Chili : interview du candidat du parti communiste Daniel Jadue

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Daniel Jadue

Daniel Jadue : « Nous allons construire un pays où une épidémie sociale ne sera plus jamais nécessaire »

A quelques jours des élections primaires présidentielles au Chili, nous nous sommes entretenus avec le candidat du Parti communiste et actuel maire de la commune de Santiago de Recoleta, Daniel Jadue. Une candidature qui invite le peuple chilien à être à nouveau protagoniste de sa propre histoire.

Les élections primaires présidentielles se tiendront dimanche et il y a deux listes qui définiront, par la gauche et par la droite, la survie du système de partis au Chili. Du côté de “J’approuve la dignité”, il y a deux candidats à la présidentielle, Daniel Jadue (maire de Recoleta – Parti communiste) et Gabriel Boric (député – Front large – Convergence sociale) ; tandis que pour « Chile Vamos » rivalisaient avec Joaquín Lavín (ancien maire de Las Condes- UDI), Ignacio Briones (ancien ministre des Finances-Evópoli), Mario Desbordes (ancien ministre de la Défense- RN) et Sebastián Sichel (ancien président de Banco Estado – INDIANA).

Toutes les personnes inscrites ont le droit de voter même si elles ne font pas partie des partis politiques concurrents, même ceux qui résident dans des territoires étrangers. Le Chili continue de (ré)écrire son histoire. Les primaires définiront qui se rendra en novembre. Des élections qui nous invitent à continuer de renforcer le pouls de la destitution-constituant qui a éclaté dans les rues et dans les villes en octobre 2019. 

Depuis 2012, Jadue est maire de la commune de Recoleta, poste qu’il a renouvelé trois fois par vote populaire, la dernière en mai dernier où il a obtenu 64% des voix. L’une des réalisations les plus marquantes de son administration a été l’inauguration de la première « Pharmacie populaire du Chili », une initiative qui a permis l’accès aux médicaments à des prix équitables et qui a fini par être reproduite dans différentes communes. Dans le même esprit, l’Université ouverte de Recoleta et l’Inmobiliaria Popular ont été fondées ; mesures inscrites dans un « plan de gouvernement local, citoyen et participatif ».

A quelques jours des primaires, nous nous sommes entretenus avec Daniel Jadue, candidat à la présidence du Chili pour les élections de novembre prochain.

  1. Nous avons vu un soutien populaire dans différents territoires et plusieurs soutiens. Quel bilan pouvez-vous faire de cette campagne ?

Daniel Jadue : Je pense que cette campagne a été un grand succès. Le peuple a fini par assumer son rôle et c’est pourquoi je pense qu’il y aura une participation très intéressante et que les secteurs populaires vont se mobiliser davantage que lors des élections précédentes. Parce que le peuple chilien a de nouveau ressenti de l’espoir et de la joie, il sent la possibilité réelle de transformer ce pays et qu’il peut à nouveau être protagoniste de sa propre histoire.

  1. Dans le plan gouvernemental il parle de « déprivatisation des droits ». Comment faire basculer une politique aussi enracinée dans la privatisation ?

Daniel Jadue : La privatisation des droits ne signifie pas nécessairement l’élimination de la fourniture privée de certains services. Cela implique de renforcer le rôle de l’État dans la garantie du droit à la santé, à l’éducation, au logement, au travail, à la culture et au sport. Pour cela nous proposons une réforme fiscale qui nous permette de récupérer beaucoup plus de ressources pour l’Etat afin de garantir tous ces droits.

Pour nous, un pays juste et solidaire peut se former à partir d’une réforme fiscale qui prend entre 8 et 10 % du PIB actuel. Pouvoir faire la réforme de la santé et la réforme des retraites, qui sont les deux premières priorités. Ensuite, s’engager dans la construction de logements sociaux à louer à un prix juste et à livrer en tant que propriété. Ce seront les trois piliers fondamentaux de notre gouvernement. 

Q : L’éclosion sociale a mis la représentation des partis politiques en crise. Quels défis cela vous a-t-il laissé en tant que leader politique ?

Daniel Jadue : Les défis laissés par l’épidémie de 2019 sont précisément ceux-ci : Construire un pays où une épidémie sociale n’est plus jamais nécessaire. Pour qu’une partie du système politique puisse écouter et daigner écouter le peuple chilien.

Q : Sans juillet il n’y a pas de novembre

Daniel Jadue : « Ces services populaires, dans le prochain gouvernement, seront de nature nationale. » Avec cette phrase et cette promesse, Daniel Jadue a clôturé sa campagne en assistant au lancement de l’optique en ligne qui garantit l’accès au service avec une remise de 70%, à Ñuñoa. « Nous proposons une réforme de la santé qui élargit le système public », a déclaré le candidat à la présidentielle, “c’est un pas vers ce qui s’en vient, la santé sans profit, au service du peuple chilien”. Il l’a fait accompagné du maire de Santiago, Irací Hassler, chargé de présenter les propositions féministes de la candidate du Parti communiste sur la bande électorale.

Dans ses spots se trouvent le peuple et dans ses propositions, l’espoir d’enterrer 30 ans de néolibéralisme par le dialogue. El Buen Vivir sera plurinationale, communautaire et féministe et cela se reflète dans son programme gouvernemental qui met au centre la relance des politiques de santé, l’éducation sans dette, les soins et la retraite digne. Le Chili que Jadue propose est rouge et vert parce qu’il marche avec les épaules gonflées des héritages socialistes, mais il le fait renouvelé par les nouvelles directions, les populaires, celles qui défendent les terres et les eaux et les féministes.

Quelques jours après l’établissement de la Convention qui rédigera la nouvelle Constitution du Chili diversifié et le fait qu’elle soit présidée par une femme mapuche, les élections primaires présidentielles approchent. De l’autre côté de la grande chaîne de montagnes, il n’y a pas de répit. Espérons que le peuple chilien se permettra de rêver que les espoirs des peuples organisés tiennent dans les urnes. 

 

Résumé latino-américain 17 juillet 2021

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