Domination rationnelle et nouvelle politique coloniale française en Haïti à partir de 1860 !

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Le huitième Président d’Haïti Fabre Nicolas Geffrard

Haïti, depuis ces trente dernières années, périodes pour être certains, qui ont débuté avec la chute des Duvalier, connait des changements en profondeur tant sur le plan politique, économique que social. Pouvons-nous les qualifier de progrès? Nous n’en savons pas ! Ce qui est certain l’histoire continue à faire son petit bonhomme de chemin.

Tous ceux-ci étaient-ils prévus dans la constitution de Mars 1987, la charte fondamentale  «prétendue» (1) de la nation haïtienne ? À cela nous n’écartons pas l’idée selon laquelle cette constitution serait porteuse de grandes réponses aux grands problèmes de toutes sortes auxquels fait face le peuple haïtien dans son écrasante majorité : l’apartheid social, l’accès à une éducation équitable et de bonne qualité, la création d’emplois, la justice sociale, la répartition sociale, le problème agraire, le gaspillage des fonds du trésor public, le totalitarisme d’Etat, etc.

Toutefois, il faut ajouter que sur le plan économique nous pouvons constater comment les constituants se comportaient-ils en vrais marrons vis-à-vis des doctrines économiques. Sauf que dans la pratique, si nous considérons les actes financiers du ministre Leslie DELATOUR en 1987 (2), et le vote du projet par le parlement en 1997 lequel consistant à privatiser les biens de l’Etat, il est plus que certain qu’Haïti est un pays capitaliste.

Pour réaliser ces projets il nous faut des hommes et des femmes capables d’assurer la relève et de défendre les intérêts de la classe dominante représentant direct des capitaux étrangers internationaux en Haïti qui doivent identifier de manières continues des nouvelles opportunités d’affaires. C’est ainsi que des études ont été menées dans tous les le pays pour déterminer des modalités moins contraignantes pour ouvrir de plus en plus large l’économie nationale et d’identifier la quantité des ressources naturelles disponibles dans le sous-sol de la république d’Haïti.

Notre travail sur les rapports entre le concordat de 1860, la science de l’Homme et «domination rationnelle» : savoir ethnologique et politique indigène en Afrique coloniale française cherche d’une part, à décrypter les mécanismes institutionnelles crées et mise-au-place par la signature du concordat de 1860 qui permet de produire et reproduire des élites colonisées reproduisant la domination coloniale, ensuite, montrer en quoi sans un rapatriement du système éducatif haïtien le pays connaitra des moments difficiles dans les jours à venir.

Pour réaliser ce travail nous utiliserons deux textes fondamentaux qui nous serviront de grille d’analyses. (3) Nous allons procéder par une approche comparative et déductive pour déterminer entre autres dans quelle mesure les éléments nécessaires permettant d’établir et de continuer le processus colonial non pas au nom de la force et de l’évangélisation, mais plutôt au nom de la science de l’homme comme domination rationnelle. Voir enfin comment ils arrivent de toute évidence à produire des élites qui ne font que de liquider leurs richesses patrimoniales et naturelles au mépris flagrants des intérêts des peuples autochtones, leurs populations.

A cet effet, Marx Weber stipule que : « l’administration bureaucratique signifie essentiellement domination par le savoir. C’est le trait qui la rend spécifiquement rationnelle ». Plus loin le gouverneur général Jules BRÉVIÉ affirmait aussi que : « la science au service de la colonisation aboutit toujours à l’homme, à la population, au milieu indigène. La grande science coloniale, c’est encore en définitive la science de l’homme ». (4) En d’autre terme nous observons une appropriation de la science, du savoir par les tenants de la colonisation tant au niveau des méthodes utilisées, les matériels didactiques que de la finalité de ce savoir. C’est la raison pour laquelle compte tenu de ces faits cités ci-dessus nous nous demandons existe-t-il  une école haïtienne ? Le citoyen Hattien ? La nation haïtienne dans ces objectifs et finalités ?

