Sous le gouvernement de Michel Martelly-Laurent Lamothe, on a eu une série de réunions gouvernementales baptisée « Gouvènman Lakay ou ». Il s’agissait des rencontres visant à tromper les gens en leur faisant croire que le gouvernement faisait quelque chose de manière transparente et par-dessus le marché dans leur intérêt. L’année dernière, quelques jours avant son limogeage, l’ancien Premier ministre Garry Conille, lui aussi, avait lancé son « Forum citoyen ». Toujours dans ce même contexte démagogique, et comme chaque conseiller présidentiel a son petit programme, une manière pour chacun de piller les fonds de l’État. Ce mardi 14 Janvier 2025, c’est le tour de Leslie Voltaire d’entamer à la Villa d’Accueil « Les Mardis de la Nation. »
Est-ce un projet personnel du Conseiller Voltaire ou du moins du Conseil présidentiel de transition? Et pourquoi est-ce maintenant qu’on procède à son investiture? D’ailleurs, il semblerait plus à un programme personnel puisque aucun des autres conseillers n’a honoré la grande première de cette activité qui apparemment serait pour la galerie.
Selon le secrétaire d’Etat à la Communication, Bendgy Tilias, qui a officiellement lancé cette mascarade « Cette initiative est une vision stratégique ayant pour objectif de créer une communication proactive pour mieux informer la population sur les actions du gouvernement. L’organisation de cette série de conférences de presse est le fruit d’un processus de réflexion profonde et d’initiatives qui visent à moderniser et à renforcer la communication du gouvernement de transition »
Le secrétaire d’Etat a ajouté que « Les Mardis de la Nation » n’est pas une simple activité de communication, c’est une démonstration claire de la volonté du gouvernement d’être plus proche de la population, de partager des informations précises et de répondre, en toute transparence, aux préoccupations de la population et de la presse. Nous offrirons un espace d’échange, de réflexion et de compréhension sur les actions et les projets prioritaires de l’Etat »
Quel a été le contenu de cette grande première du “Mardi de la Nation”, cette mascarade déroulée autour de la visite du président colombien Gustavo Petro en Haïti le mercredi 22 janvier 2025 prochain? Voltaire a parlé de toute coopération entre Haïti et la Colombie dont le deuxième conseil ministériel haïtiano-colombien se tiendra à Jacmel.
Mais visiblement, c’est ce que Voltaire n’a pas dit qui est plus important. Depuis l’annonce de la visite du président Petro au pays, il y a eu un mouvement autour du tribunal, précisément à la Cour d’appel, pour entendre les 17 assassins colombiens emprisonnés à la suite de la population haïtienne qui les avait arrêtés, menottés pour avoir participé à l’assassinat du président Jovenel Moise dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.
C’est le lundi 13 janvier 2025, une semaine avant la visite de Petro, que les 17 assassins colombiens ont été présentés une seconde fois devant la justice. Après plusieurs heures d’attente, un juge a finalement apparu pour annoncer que l’audience serait reportée à une date ultérieure dans le mois, sans fournir de raison précise à ce report. Et pourtant, Nathalie Delisca, l’avocate des 17 Colombiens détenus, a laissé entendre « Nous espérions la libération de nos clients ». Il y aura peut-être un échange entre Voltaire et Petro. Lors de sa conférence, Voltaire a indiqué que lui et Petro inaugureront une statue d’Alexandre Pétion et de Simon Bolivar.
Voltaire n’a jamais parlé de l’intérêt de Petro pour ces Colombiens et lui non plus n’a rien dit à leur sujet. Mais en réalité, c’est tout ce qui se cache derrière toutes ces manigances de Petro qui se rend en Haïti. C’est la deuxième fois que les tueurs de Jovenel ont été introduits en justice. Ne soyez pas étonner, si un de ces jours qu’on entende qu’ils ont été libérés et retournés dans leur pays.
