Eduardo Chivambo Mondlane: révolutionnaire portugais méconnu (1920 – 1969)

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Eduado Mondlane (à droite) en compagnie de Samora Machel pendant la guerre de libération du Mozambique.

Rarement, un révolutionnaire aura eu une vie militante aussi météorique qu’Eduardo Chivambo Mondlane.                                                                                                                                               Mondlane est né dans le pays de Gaza, au sud du Mozambique, le 20 juin 1920, fils d’un chef tribal. De ses parents, Chivambo rapporte qu’ils «appartenaient à la vieille Afrique sans contact valable avec les modes [de vie] du monde occidental. Ils ne connaissaient pas le christianisme, ils ne savaient ni lire ni écrire, ils vénéraient et adoraient les ancêtres… On vivait de la culture des petits champs, de l’élevage du bétail et de la chasse. Mon enfance se passa ainsi dans les pâturages avec de nombreux bergers de mon âge». Mais, un sens aigu de la responsabilité révèle très tôt au jeune Chivambo l’abrutissante domination coloniale.

Son adolescence est marquée au coin d’une éducation religieuse, presbytérienne suisse. Il se rend à Lourenço Marques, capitale du Mozambique (aujourd’hui Maputo) pour y terminer ses “primaires.” à l’école de la Mission Suisse. L’ambiance religieuse qui y règne finit par faire de lui un évangéliste. Il rejoint la Mission Suisse au Transvaal du nord, à Lemana. Le samedi et le dimanche, Mondlane enseigne et prêche, mais le reste du temps, il travaille avec acharnement à l’école. Il rejoint ensuite la mission méthodiste rurale de Cambine jusqu’en 1942. En 1948, il part étudier les sciences sociales à l’université du Witwatersrand à Johannesburg  où il passe avec succès ses examens de maturité en anglais et en afrikaans, la langue des Boers.

Après un an d’études collégiales à l’Université de Witwatersrand en Afrique du Sud, l’orientation du nouveau parti nationaliste le force à laisser l’environnement universitaire. Il se rend à Lisbonne pour voir et comprendre de plus près le gouvernement et les politiques portugais et aussi pour mieux maîtriser le portugais. De mauvais traitements le forcent à plier bagages.  Des missionnaires protestants au Mozambique lui trouvent une bourse pour aller étudier à Oberlin College, une université d’arts libéraux américaine dans l’État de Ohio, aux États-Unis, où il décroche une licence en sociologie et en anthropologie en 1953, suivie d’une maîtrise à l’université de Northwestern et d’un doctorat en anthropologie à Harvard où il avait rencontré sa femme, blanche originaire d’Indiana, une militante politique.

En 1957 Eduardo est nommé chargé de recherche au Département de tutelle de l’Organisation des Nations Unies. Il voyage fréquemment en Afrique pour étudier et écrire sur les développements sociaux, économiques et politiques dans les territoires sous tutelle portugaise. Lors d’une visite au Mozambique en 1961, il est accueilli par des milliers de Mozambicains qui voient en lui des qualités de leadership. Mais à l’ONU, il n’est pas autorisé à exercer une activité politique directe. Il démissionne alors de son poste cette année-là et accepte un poste de professeur à l’Université de Syracuse  comme professeur adjoint d’anthropologie. Il aide également à l’élaboration d’un programme d’études pour l’Afrique de l’Est.

En 1961,  Julius Nyerere l’invite à rejoindre la Tanzanie où l’indépendance se met en place.  Là, il rencontre les populations mozambicaines réfugiées. A Dar-ès-Salam, des groupements politiques de Mozambicains se querellent, des milliers et des milliers de gens de tout le Mozambique vivent mal, réfugiés en Tanzanie. Un programme s’impose: Il faut que les factions politiques mozambicaines fusionnent, il faut, aussi, lever l’étendard d’un nouveau Mozambique uni, de la patrie à laquelle on donnera sa vie. Le 25 juin 1962, les trois principaux mouvements décident de disparaître et de former le Front de Libération du Mozambique, le FRELIMO dont Mondlane, le co-fondateur et coordinateur, est élu président.
Son mandat sera renouvelé en 1968 après que les forces armées du FRELIMO auront libéré le nord du Mozambique. Résolu à consacrer sa vie à «la lutte de libération de mon peuple», il   démissionne de Syracuse au début de 1963 et établit sa base d’opérations à Dar es-Salaam, la capitale du Tanganyika, l’actuelle Tanzanie. Vers le milieu de l’année, il est rejoint par son épouse Janet Rae Johnson  et leurs trois enfants. Libérer le Mozambique signifie se préparer à la guerre, chercher des appuis de toutes sortes, partout, entrainer les futurs guérilleros, hommes et femmes, intéresser le monde entier à sa cause! Aussi Eduardo Mondlane, sa femme, plusieurs de ses amis parcourent-ils l’Europe et l’Asie sans  oublier évidemment, l’Afrique.

Au deuxième congrès du FRELIMO, en plein Mozambique, en juillet 1968,  lors de ses voyages en territoires libérés, Mondlane visite les combattants, inspecte les premiers postes sanitaires au service de la population, les petites écoles, les centres agricoles.  La lutte de libération a continué pendant les sept prochaines années, lorsque le Mozambique a finalement été libéré du contrôle colonial portugais pour devenir une nation indépendante en 1975.

«Bien que j’aie aimé la vie universitaire par dessus tout, j’ai décidé de consacrer le reste de ma vie à la guerre de libération de mon pays, jusqu’à l’indépendance!», ne cessait de répéter Mondlane. Cette indépendance, Eduardo Chivambo Mondlane ne l’aura jamais vue. En effet, le 3 février 1969, une bombe avait été plantée dans un livre qui lui avait été envoyé au siège du FRELIMO à Dar es Salaam, en Tanzanie. L’engin a explosé quand il a ouvert le paquet dans la maison d’une amie américaine, Betty King, le tuant sur le coup. Tant le renseignement portugais que la redoutable police secrète portugaise PIDE / DGS et des opposants hostiles à Mondlane au sein du FRELIMO ont été accusés par différents historiens de cet assassinat. L’ancien agent PIDE Oscar Cardoso a affirmé que Casimiro Monteiro *, un agent du PIDE a planté la bombe qui a tué Eduardo Mondlane.

Ndlr.

Monteiro  était une figure notoire en Goa portugais. En tant qu’agent de la Monteiro a mené les assassinats de haut niveau du général Humberto Delgado, leader de l’opposition à la dictature portugaise de Salazar, et de Eduardo Mondlane, leader du FRELIMO.

 

 

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