Selon la théorie contractuelle, un concordat est une convention synallagmatique, il se dit d’un contrat qui fait naitre à la charge des parties des prestations réciproques. C’est une convention bilatérale passée entre deux puissances indépendantes et autonomes à partir de laquelle découlent des implications ; devoirs et privilèges. Le concordat doit être rédigé, signé et ratifié par les autorités souveraines des deux parties.

Le concordat de 1860 signé entre le Saint-Siège et le Président d’Haïti Fabre Geffrard et ces notes additionnelles sont de natures partielles. Dans les clauses du concordat on pourrait dire que l’Eglise serait limitée dans ces fonctions religieuses.  Cependant, dans les notes additionnelles qui suivent un déclic va être fait au profit exclusif du Saint-Siège, comme pour dire que la diplomatie haïtienne dès lors a été affaiblie au cours des discussions et pourparlers. Dans la deuxième note additionnelle, dans la troisième et la quatrième nous lisons ce qui suit :

Art. 4. Il sera alloué, sur les fonds du trésor public, un traitement annuel de vingt mille francs à l’Archevêché de Port-au-Prince, et un traitement de douze mille francs chacun des évêques du Cap-Haitien, et des cayes… ;

Art. 5.-1. Les édifices consacrés au culte, les archevêchés, les évêchés, les presbytères et leurs annexes, les séminaires et les édifices destinés aux écoles ne pourront être grevés d’aucun impôt ou charge civile ;

Art. 10. Les articles de la loi sur l’instruction publique qui soumettent à la surveillance et à l’inspection tout l’établissement où est élevé la jeunesse, seront, par rapports aux séminaires, entendus en ce sens que l’Etat,  n’abandonnera pas son droit de surveillance sur ces établissements, en délégué l’exercice à l’Archevêque et aux Evêques, chacun pour son diocèse, en leurs qualités de membres de commissions centrales et principales d’instructions publiques…(5)

L’église catholique et apostolique romaine en Haïti en même tant qu’elle est une institution privilégiée de l’Etat haïtien cherche de plus en plus à conquérir son autonomie complète. D’où il faut lier paradoxalement le bénéficiaire privilégié et la tendance à l’autonomie.

Deux éléments importants sont à signaler. Dans l’imaginaire populaire haïtienne, un prêtre est perçu comme une personnalité qui rend service à la communauté et qui ne reçoit aucune allocation de quiconque. Cette information est démentie par les clauses du concordat de 1860 lequel fait de l’’ecclésiastique une personne privilégiée de l’administration publique ayant reçu selon leurs fonctions respectives des fonds au compte du trésor publique. L’église catholique et apostolique romaine en Haïti en même tant qu’elle est une institution privilégiée de l’Etat haïtien cherche de plus en plus à conquérir son autonomie complète. D’où il faut lier paradoxalement le bénéficiaire privilégié et la tendance à l’autonomie. Ensuite, le système éducatif religieux de l’église catholique échappe au contrôle de l’Etat haïtien de manière tacite et douce. Cela implique la mise à l’écart des objectifs nationaux sur le plan éducatif : la culture haïtienne, les valeurs patrimoniales et historiques, les œuvres littéraires haïtiennes dans le programme éducatif mises en valeurs par l’église catholique font qu’il est carrément impossible de lier pour eux culture haïtienne axée sur le vaudouisme et culture occidentale gravitée autour du christianisme et Education. Par conséquent, quoique les élites haïtiennes économiques, politiques et intellectuelles avaient eu le penchant pour la culture métropolitaine, ce qui pourrait expliquer le paiement de la dette pour l’indépendance sous le gouvernement de Boyer,  on assiste des lors à une mise en place systématique des structures de base servant à reproduire la culture métropolitaine, et l’appropriation de  ses valeurs en Haïti par les futures élites.

