Corruption : Faut-il dissoudre le Conseil Présidentiel ?

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Haïti est un pays coutumier des crises politiques fabriquées de toutes pièces par la classe politique traditionnelle malade de corruption. A l’heure actuelle, un climat d’instabilité politique délétère prévaut, dans la mesure où le pays est marqué par une succession de scandales, et non des moindres, dont sont responsables des membres du Conseil Présidentiel de Transition empêtrés dans une multitude et de vastes affaires de corruption administrative.

L’exigence de pots de vin se transformant en des millions de gourdes dérobés au Trésor public sont clairement évidents. Comme le vol ou l’escroquerie, la corruption par des manœuvres d’influence devient un aspect normal de la vie politique dans notre pays. Elle illustre un vrai fiasco de la mise en scène des puissances occidentales en Haïti. Le Conseil Présidentiel et son slogan démagogique de « transition » qui est chargé de masquer la vraie réalité sinon de détourner le peuple des problèmes majeurs de l’heure ont non seulement échoué mais se sont considérablement dégradés. C’est un nouvel échec pour le pouvoir bourgeois mais aussi pour le principal donneur d’ordre : l’impérialisme américain dont son système capitaliste est infesté par la corruption.

Le tout nouveau régime imposé par les puissances impérialistes qui devrait s’engager sur la prévention et la lutte contre la corruption, au lieu de travailler pour l’éradication de ce mal, représente lui-même le summum de ce fléau auquel fait face le pays, ce qui empêcherait à cette équipe de s’attaquer efficacement à la lutte contre le sous-développement.

cette situation intolérable ne peut plus durer, et c’est pourquoi nous exigeons la dissolution complète du Conseil Présidentiel corrompu.

Le népotisme est un véritable système de gouvernement fondé sur la dépendance vis-à- vis des Etats-Unis suscitant ainsi un mécontentement grandissant. Les différentes fractions actuellement au pouvoir cherchent des solutions à l’amiable de sortie de crise qui permettraient de préserver intact ce système corrompu et ce régime qui gouverne au nom de la classe capitaliste. Il s’agit de saupoudrer la corruption pour finalement maintenir le régime et poursuivre la même politique du chaos.

Rien d’étonnant si la République d’Haïti demeure depuis l’avènement de la domination de l’impérialisme américain l’une des cibles essentielles de la corruption systémique. Aujourd’hui, le résultat est là, catastrophique. Aucun secteur n’est épargné : la justice, les droits humains, les douanes, la police, les entreprises publiques et privées, l’Administration publique, les universités, on en passe.

L’Etat haïtien à travers ses élites politiques et économiques ne donne pas le bon exemple, d’où la perte de confiance des citoyens dans leurs dirigeants et leurs institutions. Face à ce que représente le phénomène de la corruption dans la société, comme l’a souligné l’ONG Transparency International, « la corruption est un facteur qui contribue à la crise de la démocratie », qu’attendons-nous pour mettre un terme à la présente situation pour la mise en place d’institutions transparentes, inclusives et responsables ?

La corruption ne nous permettra jamais d’avoir des institutions sérieuses, conséquentes et démocratiques. C’est la raison pour laquelle depuis plus de quarante ans, nous n’arrivons pas à avoir un Conseil Electoral Permanent (CEP).

Regardez le nombre d’arnaques, de bagarres, de mésententes qui ont lieu à chaque fois qu’on essaie de mettre en place un Conseil Electoral Provisoire ! La corruption est au cœur de tous ces conflits, et c’est le système capitaliste qui en est responsable!

En ce qui nous concerne, cette situation intolérable ne peut plus durer, et c’est pourquoi nous exigeons la dissolution complète du Conseil Présidentiel corrompu. Il ne suffira à rien de limoger uniquement les trois principaux accusés et procéder à un quelconque remaniement symbolique au sein du Conseil. Ce serait répéter la même technique : sacrifier quelques pions pour garder l’essentiel. Pire, rien n’exclut que les autres membres ne sont pas aussi coupables quand on constate la façon dont ce syndicat de corrupteurs a disposé et partagé sans bruit sans compte le montant du budget attribué au Service d’Intelligence Nationale (SIN).

Le Conseil Présidentiel de Transition est un bloc institutionnel, on ne peut l’amputer de certains membres, sinon des personnes cédant leur place à d’autres individus du même acabit pour assurer la continuité d’un régime corrompu sans jamais répondre aux aspirations du peuple. Nous ne pouvons non plus leur pardonner pour leurs actions allant à l’encontre des intérêts nationaux. Toute intervention exigeant le pardon ou l’oubli sollicitée par les gardiens du temple de la corruption voulant privilégier le profit des prédateurs et des oligarques au détriment de la sécurité des citoyens est une forme de complicité et de validation de la thèse de la faillite de l’État haïtien.

En réalité, tout ce qui pourrait, en un sens, améliorer les conditions de vie des masses populaires, de sorte qu’émergent de nouvelles institutions progressistes aux aspirations socialistes n’est nullement à l’ordre du jour. Le régime et le système qui l’englobe préféreraient volontiers un replâtrage du Conseil présidentiel après s’être débarrassé de ses trois membres corrompus.

L’impérialisme ne recule pas facilement dans ses manoeuvres contre les revendications populaires, à moins qu’il soit obligé et confronté héroïquement par les masses ouvrières.  Justement, il faut balayer les institutions corrompues actuelles et rompre avec la classe capitaliste, c’est la seule voie possible pour prendre des mesures d’urgence conformes aux intérêts de la majorité démunie.

Alors, faut-il dissoudre le Conseil Présidentiel ? Evidemment oui. Il le faut puisque ce gouvernement imposé par les Etats-Unis d’Amérique est incapable d’enrayer la dégradation sécuritaire et le marasme économique sur fond de corruption. Aucun projet sérieux et viable de réhabilitation de la capitale n’est à l’étude, sauf de demander à la population sans abris d’abandonner sur le champ le Centre-ville déclaré d’Utilité publique. Le seul point fort de ces laquais au service des puissances tutrices est de piller l’Etat pou rendre le peuple encore plus misérable que jamais. Toute dissolution faite dans la coordination et avec la volonté du peuple haïtien profiterait sans aucun doute aux masses défavorisées, certainement pas aux puissances impérialistes. Car le peuple sait ce qu’il ne veut plus et également ce qu’il veut maintenant et tout de suite : décider lui-même de son avenir dans un pays souverain.

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