Premier Mai à Port-au-Prince !

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Des milliers de travailleurs ont marché le dimanche 1er mai pour dénoncer le salaire de misère de 685 gourdes, exiger les 1500 et de bonnes conditions de travail

Le premier mai est non seulement la journée des travailleurs, mais également de l’agriculture en Haïti. Au cours de cette journée une grande mobilisation a été organisée pour dénoncer le salaire de misère de 685 gourdes des travailleurs opérant dans les entreprises de sous-traitance.

En fait, c’est la première grande mobilisation des travailleurs, après les immenses manifestations dans les rues de Port-au-Prince, au mois de février 2022 dernier, pour exiger du gouvernement haïtien un ajustement du salaire minimum de mille cinq cents gourdes (1500) et de bonnes conditions de travail et d’accompagnement social.

Manifestation des travailleurs le 1er Mai 2022

Les travailleurs ont profité de cette occasion de la Journée internationale de l’agriculture et du travail pour sortir à nouveau en foule imposante afin de  dénoncer la complicité du gouvernement haïtien et de l’Association des industries haïtiennes (ADIH) sur la dernière mobilisation d’ouvriers, particulièrement les multiples actes d’agression et de meurtre qui ont eu lieu ces temps derniers contre les travailleurs.

A cet effet, le journal Haïti Liberté était dans la rue, accompagnant les travailleurs et apportant une solidarité agissante aux multiples revendications des masses ouvrières. Le journal en a profité  pour s’entretenir au cours de la seconde journée avec certains syndicalistes tels que Dominique Saint Eloi, Secrétaire Général du Centre National de la Travailleurs (CNOHA) et Junior Dérose coordinateur général de l’Association des Agents Professionnels de Sécurité (AAP).

Haïti Liberté : Nous vous saluons Dominique Saint Eloi. Après diverses mobilisations avec les masses ouvrières en vue de réclamer un salaire minimum de 1500 gourdes et un bon accompagnement social, cela n’a jamais fonctionné, malheureusement ; qu’est-ce qui, selon vous, explique ce refus de l’État haïtien et du patronat de donner un salaire décent aux ouvriers?

Dominique Saint-Eloi : Nous saluons le journal Haïti Liberté dans son travail d’information de la population notamment les classes défavorisées à travers des articles circulant dans le journal.

Non aux salaires de misère, de tuberculose disent les travailleurs ! Arrêtez de violer les femmes dans les usines.

Effectivement comme tout le monde s’y attendait, hier dimanche 1er mai 2022 c’était la journée internationale de l’agriculture et du travail. Avec leurs syndicats, les masses ouvrières sont descendues dans les rues non seulement pour commémorer la Journée mondiale des travailleurs mais pour faire passer les revendications de la classe ouvrière dans son intégralité. Parce que le premier mai rappelle la grande bataille qui a eu lieu en 1886 en Bolivie, et dans la ville de Chicago où les impérialistes ont mené de nombreuses répressions et assassinats massifs contre des travailleurs ; pour la simple raison que les masses ouvrières réclamaient de bonnes conditions de travail et un soutien social.

Nous, le peuple d’ici, nous nous battons pour continuer à exiger le respect du droit de se syndiquer sans heurts dans les usines et dans les administrations publiques et privées car c’est un acquis démocratique et constitutionnel. Il faut arrêter de harceler les syndicalistes, arrêter toutes les formes d’exploitation des personnes vivant dans les quartiers populaires ainsi que les  paysans. On doit arrêter de violer les droits des travailleurs. Car ceux-ci sont toujours les principales victimes de l’insécurité, de la décision de faire monter le prix du carburant, quand l’État s’associe à des gangs pour voler la terre des petits paysans. Il n’y a pas assez d’écoles pour les enfants des ouvriers, il n’y a pas assez d’hôpitaux pour les malades, il n’y a pas de programme communautaire pour les masses d’ouvriers et de paysans. Les ouvriers sont la proie maintenant du banditisme partout dans le pays.

Le syndicaliste Dominique Saint-Eloi

Le 1er mai 2022, les travailleurs ont renouvelé leur engagement à continuer de porter leurs revendications devant les soi-disant dirigeants de l’État haïtien. Et ils ont profité pour exprimer leur mécontentement face à l’ajustement d’un salaire de tuberculose que le Premier ministre Ariel Henry avait craché récemment, et insolemment, dans l’assiette des ouvriers réclamant 1500 gourdes.

