Tragique bilan d’un État en dérive !

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Haïti vit toujours, juste après l’installation du  nouveau président Jovenel Moise, à l’heure d’une grande barbarie économique et politique, d’ordre historique. Déjà les nouveaux dirigeants commencent à déchanter, les patrons tout-puissants qui s’adonnaient à d’âpres rivalités n’arrivant pourtant  pas encore à se mettre d’accord sur les choix de répartition des postes.

Le pays est sans moyens, avec une croissance économique négative, sans oublier les conditions de vie de la population qui ne font que se dégrader davantage.  Aujourd’hui encore, le spectre de la famine menace les habitants les plus défavorisés du pays, particulièrement ceux de la Grande Anse,    victimes du dernier cyclone dont les destructions ont été les plus dévastatrices que le pays ait connues, avec son cortège de  deuil. Et le cauchemar est loin d’être terminé.  Mais malgré ce tragique constat qui   traumatise tout le Grand Sud,  l’opium du carnaval sera servi à la population.

Le dénuement des grandes masses du pays n’a rien de comparable avec l’enrichissement insolent des hommes au pouvoir. Les carences sont flagrantes dans tous les domaines, notamment dans les hôpitaux, les centres de santé, poussant les travailleurs de santé à la grève pour exiger une amélioration des conditions de leur vie.

Il semble d’ailleurs, selon un schéma désormais classique depuis l’occupation du pays par les forces de la Minustah, que les gouvernements en place n’ont fait des élections qu’un moyen de promotion de l’argent, du carnaval un programme d’apaisement des esprits. Ces régimes issus de 2004 non contents de piller les ressources de la nation, l’ont amarrée aux basques de l’impérialisme, l’éloignant ainsi de toute base d’indépendance nationale.

Tout récemment, le ministre de l’Economie et des Finances démissionnaire, Yves Romain Bastien, dans une interview à la Radio Métropole, rapportée par le plus ancien quotidien du pays, Le Nouvelliste, le 6 février 2017, signalait que la manne des Fonds de Petro Caribe n’existe plus ; puisqu’elle ne ramène plus, depuis plus d’un an, le même pactole.  Il estime qu’Haïti est en train de récolter ce qu’elle a semé. Quelle originale trouvaille !« Nous, nous en payons le prix maintenant puisque pour les services de la dette nous devons dégager chaque mois 8 millions de dollars américains». A qui la faute M. Bastien ? N’y seriez-vous pour rien ?

A qui le comprend, c’est le climat politique qui règne dans le pays, depuis le complot tramé par les puissances tutrices pour nous occuper  sous couverture des forces des  Nations-Unies qui nous tiennent empêtrés dans cette atmosphère à la fois inquiétante et dangereuse ; vu que les complicités dont elles disposent sont proprement ahurissantes. L’ironie des choses est que le nouveau pouvoir ne voit  rien d’autre dans cette occupation qu’un dispositif mis en place pour mieux assurer sa propre survie ; alors que persiste l’insulte à la souveraineté du pays de sorte que le changement ressemble plus au prolongement du statu quo qu’à autre chose.

C’est un échec grave de conséquences pour l’avenir du pays et non pas des moindres comme le prétendent certains dirigeants de partis politiques qui se préparent à une quelconque opposition sans doute de camouflage. Une façon classique de fermer les yeux et de dire qu’ils vont laisser faire, donner  à Jovenel et à sa clique la chance et le temps –  à l’instar de Michel Martelly – de finir son mandat et attendre les prochaines courses électorales. Ils ne se font aucun souci de savoir que chaque jour qui passe hypothèque un peu plus les chances de survie du pays. Mais ne devraient-ils pas éviter d’abord cette lourde chute au pays ? Aussi, après la faillite totale du PHTK, et compte tenu du pourrissement du pouvoir, n’aurons-nous pas grand mal à remonter la pente et refaire l’image de marque du pays ? Ne sera-t-il peut-être pas trop tard ?

Ce bilan, on ne peut même pas le qualifier de négatif, tant il est catastrophique et tragique. Tout se passe comme si nous faisions tous objectivement le jeu des forces réactionnaires et impérialistes et que nous refusions d’arracher, avant qu’il ne soit trop tard,  des mains de ces vendeurs de patrie, le pouvoir qu’ils ont électoralement volé.

Le pays est un immense champ de sourds mécontentements. Le peuple, après diverses privations et mille frustrations,  a vu s’évanouir à ses dépens quasiment toutes les chances de bien s’en sortir. Mais il s’en sortira un jour, à coup sûr, endurci par cette rude épreuve l’habilitant à construire et à organiser l’ultime bataille pour la libération totale de notre pays.

 

 

 

 

 

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