Si le progrès scientifique étant par essence lié à celui de l’autonomie à l’égard de tout pouvoir, à l’heure actuelle les données ont changé. Il existe pour sa part une tendance à la cohabitation entre le savoir et les politiques publiques dans les pays qui avaient des territoires colonisés à leurs comptes. De ce fait la nouvelle politique coloniale sera une politique axée sur l’utilisation de la langue métropolitaine. En Haïti, tous les documents officiels de l’Etat haïtien  furent rédigés en français au mépris de la grande majorité de la population haïtienne jusque vers les années 87. Car la constitution haïtienne de mars 1987 stipule que Haïti a deux langues officielles le français et le créole, langue commune à tous les haïtiens. On comprend en ce sens toutes les luttes menées par les diplomates français accrédités en Haïti contre le programme de l’Unesco et le programme implémenté dans la vallée de Marbial de la commune de Jacmel, d’où il s’agissait de l’alphabétisation des populations des zones concernées dans leurs langues maternelles. Si aujourd’hui il y a des messes religieuses catholiques célébrées en créole et des discours officiels prononcés dans cette langue commune, le dernier gardien de cette tradition métropolitaine à savoir l’utilisation de la langue française comme langue administrative en Haïti est le système judiciaire. Même si les personnes pour qui les juristes travaillent et défendent sont quasi-analphabètes. Donc, l’intellectuel en Haïti est celui qui est capable de s’’exprimer dans une langue avec les personnes auxquelles ils s’adressent ne comprennent pour la plupart rien. Un dialogue de sourd. Du coup, cela engendre l’injustice sociale, et met à nu le caractère marron de l’intellectuel haïtien à savoir parler français pour ne pas comprendre.

« Aujourd’hui, […] la colonisation a commencé sa période scientifique […] ici aussi, il faut savoir pour agir et pour prévoir […] la mise en valeur agricole de l’Afrique noire suppose des études agronomiques détaillées, des expériences poursuivies avec continuité et impartialité, mais aussi, et au même degré, la connaissance du milieu indigène, du pays noir, de sa mentalité, de ses méthodes, de ses aptitudes, des coutumes matérielles, politiques et religieuses, les données géographiques et linguistiques, et enfin l’armée du peuple autochtone ». (6) Les temps où la force seule a pu régner sont révolus […] « nous ne devons pas opprimer, nous devons convaincre. Convaincre de quoi ? De l’utilité suprême de notre tutelle, de note supériorité scientifique et morale, de l’humanité profonde de nos desseins ».

On peut ici reprendre de Weber sur l’intérêt à la rationalisation des agents de la bureaucratie. Il note que « de plus en plus le savoir spécialisé de l’expert est devenu le fondement de la position de pouvoir de l’occupant d’un poste ». La possession d’un savoir scientifique est une ressource dont disposent les hommes de l’administration, qui leur permet de défendre leur autonomie contre le monarque et le ministre : la connaissance des dossiers fonde leur compétence et légitime leur position. La qualification de l’agent bureaucratique, certifiée par une formation spécifique, est donc à la fois un instrument de contrôle de l’accès au poste (contre la faveur des princes), et une garantie contre l’arbitraire du pouvoir politique. Une telle analyse éclaire le rôle central de l’école coloniale dans la promotion des connaissances indigènes. (7) Du cout cette rationalisation met en avant la nécessité d’une formation spécialisée des administrateurs à partir des programmes de bourses d’études à l’étranger  que l’’école coloniale est progressivement parvenue à acquérir le monopole de l’accès au corps des administrateurs des colonies ou anciennes colonies. Dans la lutte pour la suprématie la connaissance scientifique apparait ainsi comme un titre de possession. Réaliser un travail de connaissance scientifique d’un territoire, c’est aussi acquérir un droit moral à sa domination, que l’on peut proposer aux autres nations.