Le 1er mai 2022, les travailleurs et divers syndicats tels que CNOHA, CTSP, SOTA/BO, CTH, AAP, GOSTRA et tous nos alliés se sont rassemblés devant le Parc Industriel de la Sonapi, arborant le rouge, la couleur des travailleurs. Des milliers de travailleurs de différentes catégories et leurs sympathisants ont défilé dans les rues en direction de la route de l’aéroport. Notre première station a été l’Office nationale d’assurance (ONA) pour dénoncer les conduites malhonnêtes dans cette institution. Là où de nombreux employeurs misent lourdement sur les revenus de petits groupes de travailleurs, où sur 24 jours ouvrables les employeurs prélèvent plus de 64 millions de gourdes par mois en plus des heures supplémentaires et malheureusement ces fonds ne sont jamais réellement déposés au bureau de l’ONA. Qui pis est, l’État ne dit jamais quoi que ce soit au sujet du vol des patrons commis à l’égard des ouvriers.

En fait, l’ONA au lieu d’accompagner les travailleurs et ouvriers, les agents de l’administration publique de cette boite, les dirigeants des bureaux de l’ONA préfèrent verser de grosses sommes d’argent aux dirigeants politiques et aux grandes entreprises du pays tels que : Cheriff Abdalah, Renold Deep, Reginald Boulos, Youri Latortue, Apaid, Baker, Jerry Tardieu pour ne citer que ceux-là. Les ouvriers qui sont les véritables contribuables ne peuvent recevoir aucun emprunt de l’ONA alors que c’est leur argent, ils ne peuvent même pas le réclamer.

Après que les ouvriers aient eu fini de manifester devant l’ONA, ils ont poursuivi la marche sur la route de Delmas en passant par Delmas 48 pour se rendre à la destination finale devant la résidence du Premier ministre Ariel Henry. Ils ont dénoncé la complicité du gouvernement PHTK troisième version, SDP et la FUSION avec les patrons des usines contre les ouvriers au détriment des revendications des masses laborieuses malgré la situation désastreuse qu’elles traversent.

Les syndicats et les travailleurs appellent à une réaction en force contre le gouvernement qui avait promis en février dernier aux travailleurs de leur fournir des cartes de nourriture, de transport et d’assurance maladie.

Les syndicats exigent que l’État respecte les droits des travailleurs. Pour obtenir de bonnes conditions de travail et un soutien social. Et faire savoir aux ouvriers qu’on ne les obtiendra qu’en s’unissant contre l’Etat bourgeois. Contre l’État usurpateur et relais de l’impérialisme capitaliste. Cela doit se passer sous la poussée des masses ouvrières, jusqu’à ce qu’elles obtiennent tout ce qui est exigé comme exigence fondamentale dans la vie de tous les travailleurs.

Haïti Liberté : Junior Dérose, vous êtes le Coordonnateur Général de l’Association des Agents de Sécurité Professionnels (AASP) Nous avons appris tout ce que vivent les agents de sécurité dans le cadre de leur travail. Pouvez-vous nous dire, les principales revendications des syndicats des agents de sécurité ?

Junior Dérose : L’Etat haïtien n’a aucun contrôle sur ce secteur dans le pays, presque chaque autorité, que ce soit dans l’Etat ou dans la grande bourgeoisie marchande, dispose d’une société d’agents de sécurité.

Haïti Liberté : Pour faire quoi?

Junior Dérose : Dans les perspectives d’apporter  sans doute des armes et des munitions dans le pays quand ils veulent, comme ils le veulent. Aujourd’hui, ces sociétés sont entièrement complices des graves problèmes d’insécurité que nous vivons dans le pays, et cela pour plusieurs raisons.

Aujourd’hui, en raison de l’absence de l’État, les responsables des compagnies de sécurité exploitent les agents de sécurité. Ainsi, ces derniers connaissent de très mauvais moments, tandis que les premiers ne veulent pas leur verser la moindre aide sociale qui vaille. Les plus grandes sociétés de sécurité en Haïti telles que : Pap Security de Mario Viau, Security Plus de l’actuel Chef de la Police Frantz Elbe, Société de Sécurité Nationale de Youri Latortue etc. paient leurs employés, agents de sécurité 10,000 gourdes par mois alors qu’elles sont payées la somme de 2,500 US dollars pour le service par mois. Comment ces entreprises de sécurité vont-elles accepter qu’il y ait un minimum de sécurité dans le pays quand ce sont eux qui trafiquent la rentrée des armes et des munitions soi-disant pour leurs compagnies de sécurité ? Aussi longtemps que l’insécurité fera la pluie et le beau temps dans le pays, ces entreprises continueront à obtenir de juteux contrats   pour soutirer de l’argent tout en exploitant leurs travailleurs. En fait, l’insécurité est devenue une source de financement pour nombre de potentats du pays.

Le salaire des ouvriers de la sécurité est 615 gourdes pour une journée de 8h de travail. La raison pour laquelle nous sommes dans les rues pour manifester, n’est autre que pour continuer à exiger les 1500 gourdes et toutes autres aides sociales pouvant améliorer les conditions précaires de nos vies.

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