De quoi demain sera-t-il fait ?

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Pour le moment, deux observations illustrent la situation politique dans le pays : d’une part les acrobaties du gouvernement Jovenel-Jouthe pour escamoter ses responsabilités, masquer la réalité et faire croire qu’il est attelé à la besogne; d’autre part, l’émiettement de l’opposition. Dans un élan marqué par le chacun pour soi, ces éternels candidats à la présidence, à la faveur du Coronavirus sont entrés en campagne électorale sans qu’aucune date électorale n’ait été annoncée.  De Youri Latortue à Moise Jean-Charles sans oublier l’homme d’affaires Eric Jean Baptiste nouveau secrétaire général du RDNP, tous essaient,  dans la mesure de leurs moyens financiers, de faire étalage à coups de dons, afin de faire passer la propagande de leur courant politique.

La bourgeoisie patripoche n’est pas restée indifférente. Elle est vite rentrée dans cette compétition. C’est ainsi, en effet, dans un communiqué en date du 13 mars 2020, Philippe Coles, membre du conseil d’administration de la Caribbean Port Services (CPS), a pour sa part déclaré à la presse  « Dans le but d’apporter sa contribution dans la lutte engagée contre la pandémie Covid-19 en Haïti, la Caribbean Port Services (CPS), le groupe fournisseur de service opérant au port public de Port-au-Prince, annonce au public et à la presse en particulier qu’il fait un don de $650,000 dollars à la Fondation haïtienne des maladies endémiques (FHAME) pour le compte de la Commission multisectorielle de gestion de la pandémie Covid-19 créée par le président de la République Jovenel Moïse, dans le cadre de la gestion de la pandémie ».

Le groupe Gilbert Bigio dans un communiqué daté du 6 avril 2020 a indiqué qu’ils ont  collecté l’équivalent de 500 000 dollars américains de dons « En accord avec la stratégie de lutte contre la pandémie du Covid-19 établie par les autorités publiques et dans un contexte de grande rareté, le groupe d’entreprises fait un don de 5000 kits de test Xpert® Xpress SARS-CoV-2 servant à détecter le coronavirus. Ces tests approuvés par le FDA seront remis au Laboratoire National de Santé Publique (LNSP) du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) dans la quinzaine ».

La bourgeoisie n’a pas d’autre choix que de mobiliser ses dollars pour apporter sa quotepart au cas où le mal viendrait à l’atteindre.

En fait la raison primordiale de cette mobilisation du secteur privé, ce n’est pas qu’il ait pris conscience du sort du pays, du droit au peuple à la vie, aux loisirs, à la santé et à la dignité et qu’il se sente maintenant concerné.  Pas le moins du monde. En effet, la conjoncture de cette pandémie est unique, et elle est telle qu’elle ne donne l’occasion à quiconque de se rendre en terre étrangère pour se faire soigner. La bourgeoisie n’a pas d’autre choix que de mobiliser ses dollars pour apporter sa quotepart au cas où le mal viendrait à l’atteindre. Dans ce cas précis, elle n’aura d’autre alternative que de se faire soigner en Haïti, au milieu du peuple opprimé, méprisé sans un hôpital valable de référence.

Entre-temps, les travailleurs, les chômeurs, les paysans subissant actuellement une période de reflux, par la faute de cette crise du capitalisme, doivent se demander qu’adviendra-il de demain? De quoi demain sera-t-il fait ? Combien de temps encore, devraient-ils continuer ainsi à subir cette politique aberrante, humiliante ? Car rien ne changera dans le comportement de la bourgeoisie compradore ; les secousses du Covid19 ne sont même pas terminées,  déjà elle s’impatiente de  continuer ses pratiques barbares : la répression, le massacre, le profit et l’exploitation.

A ce compte, le climat politique social actuel ne devrait pas nous démoraliser, le  temps de cette étape devrait au moins être mis à profit pour préparer la lutte des masses, préparer la nouvelle offensive inéluctable des masses. Les adeptes du changement doivent en ce temps de confinement réfléchir sur la meilleure façon à développer la lutte de classe en éduquant sérieusement les travailleurs, les ouvriers et les paysans et à les aider à mieux comprendre ce qui se passe de sorte qu’ils soient les forces combattantes de demain. Le peuple doit savoir dans quelle catégorie l’ont rangé ses dirigeants et ses bienfaiteurs, aucun peuple ne devrait accepter de vivre même un seul jour dans des conditions atroces.

N’est-il pas venu le moment de définir la vraie bataille de classe du peuple, celle de nature à faire exploser sa misère et mettre en question de façon définitive le  système en place. Tous les véritables révolutionnaires doivent souhaiter vivement qu’après le confinement, les masses laborieuses qui ont le plus souffert tirent les leçons qui conviennent.

Pour tous ceux qui refusent de céder à la domination étrangère, tous ceux qui refusent de s’aligner sur les positions impérialistes à exploiter la force de travail des ouvriers, le temps d’agir n’est pas pour demain mais bien maintenant. Il n’y a pas de temps à perdre ; seul un présent d’engagement militant peut nous garantir des lendemains meilleurs !

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