Cependant, Voltaire n’a pas osé donner à Petro une leçon d’histoire sur Haïti, en fait lui parler du pionnier de la participation d’Haïti à la libération de la Grande Colombie. Même lors de ses conférences, il n’a jamais mentionné le nom de Jean-Jacques Dessalines qui bien avant Pétion avait reçu Francisco de Miranda dans le cadre de la lutte contre l’esclavage espagnol et de la libération de la Grande Colombie. L’histoire n’a pas enregistré les échanges entre Pétion et Bolivar mais Dessalines avait exprimé ses sentiments révolutionnaires à Miranda.
Dans une déclaration hypothétique à Francisco de Miranda, Jean-Jacques Dessalines, le leader de la Révolution haïtienne, exprimait sa forte solidarité avec la cause de l’indépendance latino-américaine tout en mettant en garde contre toute collaboration potentielle avec l’élite dirigeante. Il soulignait à Miranda la nécessité d’une rupture complète avec les systèmes coloniaux et prônait la libération des esclaves comme élément crucial de la véritable liberté, tout en lui rappelant les conséquences violentes auxquelles sont confrontés ceux qui ne s’engagent pas pleinement dans la cause de la libération complète.
« Miranda en fut bien accueilli par Dessalines et quand il lui eut dit que son dessein était de proclamer l’indépendance dans ces contrées, de même qu’il l’avait fait pour Haïti, Dessalines lui demanda quels moyens il emploierait pour réussir un si vaste projet. Miranda répondit qu’il réunirait d’abord les notables du pays en assemblée populaire, et qu’il proclamerait l’indépendance par un acte, un manifeste qui réunirait tous les habitants dans un même esprit. À ces mots, Dessalines agita et roula sa tabatière entre ses mains, prit du tabac et dit à Miranda, en créole : « Eh bien ! Monsieur, je vous vois déjà fusillé ou pendu : vous n’échapperez pas à ce sort. Comment ! vous allez faire une révolution contre un gouvernement établi depuis des siècles dans votre pays; vous allez bouleverser la situation des grands propriétaires, d’une foule de gens, et vous parlez d’employer à votre œuvre des notables, du papier et de l’encre ! Sachez, Monsieur, que pour opérer une révolution, pour y réussir, il n’y a que deux choses à faire : “coupé têtes, brûlé cazes”. » Rapporté par l’historien Beaubrun Ardouin.
Voltaire, dans son “Mardi à la Nation”, a fait un plaidoyer pour nous vendre son idéologue Alexandre Pétion, mais n’a même pas pensé à rendre justice gloire à Dessalines le premier panaméricaniste. N’est-ce pas un nouvel acte d’assassinat ou de trahison perpétré à l’endroit de l’Empereur Jacques Premier, par l’un des charlatans, l’un des traitres, vendeurs de patrie au sein du Conseil présidentiel de transition ?
Voltaire pour mettre fin à sa démagogie en a profité pour annoncer que vendredi prochain, 17 janvier 2025: « nous procéderons à l’ouverture du port Sud. Une convention sera signée entre le conseil d’administration du port et le directeur général de l’Autorité portuaire nationale (APN), en présence du président de la CPT, du ministre des Travaux publics, des Transports et des Communications, du ministre de l’Économie et des Finances »
Il a profité de cette occasion également pour envoyer des fleurs à ses partisans « Je félicite le ministre des Travaux publics, des Transports et des Communications, Raphaël Hosty, pour les travaux réalisés sur la route nationale n°2 en plus des 8 kilomètres à l’entrée du port pour faciliter l’accès. Je remercie également le ministre des Finances, Alfred Metelus, d’avoir mobilisé toutes les organisations décentralisées du ministère des Finances pour que le port puisse commencer à fonctionner. Cette ouverture marque un pas vers la décentralisation dans la péninsule sud »
Voltaire a souligné enfin d’autres banalités comme par exemple la nomination de l’ancien directeur de la police nationale Mario Andrésol comme sous-secrétaires d’état à la sécurité publique. Et le rendez-vous est pris pour une autre mascarade le mardi 21 janvier prochain à Jacmel.