Les banques commerciales, l’administration publique, les écoles, les commerces formels et informels dans les grandes villes du pays, tels que: Port-au-Prince, Pétion-Ville, Cap-Haïtien, Hinche, Gonaïves, Plaisance, Limbé, Les Cayes, à Saint-Marc, Ennery, Jacmel, Grand-Goâve et Petit Goâve, Mirebalais, et Jérémie ont maintenu leurs portes fermées de façon à respecter les deux premières des trois journées de grève contre la rareté et la hausse des prix du carburant et également contre l’insécurité grandissante qui n’a fait qu’attiser la colère et la criante de plus d’uns.
Suite à cette grève des syndicats de transports en commun, qu’ils ont baptisée d’opération «Pays fermé» entamée le lundi 25 octobre, les hôpitaux et les centres de services médicaux sont amplement touchés. En particulier les hôpitaux St Luc et St Damien ont été obligés d’annoncer que, en raison du manque d’oxygène et d’électricité et si les approvisionnements en carburant ne sont pas reçus d’ici mardi, 26 octobre, cela pourrait entraîner non seulement un arrêt de certains de leurs services mais des pertes de vies humaines. Même constat pour l’hôpital Justinien au Cap-Haïtien.
A Port-au-Prince, où les rues sont presque désertes, les transports en commun ne fonctionnent pas, à part quelques rares motos-taxis. Des barricades de pneus usés en feu ont été dressées dans plusieurs endroits. Dans certaines villes, le gallon de la gazoline se vend entre 1500 et 2000 gourdes sur le marché informel.
Certains transporteurs ont tenté de se rendre au terminal de Varreux pour faire le plein. Ils déclarent qu’ils ont été contraints de rebrousser chemin suite à des barricades entreposées le long de la route.
Alors que les syndicats menacent d’étendre le mouvement dans les prochains jours si le gouvernement n’est pas en mesure de résoudre les problèmes d’insécurité – responsables de quelque 800 enlèvements jusqu’à présent cette année, en plus du problème du carburant face à la crise dans les hôpitaux – certains syndicalistes veulent eux-mêmes la fin de la grève sous prétexte de ne pas se solidariser avec la coalition G9 qui barricade l’accès menant au terminal de Varreux dans sa lutte contre le Premier ministre de facto Ariel Henry. « Nous ne pouvons pas être ceux qui mettent la pression sur l’État pour assumer ses responsabilités pour la distribution des produits pétroliers et en même temps poser des obstacles au déblocage des choses. Certains profitent du mot d’ordre de grève pour régler leurs affaires. Il faudrait à mon avis lever cette grève pour laisser le gouvernement et la police face à leurs responsabilités en vue de faciliter la situation qui met le pays à l’arrêt », a fait savoir Duclos Bénisoit, le mardi 26 octobre, à l’émission Le Point de Radio-Télé Métropole.
L’objectif primordial de la grève menée par le Front uni des transporteurs et des travailleurs en collaboration avec l’Association des propriétaires et chauffeurs, entre autres syndicats, serait d’exiger que le Premier ministre Ariel Henry assume la responsabilité de la situation actuelle. Le gouvernement reste encore sourd et muet, aucune déclaration n’est faite pour assurer à la population qu’il y aurait une certaine amélioration. Comme l’a rapporté le syndicaliste Jacques Anderson Desroches de la FOSAH, le gouvernement en place est incapable de résoudre les problèmes liés au kidnapping et à l’absence de carburant dans les pompes.
Pour sa part, Fils Aimé Ignace Saint-Fleur, directeur du Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement (BMPAD), entreprise chargée de l’importation des produits pétroliers dans le pays, n’a pas manqué de signaler sur plusieurs medias qu’il n’y a pas de manque de carburant.