D’un pas en avant, à trois pas en arrière!

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Le double jeu en politique, la politique du roule m de bò, voilà une pratique qui ne date pas d’hier chez nos politiciens et qui se perpétue malgré la vigilance populaire. Il est en fait d’actualité à bien observer l’actuel gouvernement provisoire. Il s’agit d’un vrai fléau qui finit par empoisonner même les velléités de jouer un jeu démocratique. Il faut aussi comprendre que ces pratiques de rouler la société ne sont pas tout à fait innocentes puisqu’elles sont liées non seulement à une position de classe, mais aussi à un déficit de transparence, à une attitude défaitiste, complice, révélatrice de soumission à l’impérialisme occidental.

Il a fallu seulement l’affaire « des bulletins de vote » pour juger  l’état d’esprit réel du gouvernement provisoire en place. Bien auparavant on savait que ce régime n’allait pas être bien différent de son prédécesseur. Pourtant,  il avait pris des initiatives louables et valables telles que la mise en place de la Commission d’évaluation des élections de 2015, puis sa résistance face aux diktats des Etats-Unis lesquelles initiatives lui avaient valu de mériter de notre appui face à l’ennemi impérial.                                                                                                                                             Dans un esprit pragmatique en conformité avec le bien de la république, le courant démocratique, majoritaire, n’a pas pu s’empêcher d’apporter un soutien même critique à Jocelerme Privert pour avoir, dans le dossier électoral, mis en déroute tant les forces réactionnaires duvaliéristes et jean-claudistes liées à Michel Martelly que les puissances impérialistes, elles qui ne juraient que par un second tour. Cependant, les masques sont tombés, le gouvernement Privert/Jean-Charles ne peut plus continuer à jouer double jeu, puisqu’il vient de montrer son vrai visage.

Evidemment, il ne s’agit pas de réaliser des élections le 9 Octobre prochain uniquement pour satisfaire l’International qui perçoit le processus électoral comme une nécessaire et inéluctable finalité. Il s’agit d’élections haïtiennes, de prérogatives haïtiennes, se rattachant à notre souveraineté pour décider des échéances, décider des dates, décider de les reculer si nécessaire, sans aucune inquiétude. L’essentiel, c’est que nous prenions en main un processus qui ressort de notre souveraineté en nous efforçant de compter sur nos propres forces et nos propres moyens.

Le mécontentement des Etats-Unis et leurs menaces de ne pas supporter financièrement de refaire les présidentielles ont été accueillis par la grande majorité de la population haïtienne avec un sentiment de tant-pis-pour-vous-grand-voisin. D’autant que tous les Haïtiens patriotes, ceux de l’intérieur aussi bien que ceux vivant à l’étranger étaient bien disposés à se préparer à lever l’impertinent défi de l’Oncle pour lui montrer de quel bois ils se chauffent et lui lancer à la face l’opération de récupération du processus électoral.

Alors, le président Privert ne peut pas être à la fois pour le rapatriement du processus électoral et en même temps être d’accord à ce que le PNUD soit encore capable de décider sous quelque prétexte que ce soit, d’un appel d’offre international rejetant par ainsi d’un revers de main les firmes du pays.  Qui pis est, aucun des dirigeants de parti politique, principalement les concernés, ceux qui sont candidats à la présidence, nul d’entre eux n’a eu la décence de revendiquer que les élections doivent rester un projet national. Pour eux, tout va très bien madame la Marquise, et ils sont d’ailleurs déjà en campagne, vu que la seule chose qui compte et qui vaille, c’est la tenue des élections ; peu importe qu’elles puissent être piégées ou non. Ils ne sont pas concernés pour le moment. Point barre.

Tous les faits montrent de toute évidence que la situation n’évolue qu’à l’avantage d’un autre pays au désavantage du nôtre lequel pourtant possède un taux de chômage sans pareil. Quelle ironie ! Haïti offre du travail à des étrangers, alors que son peuple crève de faim. Le gouvernement de Martelly avait fait de même, en employant des firmes dominicaines, alors que la grande majorité de la population haïtienne vit prisonnière d’un chômage perpétuel. Une telle façon de faire, antipatriotique et scandaleuse, ne va-t-elle pas assurément contribuer à saper toute volonté du peuple à croire en un vrai changement démocratique, garant de l’amélioration de ses conditions de vie ?   C’est ce qui explique du reste l’exode de tas de jeunes du pays, désespérés, déçus,  vers d’autres cieux. Le peuple n’est vraiment qu’un outil utilisable soit simplement à des fins de manifestations, soit pour  voter ses bourreaux.  Diantre ! Ce peuple a droit également au travail comme le peuple des Émirats Arabes Unis.

La volonté populaire est à nouveau bafouée puisque son sort a été relégué aux oubliettes d’une politique de soumission servile à l’oppresseur suprême des peuples. Même quand le pays est occupé, ne devrions-nous pas montrer un minimum de dignité citoyenne ? Ce ne sont pas seulement les firmes haïtiennes qui ont été dupées, le pays lui-même l’a été. Le choix du Pnud a été voulu par Jocelerme Privert et tous ses collabos. Autrement, ils auraient résisté.  Ils se sont faits plutôt des avocats de la cause du Pnud en défendant  l’indéfendable, une autre forme  de trahison envers le pays.  Une position qui illustre l’à-plat-ventrisme des forces réactionnaires internes  arrimées au navire des puissances tutrices. Ce régime aux multiples couleurs et tendances politiques, jusqu’ici toléré par la majorité, n’est finalement qu’un paravent derrière lequel se cachent les ennemis de classe agissant  toujours au profit de puissances internationales-capitalistes et néo-colonialistes éhontées.

La pertinence douloureuse est qu’il n’y avait aucune volonté de projet réel et national de rapatrier notre souveraineté électorale. Ce qui se constate encore aujourd’hui est pareil à un jeu de chat et de souris. Ce sont dans des circonstances difficiles pareilles à celles auxquelles  nous faisons face, qu’on reconnait les valeurs et le potentiel d’un vrai dirigeant, si oui ou non, il a vraiment la volonté politique de servir et de lutter pour la majorité de la population.

La laxité doublée d’irresponsabilité et d’absence de décence patriotique de la part du gouvernement Privert est à l’origine de l’immixtion étrangère dans la gestion des élections pour les saboter, sinon les orienter. Cet état de fait exige surtout une vigilance de tous les instants pour éviter de se prêter à ces manœuvres. L’essentiel est de reconnaitre ce danger mortel et d’y faire face pour clamer et pas seulement en paroles, mais en action, qu’Haïti doit effectivement retourner aux Haïtiens. Tôt ou tard le peuple haïtien devra se débarrasser de l’impérialisme, de son bras armé, la Minustah, et de tous ses valets locaux pour bâtir un pays réellement libre et souverain.

 

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