP, c’est un effectif de 4569 observateurs électoraux nationaux de différents organismes haïtiens d’Observation Electorale qui étaient dans tous les coins et recoins du territoire pour ces élections locales. Enfin, comme à chaque scrutin le CEP avait réparti ses neufs (9) Conseillers à travers les dix départements de la République pour suivre le déroulement des élections. Pour ce scrutin des Collectivités Territoriales qui devait boucler ce cycle électoral et qui était le dernier round de ce processus interminable, les  membres du CEP étaient répartis comme suit : Jean Simon Saint- Hubert, du secteur des droits humains, dans le département du Centre, Frinel Joseph ; des Cultes réformés, dans le département du Sud-Est,  Marie Frantz Joachim, du secteur femme dans les départements de l’Ouest 2 et Grand’Anse. Kenson Polynice, du secteur paysan/Vaudou dans le département du Nord-Ouest, Carlos Hercule, de la Conférence Episcopale, dans le département de l’Artibonite, Léopold Berlanger, de la presse, dans le département de l’Ouest 1, et enfin, Marie Hérolle Michel, du secteur patronal, dans les départements du Nord et du Nord-Est. Tous ont contribué à ce que le pays soit doté des élus légitimes pour qu’en fin les populations locales, celles des Sections communales, sortent du provisoire ou des élus nommés par le gouvernement de Port-au-Prince.

C.C

 

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