La notion de «domination rationnelle» permet de dépasser le postulat d’une antinomie radicale et immuable entre raison savante et raison d’Etat. Elle fournit un outil pour analyser la parenté entre des formes de rationalité administrative et scientifique, à condition d’entreprendre cette notion non seulement au sens de rationalisation formelle des techniques de domination, mais aussi au sens de recours à un mode légitimation spécifique, caractérisé par la mise en avant du caractère fondé en raison de la domination. De ce fait, depuis la période post-1806 à 1860, et de 1860 à aujourd’hui la domination rationnelle française s’est déjà installée au niveau des institutions scolaires  et de l’administration publique haïtienne. Sans nier pour autant qu’à partir des années 1915, les Etats-Unis d’Amérique ont implémenté  sous la couverture de l’occupation des programmes visant à angliciser la société haïtienne tant au niveau économique, politique que culturel.

Montant alloué aux responsables de l’église sur fond du trésor public

Personnalité Frais annuel (francs) frais divers (francs) Total
Archevêque 400 10000 (installation)

2000 (voyage)

6000 (information)

22000
Evêque 4000 8000 (installation)

2000 (voyage)

4000 (formation)

18000
Membre du clergé 1200  500 (voyage)

500 (trousseau)

  2200
Vicaire-général 4000 (p-au-p)

3000 (province)

…………………….

…………………….

  7000
Curé Réglé ultérieurement ……………………. ……..
Frères et sœurs Défini par leurs congrégations ……………………. ……..
Grand-séminaire 20000 …………………… 20000
Petit-séminaire Défini par les responsables ; directeur, économe, 2 frères …………………… …….
Directeur

Econome

1200

600

……………………   1800
Total 71000

 

Source : concordat de 1860 et notes additionnelles, entre le Saint-Siège et l’Etat haïtien.

La langue que nous entendons parler ici, n’est pas l’organe de la voix se trouvant dans la bouche qui facilite et coordonne la sortie du son. Il s’agit de celle considérée comme outil de communication, medium entre deux individus, de plusieurs groupes ethniques. Elle permet le partage de connaissances puis justifie une position fondée ou non. Toutefois dans un rapport de domination coloniale entendu comme telle la langue dominante utilisée et imposée par les élites est toujours celle du pays vainqueur. Cela résulte d’une incapacité intellectuelle et morale de la classe dirigeante à faire émerger du fond de la société un souffle nouveau, une manière de penser et de voir le monde  au profit de leurs populations. (8) La langue porte en elle et avec elle toutes les mœurs, les traditions, les coutumes, les connaissances enfin toute l’histoire du peuple qui l’utilise. Elle reflète l’âme de la nation. Rares sont les nations issues de la colonisation  qui arrivent à imposer leur «langue maternelle» comme moyens de discussion à la population, voire sur la scène internationale.

La langue française aujourd’hui comme moyen de communication et de domination politique en Haïti est le fruit des travaux qui ont été réalisés par l’élite intellectuelle et économique de la société française afin de lutter contre  le  système d’influence globaliste américain, la francophonie peut être alors un système d’influence et d’hégémonie à travers les institutions mises en place par l’OIF (organisation internationale de la francophonie). Quel est le rôle des élites de la société haïtienne dans tout cela ? Elles sont toutes consommatrices des politiques économiques et culturelles de la métropole. Donc la présence des institutions coloniales comme CAP (Centre Alcibiade Pomayrac), IFH (institut français d’Haïti) le lycée français d’Haïti et autres, s’inscrivent dans la perspective postcoloniale déclenchée par la révolution Haïtienne de 1804 ayant abouti à l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines et pour fonction de rattraper même cent ans après ce processus de colonisation qui a été remise en cause par les esclaves marrons depuis le début de la colonisation espagnole, et l’imposition de la langue française comme langue officielle du pays. Par conséquent la division antagonique du pays en deux parties ; nèg nan mòn kont nèg nan vil, milat kont nèg mwè, la mise à l’écart de la paysannerie dans tous les débats sur le développement de sa propre société et l’absence d’infrastructures étatiques et les services sociaux de base dans les milieux ruraux sont perçus comme une revanche des élites colonisées de la société haïtienne au nom de la métropole pour faire  regretter à ces hommes le fait d’avoir mis tout son savoir et savoir-faire à l’épreuve afin de briser l’ordre économique mondiale capitalisme de l’époque; la chaine de la colonisation impériale. Puisque par évolution et apprentissage ce sont les marrons de Padre Jean, de Boukman et ses confrères en passant par ceux d’après 1804 qui ont donné naissance à la paysannerie haïtienne d’aujourd’hui.

