L’année 2024 se termine dans le chaos comme elle avait commencé sous le gouvernement du Premier ministre déchu Ariel Henri qui a été empêché de rentrer au pays en février dernier. Cette année écoulée a été marquée par la décomposition totale de la classe politique haïtienne, avec l’arrivée au timon des affaires, d’un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) corrompu et d’un gouvernement vendus aux oligarques en place et soumis tout entier à l’impérialisme américain. 2024 avait été projetée comme l’année qui devrait marquer le début de quelque chose de différent, d’une prise de conscience nationale, bref d’une nouvelle ère pour les Haïtiens. Mais elle s’est avérée pire dans la mesure où ce ne sont pas les jours, les semaines, les mois et les années qui agissent et font l’histoire, mais des femmes et des hommes.
Les années n’ont rien à voir avec le déclin actuel d’Haïti. Elles ne peuvent rien influencer, ce sont les acteurs politico-économiques et sociaux, en l’occurrence ces hommes et ces femmes qui ont rendu les années insignifiantes avec des conséquences non seulement politiques, mais aussi sociales et économiques désastreuses basées sur le déni pour le pays. Cette réalité résulte de la politique des gouvernements successifs, ennemis du peuple qui, dans leur aveuglement, ont livré la population à l’une des pires situations sécuritaires qu’elle n’ait jamais connue. Depuis plusieurs décennies, ces élites réactionnaires n’ont eu qu’un seul programme, celui d’étrangler les masses populaires par des ajustements structurels en accélérant la chute du pays à une vitesse phénoménale.
Le pays ne fait face ni à la sécheresse ni à la famine à part être frappé périodiquement dans certaines provinces par des pluies torrentielles provoquant des inondations meurtrières et suscitant beaucoup d’inquiétudes. Mais notre plus grand malheur reste la catastrophe politique d’un système capitaliste barbare, criminel qui nous ruine et nous conduit à une augmentation fréquente des déplacements de personnes vivant déjà dans la pauvreté, une misère abjecte dans des bidonvilles et des ghettos abandonnés par les autorités politiques. Ce système érigé en maître du monde veut par les moyens les plus sordides nous asphyxier, nous éliminer en tant que peuple rebelle, insoumis ayant déjà fait ses preuves en se débarrassant du joug des esclavagistes.
De l’avis de Brian A. Nichols, Secrétaire adjoint aux Affaires de l’hémisphère occidental du Département d’Etat américain, dans le journal Miami Herald du 27 décembre 2024 « Bien qu’Haïti ait encore un long chemin à parcourir pour rétablir la sécurité et la gouvernance démocratique, les efforts de l’Administration Biden ont empêché le pays de s’effondrer. » Le journal Haïti Liberté ne peut que le démentir et protester énergiquement contre ces propos. Cette rhétorique n’est, en réalité, qu’une couverture pour l’impérialisme américain qui poursuit une politique encore plus agressive contre le peuple haïtien, victime de plus d’un siècle de crimes commis, entre autres de coups d’état sanglants, conséquence naturelle de la domination impérialiste dans le pays.
C’est le contraire de ce que Nichols a déclaré qui est la vérité. Puisque la situation est beaucoup plus grave aujourd’hui qu’elle ne l’était avant cette mise en scène sécuritaire organisée à dessein. Sans parler de cette mission fictive des forces kenyanes qui va certainement exacerber davantage les problèmes sécuritaires, économiques et humanitaires dans tout le pays. Pour préserver l’ordre impérial en Haïti, 600 millions de dollars par an sont nécessaires au fonctionnement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS). Mais absolument rien pour créer des emplois qui puissent sortir les travailleurs du chômage chronique et assurer leur sécurité sociale. Et c’est dans cette optique que nous devrons comprendre la plaidoirie de l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, James Foley qui propose une nouvelle intervention impérialiste avec Donald Trump de façon à remettre au pouvoir, un autre régime fantoche au service de l’impérialisme américain.
En cette période de fin d’année et du nouvel An, et dans cette situation de crise sociopolitique, aucun changement ne peut être obtenu sous la domination ou l’occupation d’une quelconque force étrangère en Haïti. Toute résolution de la crise doit passer par la volonté d’agir, d’organiser et de lutter du peuple haïtien qui lui-même sait quel chemin prendre pour atteindre l’objectif visé contre cette instabilité endémique, résultant d’une mauvaise gouvernance persistante.
Cette fin d’année 2024 et ce début du nouvel An catastrophiques coïncident avec la lutte historique du peuple haïtien pour se libérer du joug de l’esclavage et de la colonisation. Le peuple saura quoi faire pour se libérer de ces nouveaux maitres qui pensent et décident de tout à sa place par l’intermédiaire de leurs subalternes placés à la tête du pouvoir à Port-au-Prince.
Le peuple haïtien malgré sa tourmente et ses difficultés est plus mûr, plus résilient, tôt ou tard, il se dressera courageusement contre cette nouvelle colonisation pour restaurer la dignité haïtienne et reprendre le contrôle de son destin, comme il l’avait concrètement fait par sa Révolution anti-esclavagiste et anticolonialiste de 1804, dont nous commémorons le 221e anniversaire ce premier janvier 2025.
Au terme de cette année dramatique, chaotique, nos vœux de solidarité vont particulièrement aux plusieurs centaines de familles déplacées, endeuillées, victimes de l’insécurité, opprimées, et surtout victimes de la politique irresponsable de ce gouvernement de transition qui n’aspire guère au moindre changement ni à la stabilité politique et économique. Cet appareil d’État de transition ne contrôle que le processus de continuation et de pérennisation de cette élite politique et économique afin qu’elle consolide le pouvoir au profit des puissances exploiteuses.
En ces jours de fin d’année et du nouvel An, nous remercions nos collaborateurs, nos sponsors, nos lecteurs et tous ceux qui, sincèrement et volontairement, continuent de s’engager dans cette lutte de libération nationale.
Vive la lutte du peuple haïtien ! Vive une nouvelle année 2025 de combat continu pour la dignité et la victoire de tous les peuples en lutte contre les puissances impérialistes! Vive Haïti, que l’île révolutionnaire renaisse de ses cendres !
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