Le 25 octobre 2015, plus de cinquante citoyens et citoyennes haïtiens s’étaient présentés pour être candidats aux élections présidentielles. Ces élections auxquelles la classe politique tout entière collaborait avec intérêt et curiosité avaient été au départ qualifiées par nous de mascarade électorale du fait que nous savions que le régime n’avait mis en place qu’un appareil programmé pour sa continuité ; et c’est à cette fin que Jude Célestin et Jovenel Moise ont été choisis pour être au second tour afin d’atteindre leurs objectifs fixés.
Cette boulimie ne s’embarrasse d’aucune précaution ni de réserves ; ce qui fait que les invraisemblances les plus outrancières n’ont pas été acceptées pour argent comptant. Ainsi, en dépit de la guerre sans merci menée par les forces impériales à travers leur appétit féroce pour le second tour, la mobilisation populaire ajoutée au refus catégorique de Jude Célestin de cautionner comme figurant l’installation au pouvoir de Jovenel Moise l’avait complètement empêché.
Et le fait pour Michel Martelly de n’avoir pas pu installer son poulain Jovenel, cela a permis d’ouvrir la porte du hasard à Jocelerme Privert pour être Chef d’état. Et puisque, sous les pressions des différents partis de l’opposition, le président provisoire est en train de mettre sur pied la commission de vérification à l’encontre de la volonté de la Communauté Internationale et du parti haïtien Tèt kale, cela peut déboucher sur beaucoup d’obstacles à surmonter.
Quant à nous, du journal Haïti Liberté, nous restons persuadés qu’il n’y a eu aucune élection ni le 9 aout, ni le 25 octobre 2015. S’il n’y en avait pas eu d’élections, c’est quoi donc allons-nous vérifier ? Voilà pourquoi nous disons que la vérification ne fera que légitimer en un sens la mascarade électorale ; de sorte que ceux préconisant de maintenir intact le statuo quo social et politique peuvent encore nous faire connaitre des jours sombres et des lendemains incertains. Le mieux, selon nous, serait d’organiser des élections libres, honnêtes et indépendantes à notre guise et selon nos propres moyens sans les supports financiers et logistiques des grandes puissances ; mais comment pourrait-on arriver là quand le pays est sous occupation ?
Le principe bien connu des coquins et des mesquins initiés à la science infuse de l’action politique est de ramener la crise à de simples querelles d’individus. Ainsi, force nous est de demander : qui sera le prochain président du pays, quand Jude Célestin tout comme Jovenel Moise ne représentent pas grand-chose pour le moment, malgré tout le bruit qu’on fait à leur propos ; sauf qu’ils pourraient représenter de très graves dangers à l’avenir, si les circonstances s’y prêtent et si nous jouons mal nos cartes ! Ce danger est illustré par la position de chacun de ces fantoches à l’égard des vautours impériaux.
L’autre option fondamentale est de supposer que la vérification nous donne un second tour entre Maryse Narcisse et Moise Jean-Charles. Auront-ils la capacité de se surpasser pour éviter qu’on se serve d’eux pour réprimer les masses populaires qui ne sont que d’un seul camp sous n’importe quel prétexte; vu que cette hargne soulèvera quand bien même non seulement le PHTK, mais les individus de LAPEH. Dans le même ordre d’idées, il ne devrait pas nous étonner de voir que chacun de ces secteurs en l’occurrence Pitit Desalin et Lavalas acceptent de collaborer tout en faisant des compromissions les plus offrants aux forces obscures pour se faire accepter l’un au détriment de l’autre.
Dans ces conditions, il est inutile de se faire des illusions. Si on n’élimine pas les candidats potentiels et populaires, Jude Célestin serait pris dans une impasse. Il n’aimerait pas avoir au second tour Maryse Narcisse ou Moise Jean-Charles., vu qu’il n’a pas la popularité de ces deux candidats ; d’autant plus qu’il est un allié authentique de René Préval. Il sera balayé à plates coutures par Pitit Desalin et Fanmi Lavalas à moins que Berlanger et consorts retournent aux mêmes procédés de Gaillot et d’Opont : fraudes et irrégularités massives. En réalité, Jude Célestin, même quand il reste attaché au processus de vérification aurait maintenant plus aimé avoir Jovenel comme concurrent au lieu de Maryse Narcisse ou de Moise Jean-Charles. Voilà pourquoi, tout en prétendant être pour la vérification, Célestin reste plus attaché aux stratégies impérialistes, en ne promettant rien au peuple, tout en restant muet à l’instar de son mentor, René Préval.
Alors, l’on trouve dans tout ce qui précède, autant de bonnes raisons pour que les forces populaires ne se laissent pas tromper par des cohortes de candidats en vue d’arriver à la libération nationale et sociale du pays. Mais, quand même si la dynamique du rassemblement populaire doit continuer à se développer, elle ne peut se faire qu’à certaines conditions.
Face à une telle situation, il est urgent d’unir nos forces. Non sans avoir clairement apporté les éléments d’une stratégie d’émancipation de notre peuple en évitant la phraséologie et le flou qui favorisent l’opportunisme. Actuellement, tout le monde disserte sur la crise électorale, alors que le vrai problème pour tout patriote progressiste est de voir que les organisations populaires reprennent leur vraie place dans la lutte par la mobilisation !
A ce stade, il est de toute urgence que les masses populaires sachent compter sur leurs propres forces plutôt que sur des candidats à la course pour le Palais National. Que les masses populaires ne replacent leur confiance que dans un mouvement national qui seul peut parvenir à nous faire dépasser nos déchirements internes que les forces impériales utilisent pour nous empêcher d’avancer.
Haiti Liberté Vol 9 # 41