« Ainsi de plus en plus la colonisation à besoin de savants, de chercheurs impartiaux et désintéressés qui voient á distance, hors de l’urgence et du feu de l’action. Il lui faut des laboratoires mieux outillés, des instituts de recherche, il lui faut appuyer son action sur une véritable culture scientifique coloniale et postcoloniale, s’inspirer de la méthode expérimentale, recevoir les directives d’une science précise et pratique » (9).

      J’en ai marre de ces prêtres catholiques avec leur théorie de consolidation qui disent aux fidèles que leurs destins sont déjà tracés et définis par Dieu. Jan nou ye a se Bondye menm ki mande pou nou konsa ; viv nan mizè, fè anpil pitit, pa ka voye timoun yo lekòl, aksepte pou tout richès peyi ap sèvi yon tigwoup moun, k ap defann tout enterè etranje nan peyi a. j’en ai marre Aux pasteurs capitalistes qui continuent  le processus de l’accumulation primitive du capital en collectant les derniers sous d’une population vivant dans  l’extrême pauvreté et des conditions infrahumaines  pour renflouer leurs comptes en banque, ici ou ailleurs, tout en disant à gorge déployée que ce pays a été offert au diable dans la cérémonie de Bois-caïman. On comprend bien à quel niveau que ce secteur est rempli d’idiots qui devraient être pour l’instant devant une salle de classe pour réapprendre les rudiments de l’histoire, pour finalement comprendre qu’il n’existe pas de peuple sans histoire, mythe ou vérité.   Comme disent les anthropologues, si la religion est un phénomène qui existe dès l’apparition de l‘homme, c’est-à-dire Co-existentielle avec l’espèce humaine, alors cette religion doit être œuvrée au bonheur et bien-être individuel et collectif de l’homme en transformant son âme, lui faisant croire que son élection n’est autre que le fruit de son dur labeur.  Car la pauvreté est d’abord dans l’âme. C’est le siège le plus difficile à atteindre. Elle vient de la méchanceté des uns et des autres. C’est la manœuvre du diable, l’adversaire établi de Dieu. La foi en Dieu est l’arme qu’il faut pour le combattre. Seule l’institution religieuse est chargée de diffuser cette foi, de l’inculquer et de la porter aux hommes jusqu’à intégrer leurs convictions portées ailleurs. «Mortels, souvenez-vous en : ceux qui vous regardent sont vos frères, que vous avez tous le même rendez-vous.»

L’aisance n’est pas le bonheur, elle n’y conduit même pas. Elle serait, a contrario génératrice de difficultés souvent illusoires, souvent difficiles à combattre. Il faut détruire dans l’esprit des uns l’ensemble des facteurs qui caractérisent fictivement l’aisance des autres. L’égalité n’est pas terrestre nous apprend Rousseau JEAN-JACQUES. Il faut à partir d’un enseignement informel pratique, porter les autres à tirer leurs épingles du jeu. L’église, en ce sens, s’abstiendra de prêcher la résignation. Elle doit faire comprendre que lutter, est le sens de la vie. C’est pourquoi Victor Hugo, le poète social et chrétien dans son morceau «ceux que j’aime», a profondément touché à ce problème en écrivant : « ceux-ci je les aime, les autres je les plains ». (10)  Pour prouver une fois encore, le sens divin du travail. (11) J’en ai marre de cette jeunesse sans formation sociale, sans repère, sans projet commun de l’avenir  qui croit que seule leur expérience personnelle suffit pour construire leur monde ainsi rêvé. Qui dit souvent qu’Haïti est un pays condamné à la misère, et que l’unique solution de leur réussite est d’avoir un visa…

