L’oligarchie haïtienne camouflait leurs échecs économiques derrière l’épouvantail de leur actuel président de doublure : Jovenel Moise. Comme le pouvoir se trouve déjà en grande difficulté face à un mécontentement populaire généralisé, l’oligarchie n’a ni le mérite ni le courage de faire clairement apparaitre les véritables dimensions de la crise structurelle du pays. Elle préfère s’évertuer à noyer la crise dans une certaine équivoque et ambigüité pour que les vraies contradictions ne se dessillent pas.
Il nous faut signaler que cette classe d’hommes et de femmes a été construite sur un grand nombre d’injustices et d’absurdités, parfois aberrantes au détriment d’une autre classe, celle des travailleurs opprimés. Elle voulait également dans cette crise sortir renforcée dans son prestige et dans son pouvoir même après la chute inévitable de leur poulain qu’elle avait imposé en complicité avec les puissances corruptrices.
En réalité la bourgeoisie est devenue un peu méfiante et a une peur bleue que le vent populaire ne les emporte avec la bande à Jovenel. Pour cela, il faut coûte que coûte qu’elle se maquille pour cacher son vrai visage. Tel est le rôle que joue ce représentant patenté de cette classe, Reginald Boulos qui a fait sa fortune dans différentes activités (hôtellerie, vente aux détails, importation d’automobiles) pour essayer de redorer son blason et sauver ce qu’il peut encore pour éviter qu’il soit encore victime de l’ouragan populaire comme il l’a été au mois de juillet de l’année dernière.
En fait, c’est une aventure criminelle que cette classe est en train de construire. Selon ces réactionnaires, tous les moyens sont bons, pourvu que ces adversaires du peuple continuent à porter de graves préjudices à l’économie nationale ; mais ils oublient que tous les moyens ne sont pas toutes les fois efficaces.
Ce n’est pas sans raison qu’au Forum de Papaye, Edouard Beaussan, le plus grand opérateur de services portuaires d’Haïti, y était et avait même pris la parole. Il ne se présentait pas lui-même comme l’a fait son collègue Boulos l’auto proclamé « Fidel Castro » haïtien. Cependant par le fait que ces crocodiles arrivent à se masquer et se faufiler dans certaines activités de lutte proches des masses populaires qu’ils exploitent, méprisent, humilient, est une menace gravement grave. Tout cela n’est autre que pour brouiller les cartes de sorte qu’ils soient partie prenante du malheur et aussi bien du bonheur du pays.
C’est dans cette optique que nous devons comprendre cette divergence interne qui se caractérise dans le camp de la bourgeoisie patripoche, quand une poignée se range toujours aux cotés de Jovenel et l’autre petite minorité veut se convertir en bienfaiteur, et même en évangéliste progressiste en prêchant un évangile de changement ou de troisième voie pour mieux étouffer la résistance des masses populaires.
Le coordonnateur du Forum économique du secteur privé, Frantz Bernard Craan, vient de démissionner puisqu’il ne veut pas semble-t-il comme le font les autres se métamorphoser pour tirer à boulets rouges sur Jovenel, il veut rester critique mais solidaire toujours dans la barque avec lui. L’une hypocrite favorable à un rapprochement populaire pour défendre sa proie, l’autre décidé à marcher à tout prix au jusqu’auboutisme du président Moise.
Ce branle-bas au sein de la bourgeoisie ne signifie guère qu’ils soient deux cliques rivales ayant des divergences fondamentales allant jusqu’à une rupture ou changement de classe, mais bien une petite légèreté interne au sein des compradores. Tout simplement, ce jeu de bascule qui se joue, est un pas en avant pour certains qui sont en train de gagner une certaine influence parmi les masses qu’ils exploitaient, pour mieux se relancer dans la bataille de sauvegarder et défendre les intérêts impérialistes.
Ces deux manœuvres diverses des classes dominantes, c’est pour faire la politique du pire. Or, la politique du pire ne peut donner que le pire.
Seul le peuple organisé dans une lutte sociale de classe à l’échelon national peut sauver le peuple haïtien face à ces détracteurs de la bourgeoisie patripoche.