Pleins Feux Sur : Eddy François

«Un tempo jadis infaillible» | (Cap-Haïtien - ?)

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Eddy François

Né au Cap, Eddy a eu surtout l’opportunité de grandir dans le  Bas-Peu-de-Chose à Port-au-Prince. Spécialement dans l’enclave des Mornes Nelliot et Piton ; carrefour de successives vogues culturelles et réservoir de divers talents, de façon cyclique ; qu’il a trouvé un environnement propice à son épanouissement d’artiste. Tout en s’attelant à explorer diverses facettes musicales au contact des autres. Pour éventuellement faire montre de ses dons de guitariste, de bassiste, percussionniste et de vocaliste non orthodoxe. Dans un petit groupe de la paroisse de St Gérard au Carrefour Feuilles du nom de « Les Compagnons de St. Gérard », qui a constitué un terrain d’essai pour nombre de prétendants musiciens de la zone et des alentours. Avec dans son voisinage d’autres aspirants qui tiennent aussi à peser tout leur poids dans la balance.

Comme Patrick Appolon (futur Shoogar, Scorpio, Zin), Guy Paul (futur Orchestre Sélect, Konpa Mamba etc.) ; et entre autres les : Jean Raymond Giglio, Ayizan et Azou Sanon qui vont  être instrumentaires dans l’apogée du mouvement rasin. En compagnie des : Chico Boyer, Tido Lavaud, Harry Thisfield, Aboudja et, entamé par Denis Emile ; qui vont entrainer Eddy qui entre un ‘’ stint’’ avec le « Super Stars » de Dòf Chancy comme bassiste ; dans cette voie de la musique alternative. Une initiative qui lui est facilité par sa liaison avec ces sambas précités ; dans la prospection des paramètres : du jazz, du bossa-nova, du blues, du rock, du reggaie etc ; incorporés dans les thématiques des rythmes indigènes qui se faisaient une renaissance au cœur des premières contestations culturelles contre un état expiré.

C’est dans cette ferveur qu’Eddy s’est concocté un style de samba au pitch dominant qui va attirer l’attention des élaborateurs de cette mouvance entamée par les groupes pionniers : « Sa », « Sanba Yo », «Foula ». Pour s’imposer comme la voix emblématique de la musique rasin au sein du groupe « Boukman Eksperyans ». Fort d’un pitch absolu qui renferme toute l’exaltation atavique, aussi compatible aux vibrations du moment. C’est ce qui a  surgi à travers : ‘’Vodou adjae’’. L’œuvre acclamée qui allait sortir ce courant alternatif des sentiers battus. Auréolée du tempo vertigineux d’une barde infuse d’une résonance ancestrale apte à vous atteindre aux tripes. Dans des titres qui vont constituer des hymnes aux attraits rédempteurs à une génération spontanée.

Tel a été l’effet des morceaux : se kreyòl nou ye, nou la, plante, wet chenn, pwazon rat et l’indécrottable kè m pa sote ! Qu’Eddy a délivré avec une chaleur et une aisance à la fois communicative et singulière. Une étoile est née. C’est donc sur des chapeaux de roue que le « Boukman Eksperyans » a pris d’emblée les scènes du monde, avec Eddy à l’avant-poste pour asperger de son gosier enflammé la musique des origines incorporée dans de nouvelles perspectives. Avec tous les traits et les émotions requis qui l’auraient classé en phénomène vocal de son époque. Pourtant, les vertiges du stardom ne sont pas faciles à éviter. Et ses incartades vont constituer un pis-aller pour la bonne marche du groupe. Bien que sa défection du groupe ne résume pas seulement à son indiscipline.

Puisque les fautes sont dument partagées en ce qui concerne cet épisode. Etant donné qu’il a dû faire face à un vautour nommé ‘’Lòlò’’ qui refusait d’énumérer sa troupe. Donc, c’était inévitable pour Eddy de muter ailleurs ; tout en ayant le loisir d’emmener avec lui les meilleurs musiciens du groupe dont le guitariste Jimmy J. Félix. Tous, heureux de se dégager de l’emprise mercantile d’un ‘’Lòlò/Barnabé’’ Beaubrun. C’est ainsi que Eddy va rebondir avec vengeance à la tête de son « Boukan Ginen » dans l’album :’’ Jou a rive’’, contenant les morceaux : nati kongo, nèg anwo, ede m chante, pale pale w, tande, sa rèd, travay, an n ale wè, Boukan tou limen qui le retrouvent en pleine possession de ses moyens ; dans un début tonitruant. Etalant encore son phrasé funambulesque, son tempo infaillible et sophistiqué ; l’ayant classé dans une catégorie tout à lui-même.

Un épisode qui l’a vu s’installer en galvanisateur du mouvement rasin ; lorsque son groupe a pris le devant de la scène au détriment du « Boukman eksperyans ». Mais individu caractériel, inapte à se fondre dans le collectif. Et, subséquemment à l’œuvre consécutive :’’Rèv an nou’’ comprenant : Africa, zanfan nago, se yo ki lakoz, kouman n ap fè ? nèg yo danjere, ma doute, rèv an nou etc. Il s’est fait déserter par la majorité de l’ensemble pour ne vouloir faire qu’à sa tête. Laissant Eddy errer dans les rancarts de l’immobilisme. Pour se retrouver à la fin du dernier millénaire à Miami ; où il a essayé de rebondir dans de petits besognes occasionnels. Ultérieurement, c’est la sortie de son opus solo :’’ Zinga’’, dont l’approche hétéroclite semble être incompatible à son registre qui a d’ailleurs paru essoufflé. Suivi par l’album : ‘’Djohu’’ qui ne l’a pas aussi sorti du creux de la vague. Dans une impasse qu’on croyait temporaire ; connaissant les ressources de cette barde impénitente. Susceptibles pour le renouer à son meilleur niveau. Mais, le temps a passé. Les vogues et les modes se sont succédées. Dans cette dynamique dont seuls les durs à crever  et les dispensateurs aux empreintes qualitatives subsistent.

Spécialement dans un contexte qui a vu la musique rasin prendre du plomb dans l’aile. Et ses sambas éparpillées dans les grandes métropoles du monde ; attendant la nouvelle rébellion populaire pour se fixer. Pendant ce temps, Eddy entre deux ou trois collaborations fortuites avec Misty Jean dans ‘’Sa rèd’’ et des initiatives passagères dans des singles : ‘’Peyi a kole’’. ‘’Mimi myaw’’, ‘’Kouyay tribute’’ et d’autres pour essayer de tenir sa tête en dehors de l’eau. Bien que le meilleur semble être derrière lui.

 

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