Si le développement ou le progrès de toute société est un processus endogène découlé d’une mentalité, d’une culture nationale apprend-t-on dans tous les ouvrages, il est par ailleurs absurde de comprendre la volonté manifeste des pays qui se disent «amis d’Haïti» par l’entremise des ambassadeurs et consuls d’imposer leurs modèles politiques, économiques et culturelles, enfin leur vision du monde à la société haïtienne. A tous ceux qui disent qu’ils veulent aider Haïti je leur réponds de laisser mon pays en paix, vous aviez tant essayé d’imposer, vous aviez tant échoué…

Combien de temps l’Europe a pris lui-même pour enfin mettre un terme aux différentes guerres religieuses, étatiques, et internes qui ont marqué leurs histoires en tant que nation avant de commencer de poser l’importance ou non de la démocratie en tant que système politique ?

Avant de parler de développement en considérant la société haïtienne, il faut d’abord préciser quelque chose pour les pluriels d’experts nationaux et internationaux qui réfléchissent sur le présent et l’avenir de ce pays, comme l’a si bien dit le professeur Fritz DORVILLIER, Haïti étant le résultat des politiques et institutions économiques qui a fait naitre à travers le monde la colonisation et le capitalisme du XVIIIème siècle, est née au sein même de ce  système capitaliste marchand et bourgeois. Mais avec la révolution de 1804, un changement spectaculaire a pu être produit, avec les méthodes et stratégies utilisées par les esclaves et leurs leaders, ils ont rejeté en bloc ce modèle économique même dans les structures les plus élémentaires.  Comprendre Haïti par conséquent signifie de cerner les mécanismes qui ont favorisé ce rejet systématique de ce système même deux siècles après.  Parait-il à mon avis, un peuple issus de l’esclavage a déjà vu, entendu, connu toutes les misères du monde, leurs structures mentales sont ainsi faites ; il peut résister à tout, d’où l’importance capitale et historique du marronnage, qui laissera la place aujourd’hui à la paysannerie haïtienne. Comme disait Karl Marx, « toute nation doit se mettre à l’école des autres ». La sociologie américaine a bien compris les problèmes liés à tout Etat qui se veut être démocratique. Il faut bannir l’exclusion basée sur l’éducation, d’où le contrôle de l’éducation par l’Etat, la loi doit être une pour tous ; l’établissement d’un Etat fort, lutter contre la pauvreté extrême ; la justice sociale, et faciliter la  mobilité sociale. Car la bourgeoisie marchande est tellement centrée sur la maximisation à outrance du capital que l’Etat ne pourra pas miser sur cette classe uniquement pour construire une société qui tend vers l’égalité sociale.

La domination est un phénomène naturel s’étendant grâce à l’évolution historique des dynamiques sociétales à l’espèce humaine. Elle consiste en la privatisation, l’accaparement des éléments constitutifs pouvant favoriser l’émergence et l’évolution de l’autre. Prenons par exemple le règne végétal, un arbre ayant déjà occupé une certaine espace géographique empêche à son tour l’épanouissement physique normal de tout autre arbre dans son périmètre.  Pour le règne animal, c’’est la force ; celui de l’humain  la bravoure, la capacité mentale à convaincre et prévoir qui la caractérisent. Pour pérenniser cette domination le dominateur doit établir un canal, un moyen pour communiquer avec l’autre. Du cout, va prendre naissance la langue comme outil de communication et de domination politique. Existe-il un problème de langue en Haïti ? Pour certains oui, pour d’autres peut-être non. Je réponds en disant qu’il existe un problème sociétal caractérisé par un manque de vision d’ensemble, de projet de société, par l’incapacité morale des élites haïtienne à poser les jalons du développement futur du peuple haïtien. D’où, Il est temps pour que lumière soit faite sur le vrai statut de l’Etat haïtien, est-ce un Etat catholique ou laïque ; sur le vrai rôle de l’Etat  haïtien, est-il au service de la bourgeoisie marchande, de l’internationale ou du peuple haïtien ; sur son vrai histoire, est-ce-qu’ un  peuple ayant vécu quatre siècles (1600-1700, 1700-1800, 1800 à nos jours) de totalitarisme familiale et d’Etat peut aujourd’hui être démocrate ? Combien de temps l’Europe a pris lui-même pour enfin mettre un terme aux différentes guerres religieuses, étatiques, et internes qui ont marqué leurs histoires en tant que nation avant de commencer de poser l’importance ou non de la démocratie en tant que système politique ? À cet effet, je dois préciser que si le monde européen est actuellement à son XXIème siècle d’histoire, de l’autre côté Haïti est à son quatrième siècle d’existence. Deux peuples différents qui ont deux visions différentes et opposées du monde ; l’un colonisateur-exploiteur-développé, croyant fermement dans l’exploitation à outrance de l’homme à travers les siècles, et l’autre, pays colonisé-exploité-sous-développés, croyant fermement dans la liberté et l’égalité de l’homme.

