Dans cette confuse et honteuse saison politique dans laquelle sombre le pays justement après l’expulsion éhontée de nos concitoyens du Texas, certains de nos compatriotes, semblent-ils, ont été une fois de plus troublés par des rumeurs circulant, laissant croire, il y a une crise au sein de notre organisation. Beaucoup ont été obligés de nous contacter pour savoir de quoi il en est réellement et de nous faire part de leur solidarité. Nous en sommes grandement reconnaissants envers eux puisqu’ils se sont montrés concernés et préoccupés.
La direction d’Haïti Liberté les rassure que le journal se porte à merveilles. L’entreprise de désinformation et de déstabilisation en cours n’a pas choisi ce moment précis par hasard. Il fallait nous donner d’autres préoccupations dans une conjoncture pareille. Le maitre d’œuvre de cette campagne, soit qu’il ait perdu toute lucidité, soit qu’il est devenu l’instrument conscient et mercenaire de la réaction.
Précisons certains éléments fondamentaux, on sait bien que les analyses percutantes et les prises de position anti-impérialistes du journal gênent et vont à contre courant des idées que véhiculent les indécis et ceux qui feignent de ne pas comprendre la réalité.
Nous leur disons, tout d’abord, que la ligne politique du journal ne sera jamais variée au gré des vents et des orages de quelques sortes. Nous ne serions jamais sur des positions allant aux bénéfices des intérêts des classes dominantes haïtiennes et de leurs patrons des puissances impérialistes. Il n’y a pas place dans nos rangs ni à l’optimisme béat, ni au pessimisme destructeur ; mais il y en aura pour un optimisme lucide, actif pour s’engager dans le combat contre l’oppression et l’exploitation d’un peuple privé de liberté, de paix et de justice.
nous ne véhiculons pas simplement des idées, mais nous aidons à créer des structures politiques capables de matérialiser nos idées.
Du mieux que nous pourrons, nous continuerons sans désemparer notre mission, à savoir : accompagner les masses défavorisées, les ouvriers exploités, les paysans, les laissés pour compte vivant dans les ghettos à prendre conscience de leurs conditions sociales de sorte qu’ils puissent s’organiser, et arriver à défendre, un jour, convenablement, leurs droits élémentaires à une vie descente et un véritable futur.
Ensuite, nous ne véhiculons pas simplement des idées, mais nous aidons à créer des structures politiques capables de matérialiser nos idées. Si des jeunes dans des quartiers désignés de « non-droits » sont utilisés par la lumpen-bourgeoisie et des politiciens traditionnels au banditisme pour servir leur cause, notre rêve le plus entier serait d’en arriver à soustraire cette arme de leurs mains criminelles. Il s’agit d’arracher des griffes de l’ennemi ces jeunes de sorte qu’ils puissent devenir de nouveaux et vrais combattants.
C’est dans ce cadre que s’inscrivent les objectifs du journal. Notre grande différence, nous refusons d’utiliser les données des agences de droits humains au service de Washington pour des références crédibles. Haïti Liberté ne saurait blâmer davantage les victimes de cette société rétrograde, mais elle essaie surtout à les réhabiliter de façon à les rendre des hommes nouveaux avec des idées nouvelles et de nouvelles mentalités afin qu’ils se préparent à la confrontation inévitable de classe pour la transformation de cette société.
Nous ne sommes pas des fainéants qui ont peur de prendre des risques. Le personnage Manuel dans le roman « Gouverneur de la Rosée » de Jacques Roumain demeure un exemple palpable.
Il a pris du risque, il l’a payé de sa vie mais il a accompli une œuvre inestimable celle de non seulement trouver l’eau mais à réunir aussi les habitants divisés par la haine autour d’un projet collectif : la gestion de ce précieux liquide qui, par ainsi, a mis fin à la sécheresse qui les ruinait. Ce n’était pas une tache facile, mais il a osé. Donc, il faut toujours oser ! Oser inventer l’avenir !
Toutefois, nous voulons vous rappeler, nous ne serions en aucune circonstance nous laissés à être désorientés, manipulés ou prendre des positions qui ne reflètent pas les aspirations des masses populaires juste pour faire plaisir aux éternels affairistes politiques. Seuls les intérêts de ce peuple nous dicteront les mesures et les positions correctes avec davantage de courage, sans précipitation ; mais avec la seule et unique volonté de lui rendre ce qui est son droit, ce qui est son dû.
La lutte n’est pas une voie sans issue. Selon nous, la victoire du peuple haïtien reste certaine, cela ne veut pas dire qu’elle tombera du ciel. C’est à nous de l’organiser par tous les moyens qui sont à notre portée et à l’imagination créatrice du peuple. Personne ne peut nous dicter quelle recette est la meilleure ou mauvaise, s’il en existe une formule magique, qu’elle l’applique elle-même.
Walter Rodney déclarait dans son dernier discours avant son assassinat : « la révolution est faite par des gens ordinaires, non par des anges, elle est faite par des gens de tous horizons, et plus particulièrement par la classe ouvrière qui est majoritaire. Et c’est un signe des temps, le signe du pouvoir de transformation révolutionnaire, lorsqu’un membre d’une force de rue (c’est-à-dire d’un gang) est transformé en cadre de combat dans un mouvement politique ».
Maintenant, l’essentiel est de faire le pont avec le peuple ; non pas pour l’utiliser mais le rejoindre pour l’accompagner et agir avec lui, non sans lui. C’est d’élever la conscience des masses à sa plus haute expression, de sorte qu’elles sachent que la lutte sera longue mais rien ne pourra briser le peuple quand il a pris conscience de sa force.
Face à ce labyrinthe d’exploitation, de misère, de pauvreté et d’insécurité grandissante, Haïti Liberté, quoi qu’il advienne continuera à prendre ses responsabilités historiques pour contribuer au renversement de ce système. Nous ne reculerons pas devant ce devoir, ce combat quotidien pour la libération nationale de notre pays.