*Firson PIERRE est étudiant en sociologie- UEH.

Bibliographies sélectives

BENOIT de l’estoile. «Science de l’homme et «domination rationnelle», savoir ethnologique et politique indigène en Afrique coloniale française».

BLOT, Louis Gabriel. 1990. Etude du concordat de 1860 signé entre le Saint-Siège et la République d’Haïti. BNC : OTAWA.

BRÉVIÉ. «Science et colonisation», extr. De la revue Science et industrie. 1936.

DESHOMMES, Fritz. 2006. La nation écartelée. P-AU-P: Bibliothèque Nationale d’Haïti. 298 pages

 MARX Weber. «Les types de domination rationnelle». 1971

PIERRE, Firson. «Le christianisme et le monde actuel: comment faire de cette église un outil de croissance socio-économique et culturel dans un pays (Haïti) où la pauvreté est la règle, l’aisance l’exception ». 2015

SERGIU, Mişcoiu, VAL-CODRIN Tăut. «La francophonie comme politique des espaces linguistiques».  Synergies Roumanie n°2 – 2007 pp. 137-14

Victor, Hugo. Ceux que j’aime.

Notes

1.. Une constitution est considérée comme un contrat social. Le problème fondamental en Haïti est de savoir s’il y avait eu de véritable constitution ayant été proposé au peuple haïtien par les classes dirigeantes un projet commun de société visant à éradiquer les bases structurelles des préjugés, de l’apartheid social et de la misère ? Compte tenu du fait ce sont des juges incompétents et corrompus acquis à la cause de l’international qui arrivent toujours à imposer des constitutions mettant à l’écart les intérêts nationaux.

2.. Fritz, DESHOMMES. 2006. La nation écartelée. P-AU-P: Bibliothèque Nationale d’Haïti. 298 pages

3.. Benoit de L’ESTOILE. Science de l’homme et «domination rationnelle», savoir ethnologique et politique indigène en Afrique coloniale française. Et  Louis Gabriel BLOT. Etude du concordat de 1860 signé entre le Saint-Siège et la République d’Haïti. BNC : OTAWA. 1990.

4…Benoit de L’ESTOILE. Op. cit.

5…Louis Gabriel op. cit.

6.. «Science et colonisation», extr. De la revue Science et industrie. Repr. In BRÉVIÉ, 1936.

7..Cité par Benoit l’ESTOILE, in Weber. «Les types de domination rationnelle». 1971

8…Sergiu Mişcoiu, Val-Codrin Tăut. «La francophonie comme politique des espaces linguistiques».  Synergies Roumanie n°2 – 2007 pp. 137-14

9…BREVIE, 1936.

10…Victor, Hugo. Ceux que j’aime.

11…PIERRE, Firson. «Le christianisme et le monde actuel: comment faire de cette église un outil de croissance socio-économique et culturel dans un pays (Haïti) où la pauvreté est la règle, l’aisance l’exception ». 2015

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